Perçue par une partie de la société espagnole comme une atteinte à l’État de droit, cette amnistie très controversée intervient six ans après la tentative de sécession de la Catalogne (nord-est), qui a constitué en 2017 l’une des pires crises politiques de l’Espagne contemporaine.
Le Parti Populaire (PP), principale formation de l’opposition de droite, a convoqué des rassemblements à midi (11H00 GMT) à Madrid et dans toutes les grandes villes du pays pour dire «non à l’amnistie».
«La démocratie est en danger», affirme la formation conservatrice dans un manifeste, en appelant «tous les démocrates, sans distinction» à la rejoindre dans la rue.
«Ils ne vont pas nous faire taire», a ajouté le PP, dont le chef, Alberto Núñez Feijóo, est arrivé en tête des élections législatives du mois de juillet, mais a échoué à être investi Premier ministre, faute de soutiens suffisants au Parlement.
Deuxième du scrutin, Pedro Sánchez, est lui désormais assuré d’être reconduit au pouvoir par le Parlement la semaine prochaine, grâce à l’appui des sept députés de la formation de l’indépendantiste catalan Carles Puigdemont, principale figure de la tentative de sécession de 2017 qui a fui en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires.
En échange de son soutien, le parti de Puigdemont, Ensemble pour la Catalogne (Junts per Catalunya), a obtenu une loi d’amnistie des indépendantistes poursuivis par la justice, principalement pour les événements de 2017, ainsi que l’ouverture de négociations portant, entre autres, sur la question de la «reconnaissance de la Catalogne comme nation».
La droite espagnole, une partie de la magistrature, mais aussi certains dirigeants modérés du Parti socialiste de M. Sánchez, considèrent que cette mesure d’amnistie va à l’encontre des principes d’égalité et d’unité territoriales et de la séparation des pouvoirs.
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«Accepter le résultat des urnes»
Intervenant lors du congrès des socialistes européens à Malaga, dans le sud de l’Espagne, Pedro Sánchez, au pouvoir depuis 2018, a appelé samedi le Parti Populaire à «accepter le résultat des urnes et la légitimité du gouvernement que nous allons bientôt former».
Le parti d’extrême droite Vox a annoncé qu’il se joindrait dimanche aux rassemblements du PP avant de participer à des manifestations devant les sièges du Parti socialiste espagnol (PSOE) à travers le pays.
Le siège national du PSOE à Madrid est la cible depuis plus d’une semaine de manifestations quotidiennes à l’appel d’organisations proches de Vox. Ces rassemblements ont dégénéré à plusieurs reprises cette semaine en échauffourées entre militants radicaux et forces de l’ordre.
«Nous avons le devoir de résister à un gouvernement et à un tyran qui va obtenir son investiture grâce à tous les ennemis de l’Espagne», a déclaré jeudi soir le chef de Vox, Santiago Abascal, durant l’une de ces manifestations.