Donald Trump n’a jamais manqué de confiance en lui. Mais après les événements extraordinaires de ces dernières semaines, sa campagne pour revenir à la Maison Blanche connaît de fortes turbulences, l’ex-président apparaissant plus âgé, moins à l’aise et sans cap clair.
Alors que le républicain semblait se diriger vers une victoire sans appel en novembre, détracteurs comme alliés de Donald Trump affirment désormais que le candidat républicain semble comme sonné, notamment par le retrait de la candidature de Joe Biden.
Tantôt vindicatif, tantôt morose: face aux récentes sorties du candidat républicain à la présidentielle américaine, les observateurs de la campagne s’interrogent sur la stratégie de l’ex-président, confronté à la dynamique de sa rivale Kamala Harris, âgée de 59 ans.
Joe Biden, qui à 81 ans était confronté à des doutes sur son acuité mentale, servait jusque-là de paratonnerre sur l’âge de Donald Trump, devenu à 78 ans le plus vieux candidat à une élection présidentielle américaine.
Car maintenant que le président démocrate a laissé sa place à une candidate plus jeune, plus éloquente, et plus énergique, certaines failles de Donald Trump sont placées sur le devant de la scène: ses propos incohérents au ton parfois apocalyptique, son manque d’énergie en l’absence de public et ses trous de mémoire sur certains noms.
«Effrayé, cerné, et très en colère»
Jeudi, lors d’une conférence de presse où il était censé vanter son programme économique, Donald Trump a d’abord déroulé sur le sujet, les yeux rivés sur son classeur, avant de digresser à de nombreuses reprises, vilipendant notamment les éoliennes qui tuent les oiseaux ou contestant le nombre de partisans aux meetings de Kamala Harris.
Ancien (bref) conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, Anthony Scaramucci a affirmé sur la chaîne MSNBC que l’ex-président était «très troublé» par le changement de dynamique dans la campagne et qu’il «est désormais effrayé, cerné et très en colère».
Le milliardaire a redoublé d’efforts pour s’en prendre à Kamala Harris, qu’il accuse d’être «devenue noire» pour des raisons électoralistes. «Ils ne sont pas gentils avec moi», «je pense que je suis dans mon bon droit de lancer des attaques personnelles», a-t-il déclaré jeudi. «Je n’ai pas beaucoup de respect pour elle. Je n’ai pas beaucoup de respect pour son intelligence», a-t-il ajouté.
«Arrêter de se plaindre»
Face aux attaques parfois outrancières de Donald Trump, l’équipe de campagne de Kamala Harris a décidé de prendre un contre-pied volontiers provocateur. Le camp démocrate met ainsi l’accent sur les diatribes «égotistes» et «emplies de griefs personnels» de l’ancien président et n’hésite plus à le qualifier lui et ses acolytes de «bizarres». Une pique qui a le don d’agacer les républicains, Donald Trump en tête.
Plusieurs responsables de son parti en sont presque à supplier l’ex-président de se concentrer sur les sujets de fond plutôt que sur des bisbilles de cour de récré. Son ex-rivale aux primaires Nikki Haley lui a ainsi demandé sur la chaîne Fox News d’«arrêter de se plaindre» de Kamala Harris, lui faisant remarquer qu’il «ne gagnera pas en parlant de la taille des foules» aux meetings de chacun.
Le dénigrement est depuis longtemps «un élément central» du style Trump, souligne auprès de l’AFP Elizabeth Bennion, professeure de sciences politiques à l’université de l’Indiana. Et si son animosité continue d’électriser sa base électorale, l’impact d’une telle stratégie sur les électeurs indécis est «moins clair», estime la chercheuse. «Certains observateurs se sont demandés si Trump allait potentiellement faire preuve de retenue face à une candidate, femme (à l’identité) multiraciale», ajoute-t-elle. «La réponse est clairement non.»