Dans sa livraison du samedi 12 avril, le quotidien The Washington Post a publié un long reportage sur les milices terroristes qui combattaient aux côtés du régime syrien déchu. Trafic d’armes, de drogue, de devises, tout y passe, sous la supervision du régime iranien. Les journalistes du Washington Post (ou WaPo) ont ainsi visité et recueilli des témoignages sur tous les sites, itinéraires et bases des milices étrangères, entraînées et introduites en Syrie par l’Iran en vue de combattre dans les rangs de l’armée de l’ancien maître de Damas, Bachar Al Assad.
Parmi ces mercenaires, préalablement entraînés par les milices chiites des «gardiens de la révolution» iraniens et du Hezbollah libanais, on retrouve des centaines de miliciens du Polisario, venus tout droit de Tindouf. Une confirmation sans équivoque de ce que le Maroc a toujours révélé sur les accointances entre l’Iran, le Hezbollah et le Polisario. C’est qu’en Syrie, et «au fil des ans, l’Iran a favorisé un large éventail de groupes mandataires pour promouvoir ses intérêts. L’Iran, par exemple, a formé des combattants du Front Polisario, basé en Algérie, un groupe rebelle luttant pour l’indépendance du Sahara occidental vis-à-vis du Maroc. Des centaines d’entre eux sont actuellement détenues par les nouvelles forces de sécurité syriennes», écrit le WaPo, en se basant sur les témoignages concordants de dirigeants actuels des nouvelles forces de sécurité syriennes et de diplomates occidentaux travaillant dans la région.
À part les nombreux bastions du Hezbollah libanais, fer de lance du régime iranien et de Bachar Al Assad, les reporters du WaPo ont également fait un détour par la célèbre cité antique de Palmyre, où les miliciens du Polisario ont pris leurs quartiers en côtoyant «des centaines de combattants de Liwa al-Fatimiyoun, une milice chiite afghane, déployée elle aussi par l’Iran en Syrie». Le WaPo précise qu’à Palmyre, «la chute du régime d’Al Assad a contribué à révéler l’ampleur des milices introduites et soutenues par l’Iran en Syrie».
Depuis la mise en déroute de ces milices par les rebelles syriens, l’axe Alger-Téhéran fait désormais figure de pont délabré. En effet, son tronc central, naguère représenté par le régime syrien déchu et ses milices étrangères, particulièrement le Hezbollah, a été complètement pulvérisé. Toutefois, cet axe est plus solide qu’on ne le croit, comme en atteste l’intrigante visite, la semaine dernière à Alger, du ministre des Affaires étrangères de la république islamique d’Iran, Abbas Araghchi. On imagine que le sort des mercenaires du Polisario et des soldats algériens détenus en Syrie a été évoqué.
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En effet, n’ayant pu sauver le régime de Bachar, Alger et Téhéran tentent de négocier la libération de leurs hommes, prisonniers des nouveaux maîtres de la Syrie. Alors que 24 heures seulement avant la chute de Bachar Al Assad, l’Algérie qualifiait toujours les rebelles syriens de «terroristes», le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a été l’un des premiers diplomates à atterrir à Damas, non pas pour féliciter le nouvel exécutif syrien, comme il le prétendait faussement, mais pour tenter d’éviter à l’armée algérienne et à ses supplétifs du Polisario un scandale.
Il s’agissait en fait de négocier la libération d’un demi-millier de soldats algériens, en plus de centaines de miliciens du Polisario, avant que le monde entier ne découvre l’ampleur du soutien militaire apporté par l’Algérie, au mépris de sa doctrine militaire de non-intervention, au régime syrien renversé. Face au refus de Damas de libérer ces combattants pro-Assad, l’Iran et l’Algérie ont initié un véritable chassé-croisé diplomatique en vue de trouver une issue à leur scandaleuse alliance.
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Le 8 avril courant, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a été reçu par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier a également profité de la récente fête d’El Fitr pour s’entretenir une énième fois au téléphone avec le président iranien, Massoud Pezechkia. Il faut dire que la chute précipitée du régime syrien a créé une panique sans précédent à Alger. Cette volonté de conclure rapidement de nouvelles alliances, en particulier avec les États-Unis, pourrait s’expliquer par cette situation. Son ambassadeur à Washington a même déclaré que la coopération militaire envisagée avec les États-Unis n’avait «pas de limite».
Ces prisonniers constituent un lourd fardeau pour l’Algérie, aujourd’hui mise au ban de la communauté internationale pour son soutien manifeste au régime déchu d’Assad et son alliance avec les mollahs iraniens. Ses voisins l’accusent également de soutenir le terrorisme international, une accusation qui a trouvé un écho aux États-Unis. Le député républicain Joe Wilson a ainsi promis de proposer une loi pour classer le Polisario comme organisation terroriste.
Cette orientation est confirmée par le reportage du Washington Post, qui a mis en lumière un graffiti «Mort à l’Amérique» découvert en Syrie. Ce slogan était visible sur un ancien hôtel en ruines à Palmyre, lieu où étaient stationnées les milices du Polisario avec des terroristes afghans entraînés par l’Iran.
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