Dans sa «Une» du jeudi 19 septembre, le désormais ancien quotidien Djazair El-Ghad a publié le gros titre d’un article intitulé «Les sionistes et l’axe du mal envisagent-ils d’assassiner le président Tebboune?». Dépassant la simple interrogation, le journal précise même que c’est sur la base des révélations d’une source bien informée qu’il a appris que «le président Tebboune risque effectivement d’être assassiné à tout moment par les forces du mal».
Quelques instants seulement après la distribution des premiers exemplaires dans les kiosques, le journal a vu ses deux premiers responsables (le directeur général et le directeur de publication) convoqués au ministère de la Communication, où il leur a été notifié la cessation de toute impression future de leur média, en attendant la suspension définitive de son activité par la justice.
La raison invoquée pour justifier cette mise à mort serait que Djazair El-Ghad a violé la constitution et le code de la presse en publiant des «informations trompeuses» et «non documentées».
Sur sa page Facebook, le ministère algérien de la Communication a posté un communiqué, jeudi soir, dans lequel il écrit qu’il a «décidé d’engager des procédures judiciaires pour suspendre définitivement l’activité du journal Djazair El-Ghad suite à la publication d’informations trompeuses dans son dernier numéro».
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La célérité déconcertante avec laquelle la cessation totale d’activité du journal a été programmée montre à quel point le régime d’Alger est pris de panique suite à la référence indirecte du journal à la série d’explosions de bipeurs et de talkiewalkies au Liban, qui ont visé en particulier le Hezbollah, mais aussi, et dans une moindre mesure, l’ambassade d’Iran à Beyrouth et la Syrie.
Le quotidien suspendu, ayant voulu montrer sa totale soumission à la présidence, a été finalement victime de son excès de zèle. Il a ainsi profité des événements violents qui se déroulent au Liban pour, d’une part, laisser entendre que du moment que les alliés de l’Algérie que sont les dirigeants du Hezbollah, de l’Iran et de la Syrie sont visés, Tebboune n’est pas en reste. D’autre part, ce média a voulu apporter de l’eau au moulin d’un régime paranoïaque et prompt à agiter le complotisme en vue de détourner l’attention quant aux profondes crises dans lesquelles il ne cesse de patauger.
Djazair El-Ghad, très peu suspect donc de la moindre opposition au système en place, qu’il a toujours caressé dans le sens du poil, a cru bien faire en précisant, dans le surtitre de son article, que le risque d’assassinat de Tebboune est d’autant plus probable qu’il intervient «après l’opération Star Six visant à déstabiliser l’Algérie et les tentatives de parasitage de la présidentielle». Pour rappel, «Star Six» est le nom donné par le régime d’Alger pour qualifier un complot imaginaire qui viserait l’Algérie à partir du Mali, et dont le Maroc serait l’exécutant sur la base d’un financement émirati. Rien que ça.
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L’image d’illustration de l’article montre clairement que ce sont les Émirats, le Maroc, la France et Israël qui sont accusés, comme dans les précédents «complots» imaginaires, de tremper dans ce fou projet visant à assassiner Tebboune par le biais d’un moyen de communication.
Mais il semblerait que ce soit la photo de Macron, illustrant entre autres l’article incriminé, qui a sorti le régime algérien de ses gonds. En effet, Tebboune tient absolument à effectuer une visite officielle, et de prestige, croit-il, à Paris. Programmée depuis plus de deux ans, cette visite a été renvoyée à plusieurs reprises aux calendes grecques durant son premier mandat. Sa dernière programmation par l’Élysée, entre la fin de ce mois de septembre et début octobre, semble elle aussi compromise. Car non seulement Alger n’a pas d’ambassadeur à Paris, suite à la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara, mais le président Macron est actuellement concentré sur l’équation politique locale née des dernières législatives anticipées en France.
En plus de la panique du régime d’Alger, il faut aussi noter celle des médias locaux, qui ont quasiment tous annoncé la mise à mort de leur confrère, mais sans jamais oser commenter ni la prétendue violation des lois et de la déontologie par le journal suspendu, ni la lourde sanction disproportionnée qu’il a subie.
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Djazair El-Ghad va donc rejoindre le cimetière des nombreux journaux que Tebboune a fermés durant ces cinq dernières années, dont les plus emblématiques sont le journal Liberté et le groupe de presse Maghreb émergent (radio, journal et site web), qui a vu son fondateur Ihsane El Kadi condamné, depuis juin 2023, à 7 ans de prison, dont 5 ans fermes. Son seul crime est d’avoir conseillé aux généraux de l’armée de ne pas accorder à Tebboune un second mandat, de crainte de voir le pays s’effondrer. Sa mise en garde est plus que jamais d’une actualité brulante.