C’est à Al Minya, en Haute-Egypte, que naît Huda Sharawi. Fille du président de la Chambre des députés et d’une esclave circassienne, la jeune Huda passera sa jeunesse dans un harem sous la surveillance d’un eunuque. Si on lui interdit de recevoir des cours d’arabe, car elle n’est pas destinée à occuper un poste important dans la société, elle doit toutefois apprendre le coran par cœur et sait aussi parler français.
A treize ans, elle sera mariée de force à l’un de ses cousins dont elle divorcera pour se remarier pourtant avec le même homme, à 21 ans. Très impliqué politiquement dans le cadre du parti laïque et libéral dans lequel il milite, celui-ci n’hésitera pas à associer son épouse à sa lutte contre le protectorat britannique.
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Mais la fibre politique de Huda Sharawi s’exprimera davantage dans sa lutte pour les droits des femmes et en 1908, elle fonde un dispensaire et une école, avec le parrainage de femmes de la haute société égyptienne, afin d’enseigner la puériculture et l’hygiène domestique.
Puis en 1919, ce même groupe de femmes crée la Société de la femme nouvelle, une association qui a pour vocation d’alphabétiser les jeunes filles pauvres. Par la suite, en 1923, l’Union féministe égyptienne voit le jour à son initiative avec pour ambition de défendre le droit des femmes, à commencer par leur droit à accéder à l’université et à la fonction publique plus facilement.
Peu après la mort de son mari, en 1923, Huda revient en Egypte après un voyage en Italie et décide de ne pas remettre son voile et de poursuivre son combat politique nationaliste et féministe le visage découvert. Grâce à elle, à la réputation internationale qu’elle acquiert et au soutien que lui accorde le roi Fouad Ier, l’âge minimum légal du mariage des filles sera fixé à 16 ans et leur droit d’accès à l’enseignement secondaire et supérieur est enfin reconnu.
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On doit aussi à Huda Sharawi la première revue mensuelle féministe arabe en langue française, L’Egyptienne: féminisme, sociologie, art.
Fervente défenseuse de la cause palestinienne, Huda milite pour l’unité du monde arabe, mais lors de la création de la Ligue arabe, elle s’insurgera contre le peu de représentation des femmes en déclarant «la Ligue dont vous avez signé le pacte hier n'est qu'une moitié de Ligue, la Ligue de la moitié du peuple arabe».
Huda Sharawi mourra en 1947, mais son message et ses prises de position seront repris par le président Gamal Abdel Nasser qui intègrera les revendications féministes dans sa politique intérieure.