Dans un entretien accordé vendredi au média «Brut», Emmanuel Macron a renouvelé son attachement à l’enseignement de la langue arabe à l’école publique. Une décision prise pour contrer le séparatisme mais pas que, à en croire le président de la République française, qui l’explique aussi par un souci de reconnaissance de cette langue.
«Ce que je veux faire, c'est pouvoir remettre l'enseignement de l'arabe: l'une des langues les plus parlées par ces jeunesses dans leur famille, pour éviter que ce soit détourné par d'autres mais aussi pour reconnaître cette part», a déclaré le chef de l'Etat, reconnaissant que la République «leur offre peu d'enseignements en arabe».
Autre reproche d’Emmanuel Macron vis-à-vis du système en place, le fait d’avoir «en quelque sorte refoulé les langues étrangères de celles et ceux issus d'autres pays ou qui appartenaient à des diasporas». «C'est vraiment un processus de refoulement», a poursuivi Macron.
«Quand vous connaissez l'arabe ou que votre famille parle l'arabe en France, c'est une chance pour la France. Cela a quelque chose à apporter pour notre pays, pour connaître la littérature, l'enseigner à d'autres, pour pouvoir voyager, commercer, rendre le pays plus fort». Et de conclure: «On apprend tous des langues étrangères».
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L’histoire de la France bientôt revisitée dans l’espace publicDans ce même entretien, Emmanuel Macron a également lancé un appel à contribution adressé à la population et aux universitaires pour constituer un répertoire de personnalités historiques noires ou arabes d’ici le mois de mars 2021 afin de s’en inspirer pour rebaptiser certaines rues ou dresser de nouvelles statues.
Un appel qui intervient quelques mois après le mouvement #blacklivesmatter qui a été accompagné du déboulonnement de statues représentant des personnages historiques au passé contestable. En France, plusieurs statues représentant un pan peu reluisant de l’histoire de France ont ainsi été visées par des actes de vandalisme, chose qu’Emmanuel Macron n’a jamais soutenu.
«On m'a parfois traité de 'brute épaisse' parce que j'étais contre le déboulonnage de statues. Je ne crois pas à la cancel culture, je ne crois pas à l’effacement de ce qu’on est», a-t-il rétorqué en expliquant, en revanche, qu’«il y a toute une part de notre histoire collective qui n’est pas représentée, il y a toute une part de notre histoire qui parle à notre jeunesse qui est noire, venant d’Afrique ou ultra-marine ou maghrébine et qui a ses héros».