En quelques mots, Jean-Luc Mélenchon a relancé le débat au sein de l’alliance de gauche sur le nom du candidat pour Matignon. Et fait le miel de ses opposants qui brandissent volontiers sa figure comme épouvantail auprès des électeurs, dans un paysage politique plus que jamais polarisé autour de trois blocs: celui du Rassemblement national et ses alliés, crédités de 35% à 36% des intentions de vote selon trois sondages samedi; celui du Nouveau Front populaire (27% à 29,5%); et le camp macroniste (19,5 à 22%).
«J’ai l’intention de gouverner ce pays», a ainsi déclaré sur France 5 Mélenchon, en revenant sur la nécessaire unité à gauche qui impose que ce ne soit «pas le foutoir» ni «le pia-pia des gauchistes qui passent leur temps à s’engueuler entre eux».
Alors que le député LFI François Ruffin a affirmé que Mélenchon avait «raison de se mettre en retrait» et que la tête de liste PS aux européennes Raphaël Glucksmann a estimé que l’Insoumis ne serait pas Premier ministre, pourrait-il tout de même accéder à Matignon? «Bien évidemment», a répondu Mélenchon.
«Je ne m’élimine pas et je ne m’impose pas. Je pense que c’est une formule qui est assez respectueuse du collectif», a-t-il ajouté.
Quant à Glucksmann, «il ne faut pas parler comme ça trop vite. On va discuter», a insisté Mélenchon qui s’était dit, il y a dix jours, «capable» d’être Premier ministre.
Mélenchon a aussi assuré qu’un accord avait été trouvé pour que ce soit «le groupe parlementaire le plus important qui présente le candidat à la Primature». Le patron du PS Olivier Faure a cependant évoqué la nécessité d’un vote pour trancher quel serait l’éventuel Premier ministre de gauche.
Car d’autres que Mélenchon sont sur les rangs, dont la députée LFI Clémentine Autain qui a déclaré à La Tribune faire «partie de celles et ceux qui peuvent occuper cette fonction». Quant au chef des Insoumis, «force est de constater qu’aujourd’hui il n’est pas la personnalité qui peut faire consensus, c’est factuel», a-t-elle grincé.
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Ce positionnement de Mélenchon a régalé ses adversaires, à l’image du patron du RN Jordan Bardella qui salué sur X «une clarification bienvenue: les Français savent désormais qu’ils font face au danger de la gauche la plus brutale et la plus sectaire».
Attal s’affirme
Soucieux du contre-pied et de lisser l’image de son parti, Bardella a promis d’être le Premier ministre «de tous les Français sans aucune distinction» si le Rassemblement national obtenait la majorité absolue le 7 juillet.
«Une fois devenu chef de la majorité, je serai le Premier ministre de tous, y compris de ceux qui n’auront pas voté pour moi», a-t-il insisté dans le Journal du dimanche, quand Marine Le Pen, dans un entretien à La Voix du Nord, va plus loin et n’écarte pas que des personnalités de gauche fassent partie de l’exécutif.
Gabriel Attal est lui toujours candidat à son maintien à Matignon: «dans ce combat, je m’affirme et j’assume», a-t-il fait savoir au Parisien, rappelant que «c’est la première fois depuis 25 ans que les Français vont choisir une majorité et un Premier ministre en cours de mandat».
Pour déjouer les pronostics, l’actuel chef du gouvernement a renouvelé son appel à la «gauche sociale-démocrate» dont une «majorité» selon lui «ne se retrouve pas derrière LFI». «Ces électeurs sont dans une forme de tristesse, de déshérence» et «la place de la gauche républicaine est à nos côtés», a-t-il martelé.
Mais un des tenants de cette gauche ne l’entend pas ainsi: sept ans après avoir quitté l’Élysée, François Hollande a retrouvé l’air de la campagne dans son fief de Tulle et a fait flèche de tout bois sur Emmanuel Macron, même s’il promet qu’il n’a «aucun compte à régler».
«Le macronisme, c’est terminé. Si tant est que ça ait existé, mais c’est terminé, je le dis sans hostilité particulière», a assuré auprès de l’AFP l’ancien président socialiste qui se présente sous l’étiquette du Nouveau front populaire. «Le temps est à la recomposition», a encore asséné Hollande.
Dans cette campagne menée à tire-d’aile depuis la dissolution surprise prononcée au soir des européennes du 9 juin, le climat semble se tendre: plusieurs militants de gauche ont fait état samedi d’agressions attribuées à des individus d’extrême droite, une plainte étant notamment déposée en Gironde.