Aucun des deux candidats à la présidentielle américaine n’a détaillé de programme complet sur la question du réchauffement climatique, qui est loin d’être au centre de la campagne électorale aux États-Unis, pourtant deuxième plus gros émetteur mondial de gaz à effet de serre derrière la Chine. Mais les positions de Kamala Harris et de Donald Trump, diamétralement opposées, ne font aucun mystère.
Le candidat républicain qualifie le changement climatique de «canular», et a promis de «forer à tout va» s’il est élu. Sa victoire entraînerait davantage d’émissions de gaz à effet de serre américaines -avec un impact sur le réchauffement mondial- ainsi qu’un désengagement des États-Unis de la diplomatie climatique, pouvant freiner l’élan contre les énergies fossiles.
Sans même attendre l’investiture en janvier, son élection affaiblirait la voix des négociateurs américains à la COP29, qui doit débuter six jours après le scrutin. Or l’engagement des pays riches comme les États-Unis sera décisif pour l’augmentation de l’aide financière aux pays vulnérables, au coeur des discussions cette année.
Durant son mandat, le républicain avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, et a promis de le refaire s’il est élu, après l’annulation de cette décision par son successeur Joe Biden. C’est sous cet accord que les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de moitié d’ici 2030, comparé à 2005.
«Nous devons vraiment maintenir le cap», mais «il y aurait un revirement complet sous Trump», avertit Leah Stokes, politologue spécialisée sur le climat. «L’élection américaine aura des répercussions pour l’ensemble de la planète.»
«Escroquerie verte»
Kamala Harris s’engage elle à «poursuivre et développer le leadership international des États-Unis sur le climat», selon son site de campagne. En tant que sénatrice, elle a soutenu le «Green New Deal», résolution appelant à réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre… surnommée la «nouvelle escroquerie verte» («Green New Scam») par Donald Trump.
La démocrate en campagne ne fait toutefois que peu référence au climat. Lors de son débat face à Donald Trump, elle a défendu la nécessité de «sources d’énergie diversifiées», allant jusqu’à vanter que le pays ait «connu la plus forte augmentation de la production nationale de pétrole de l’histoire».
Un positionnement critiqué à bas bruit par certains. Mais toutes les associations environnementales la soutiennent, martelant son bilan, notamment ses poursuites contre des entreprises pétrolières en tant que procureure générale de Californie, et surtout son vote décisif pour adopter l’«Inflation Reduction Act» (IRA), loi d’investissement massif pour la transition énergétique.
Celle-ci est régulièrement prise pour cible par Donald Trump, qui a déclaré qu’il en «annulerait tous les fonds non dépensés». Mais revenir sur une loi est complexe, et même certains élus républicains se sont prononcés contre l’idée, soulignant l’utilité des crédits d’impôts qu’elle comprend.
Retour vers le futur
Trump veut également annuler «l’obligation d’achat de véhicules électriques», en référence aux nouvelles réglementations sur les émissions automobiles visant à accélérer le passage à l’électrique (sans pour autant l’imposer). D’autres normes récentes de l’agence de protection de l’environnement (EPA), notamment sur les limites aux émissions de CO2 des centrales à charbon, pourraient être renversées.
Mais «tout effort pour abroger ces réglementations donnera lieu à de nombreux recours», croit savoir Fatima Ahmad, de la société de conseil climatique Boundary Stone. De plus, «les gouvernements locaux et le secteur privé continueront à pousser leurs engagements en matière de climat», comme «lors de la première administration Trump», dit-elle à l’AFP.
Mais selon une analyse du média spécialisé Carbon Brief, une victoire de Donald Trump entraînerait bien l’émission supplémentaire, d’ici à 2030, de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par rapport aux démocrates -soit les émissions annuelles de l’Europe et du Japon.