La malaria tue dans le sud de l’Algérie, dans l’indifférence du régime

Des victimes de l'épidémie de malaria en Algérie.

Des victimes de l'épidémie de malaria en Algérie.

Comme à son habitude, le régime d’Alger a attendu que les deux épidémies de malaria et de diphtérie qui sévissent actuellement dans le sud du pays tuent des centaines de victimes pour réagir. Pourtant, les premiers décès causés par ces maladies hautement infectieuses ont été signalés il y a plusieurs semaines.

Le 29/09/2024 à 11h27

Le régime d’Alger, tout occupé à théâtraliser l’envoi de ses aides aux populations séquestrées par le Polisario dans les camps de Tindouf, a été forcé de réagir face à l’ampleur du drame que vivent les populations du sud du pays, touché par une épidémie de malaria et de diphtérie. Les élus et les médecins de ces régions ont pourtant alerté les autorités il y a plusieurs jours, alors que des images de cadavres mis en terre et de malades étendus à même le sol dans les couloirs d’«hôpitaux» de fortune circulent à grande échelle sur les réseaux sociaux.

Sur ordre du président Abdelmadjid Tebboune, le ministère algérien de la Santé a déployé une équipe médicale et envoyé des médicaments vers les zones sinistrées du sud du pays, lit-on dans un communiqué publié vendredi dernier.

«Sur ordre du président de la république, Abdelmadjid Tebboune, et compte tenu de la situation actuelle, une commission médicale composée d’un staff médical qualifié, ainsi qu’un avion chargé d’importantes quantités de médicaments, de sérums antidiphtériques et de matériel de protection ont été envoyés, vendredi, dans les wilayas de Tamanrasset, In Guezzam et Bordj Badji Mokhtar», lit-on dans ce communiqué.

Alors qu’il vient de s’engager à construire trois hôpitaux à Gaza en 20 jours, Abdelmadjid Tebboune s’est montré très parcimonieux avec les Algériens du sud du pays, à qui il vient d’envoyer des miettes, après avoir fait la sourde oreille sur le drame qu’ils subissent depuis plusieurs semaines.

Ces failles sanitaires, qui se succèdent à un rythme effréné en Algérie, viennent à nouveau démentir les propos de Tebboune qui déclarait, en 2022, que l’Algérie dispose de «l’un des meilleurs systèmes de santé en Afrique, si ce n’est le meilleur». Ces défaillances insupportables montrent aussi le mépris dans lequel le régime d’Alger tient les populations du sud du pays qui vivent pourtant dans les territoires riches en énergies fossiles qui sont la mamelle nourricière du pays.

De façon choquante, le ministère de la Santé cherche des responsables chez ses voisins, en précisant que ces épidémies sont à 90% «importées de pays touchés», une allusion au Mali et au Niger voisins, alors que 10% des cas seulement proviendraient des autochtones. Une importation contre laquelle il aurait dû prendre des mesures de prévention.

Pour justifier cette explication, le ministère de la Santé ajoute qu’en 2019, «l’Algérie a obtenu le certificat de l’Organisation mondiale de lutte contre le paludisme» qui la déclarait exempte de cette maladie. Pourtant, fin 2020, une épidémie de malaria a frappé la majeure partie du pays, entre Tamanrasset à l’extrême sud et les régions de Ghardaia et Ouarghla plus au nord.

Ces deux dernières régions sont éloignées de quelques centaines de kilomètres seulement d’Alger et sont situées à des milliers de kilomètres des zones tropicales et subsahariennes, ce qui démontre que le paludisme n’est ni éradiqué, ni importé en Algérie. A l’époque, le même ministère avait reconnu que «2.726 cas de paludisme, entraînant trois décès, ont été enregistrés» dans le nord de l’Algérie en 2020.

D’autres maladies sévissent régulièrement en Algérie, puisqu’en août 2019, une épidémie de choléra s’est déclarée dans plusieurs villes du nord et du centre du pays, notamment à Alger, Blida, Tipaza, Bouira, Médéa, Aïn Defla, faisant de nombreux morts.

Selon des informations qui circulent sur Internet depuis samedi, le régime algérien aurait mis en quarantaine tout le sud du pays, ajoutant que durant les deux prochains mois, plus personne n’accédera aux wilayas du sud de l’Algérie, ni ne les quittera vers d’autres régions du pays.

C’est du moins ce qu’aurait décidé le ministère algérien de la Santé le 28 septembre après avoir saisi l’ampleur des ravages causés par les épidémies, qui auraient fait des centaines de morts dans les wilayas de In Guezzam, Tamanrasset et Bordj Badji Mokhtar. Ces dernières ont été déclarées «zones sinistrées».



Par Mohammed Ould Boah
Le 29/09/2024 à 11h27