Il y a de cela deux jours, l’homme qui veut être partout et par conséquent nulle part, j’ai nommé Emmanuel Macron, a entamé une tournée au Proche-Orient en commençant par Israël. Une visite qui n’est pas passée inaperçue puisqu’elle a été l’occasion de déclarations dont la dimension fracassante n’a d’égale que sa vacuité. Je citerais à titre d’exemple l’idée proposée par Macron de réactiver la coalition internationale contre Daesh, pour la mobiliser cette fois contre le Hamas.
Si une partie de la presse israélienne a jubilé face à cette perspective, une autre a rappelé tout simplement les faits, à savoir qu’une partie conséquente de cette même coalition (Turquie, Jordanie, Qatar…) voit les choses sous un autre son de cloche quant à ce parallèle plus que douteux entre le Hamas et Daesh. Mais l’essentiel a été fait du point de vue de Macron, qui, tel un marketeur ou un vendeur de bagnoles, privilégie systématiquement l’effet d’annonce à l’impératif du réel.
Deuxième étape: la rencontre avec Mahmoud Abbas à Ramallah. Là encore, la litanie de Macron autour des valeurs humanistes de la France n’a, semble-t-il, convaincu personne. Pas même Macron, j’imagine.
Mais ce fut pour lui l’occasion d’asséner un certain nombre d’aphorismes tels que «la vie d’un civil palestinien vaut celle d’un Français et d’un Israélien», ou encore «la France porte une vision humaniste». Et au diable si ces mêmes paroles contredisent les précédentes relatives à une coalition internationale contre le Hamas, puisqu’à ce que je sache, mener une guerre frontale sur un territoire de 360 km2 peuplé de plus de 2,2 millions d’habitants ne se fera pas sans casser du Palestinien. Eh bien, nous dira-t-il peut-être à ce moment qu’ils n’auront qu’à traverser la route pour trouver un abri!
La mission est accomplie. Peut-être pas diplomatique, mais sûrement communicationnelle. La presse et les photographes ont fait leur boulot, mais quant à la réalité diplomatique sur le terrain, elle n’a qu’à aller se faire cuire un œuf.
Un jour, Macron pourra dire: «J’y étais!»
Mais restons positifs, ça aurait pu être pire! Puisque celui qui occupe actuellement l’Élysée, aurait pu s’adresser directement aux Israéliens et aux Palestiniens via X, en taguant au passage Abbas, Netanyahou et Haniyeh.
Comme d’habitude, le «en même temps» a fait mouche: appeler à la mise en place d’une coalition internationale contre le Hamas, mais en même temps, appeler à éviter l’escalade de la violence. Là ce n’est plus de la com mais de l’art!
Ainsi, tel un inspecteur des travaux finis, Macron vient consacrer sa présence, ce qui a été décidé un peu avant par ceux qui décident réellement sur le terrain: Biden et Netanyahou. L’un a envoyé un porte-avions au large de Gaza en rappelant son inconditionnel et éternel soutien à Israël. L’autre cite la prophétie d’Isaïe, en affirmant être le peuple de la lumière, opposé aux peuples des ténèbres. Et ceux qui connaissent un tant soit peu le programme politique qui se cache derrière cette prophétie savent pertinemment que les semaines à venir s’annoncent particulièrement chaudes pour les Palestiniens, et je ne parle, bien entendu, pas de la météo.
Seul espoir pour les Palestiniens: une implosion du gouvernement israélien, suite à la colère montante de franges de plus en plus importantes de la société israélienne qui, face à la perspective d’un chaos généralisé dans la région, préfèrent de loin un retour au statu quo d’avant le 7 octobre. C’est-à-dire à une nouvelle situation de chaos en devenir. Car dans cette région du monde, loin d’être linéaire, le temps suit un mouvement cyclique.