Ce verdict historique, aux conséquences politiques imprévisibles, n’empêchera pas le champion républicain d’être candidat à la présidentielle du 5 novembre face au démocrate Joe Biden, même en cas de condamnation à de la prison.
Cette peine, pour des paiements dissimulés à une star de films X, sera prononcée le 11 juillet par le juge du tribunal de Manhattan, Juan Merchan, quatre jours avant la convention du Parti républicain qui doit investir Donald Trump comme candidat des conservateurs américains. En attendant, il reste libre. L’un de ses avocats, Todd Blanche, a annoncé sur CNN un «appel dès que possible», au plus tôt après le 11 juillet.
À la lecture du verdict de culpabilité pénale dans la salle d’audience, l’ex-président de 77 ans est resté stoïque, les épaules basses. Son entourage avait l’air abattu. En sortant du prétoire, le visage grimaçant, celui qui en une décennie a bouleversé la démocratie américaine s’est décrit en «homme innocent», fustigeant un procès «truqué» qui serait une «honte». Défiant, il a assuré que le «vrai verdict» tomberait le soir de l’élection du 5 novembre.
«Au-dessus des lois»
«Nul n’est au-dessus des lois», a réagi la campagne de Joe Biden, prévenant que seul le «bulletin de vote» permettra que Donald Trump ne retourne pas dans le Bureau ovale.
Après deux jours de délibérations, les 12 jurés ont déclaré à l’unanimité Donald Trump coupable de l’ensemble des 34 délits de falsifications de documents comptables, destinées à cacher un paiement de 130.000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels, pour éviter un scandale sexuel juste avant la présidentielle de 2016.
«Vous avez accordé à cette affaire l’attention qu’elle méritait», a dit aux jurés, la voix tremblante, le juge Merchan. Donald Trump encourt jusqu’à quatre ans de prison ferme, possiblement assortis d’une amende. Mais le juge pourrait prononcer une peine de prison avec sursis probatoire, voire des travaux d’intérêt général.
Le verdict est un séisme en pleine campagne présidentielle, avant le premier débat entre MM. Trump et Biden, le 27 juin, et la convention républicaine à Milwaukee, du 15 au 18 juillet. Les conséquences sur le scrutin du 5 novembre sont difficiles à prédire, des spécialistes estimant que les votes ne devraient «bouger» qu’à la «marge». Mais d’après plusieurs sondages, certains de ses électeurs de 2016 et 2020 pourraient se détourner.
Ce verdict «ne va probablement pas faire bouger beaucoup de votes», prédit un politologue de l’université chrétienne du Texas, Keith Gaddie. Mais dans «des courses particulièrement serrées, cela pourrait faire basculer les choses d’un côté à l’autre».
Sur une page internet de levée de fonds, Donald Trump s’est dépeint jeudi soir en «prisonnier politique». Depuis 2023, ses inculpations dans quatre affaires pénales distinctes et ses trois condamnations au civil ne l’ont pas empêché de remporter haut la main la primaire de son parti. Privé de campagne sur le terrain depuis mi-avril, il a quand même su se servir de son procès pour capter l’attention médiatique.