«Nous allons le faire céder», a lancé la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado au sujet du président Nicolas Maduro, lors d’une manifestation à Caracas, quatrième grand rassemblement de l’opposition après ceux des 30 juillet, 3 et 17 août. «Ils (les membres du pouvoir) disent que le régime ne va pas céder, vous savez quoi? Nous allons le faire céder, et céder signifie respecter la volonté exprimée le 28 juillet», a-t-elle affirmé devant des centaines de partisans réunis dans l’est de la capitale.
«La contestation ne peut pas être arrêtée (...) Il n’y a pas de retour en arrière possible», a poursuivi Maria Corina Machado, assurant que l’opposition, qui revendique la victoire à l’élection présidentielle, a «une stratégie» et affirmant qu’«aucun gouvernement démocratique n’a reconnu la fraude de Maduro». Arrivée sur un camion en compagnie d’autres leaders de l’opposition, elle a ensuite rapidement quitté les lieux en moto. Vivant dans une semi-clandestinité, elle n’était pas apparue en public depuis la manifestation du 17 août.
Nicolas Maduro a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE), qui n’a cependant pas rendu publics les procès-verbaux des bureaux de vote. L’opposition, qui a dévoilé les procès-verbaux fournis par ses scrutateurs, affirme que M. Gonzalez Urrutia a obtenu plus de 60% des suffrages.
Depuis l’annonce de la réélection de Nicolas Maduro, des manifestations avaient fait 27 morts et 192 blessés, et quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle. L’organisation de défense des droits humains Foro Penal a dénoncé mercredi une explosion du nombre de «prisonniers politiques» dans le pays, passés selon elle de 199 avant l’élection à 1.780 actuellement.
Dans l’après-midi, ce sont des milliers de partisans de Nicolas Maduro qui ont manifesté, dans le centre-ville cette fois, pour fêter leur leader. «Bienvenue à une journée de victoire (...) La vérité a gagné», a lancé le président vénézuélien.
Un dur à l’Intérieur
Mardi, ce dernier a opéré un important remaniement ministériel. Ancien compagnon d’armes de l’ex-président Hugo Chavez, Diosdado Cabello, considéré comme un dur, a hérité du ministère de l’Intérieur et de la Justice. «Si demain le système judiciaire détermine que A, B, C, qui que ce soit, doit être détenu, doit être poursuivi, il sera poursuivi», a-t-il prévenu en référence au candidat de l’opposition Edmundo Gonzalez Urrutia.
Vivant lui aussi dans la clandestinité depuis trois semaines, ce dernier a ignoré pour la deuxième fois en deux jours mardi une convocation du parquet dans le cadre d’une enquête pour «usurpation de pouvoir», le site internet de l’opposition le proclamant vainqueur. Comme le veut la procédure, le parquet a annoncé mercredi qu’il allait le re-convoquer une troisième fois avant de «décider de la marche à suivre», qui pourrait être un mandat d’arrêt.
Le parquet a ouvert début août une enquête contre lui et Maria Corina Machado pour «usurpation de fonctions, diffusion de fausses informations, incitation à la désobéissance aux lois, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs».