Eric Zemmour, fondateur du parti Reconquête 2022 et candidat à la présidentielle française, a retweeté, avec beaucoup d’enthousiasme, un post relatif à l’état civil au Maroc.
«Excellente idée. Vive le Maroc et les Marocains!», a-t-il ainsi écrit en réponse au post du tweeto Louizi Mohamed qui déclare qu’«au Maroc, le choix du nom et du prénom doit répondre à des critères définis par la loi encadrant l'état civil. Parmi ces critères, ils doivent avoir un “caractère marocain” pour protéger l'identité nationale marocaine. Ce n'est pas une mesure raciste, mais assimilationniste».
Et celui-ci de partager les dispositions de la loi 37-99 relative à l’état civil s’agissant du choix du prénom. L’article 21 de cette loi stipule ainsi que «le prénom choisi par la personne faisant la déclaration de naissance en vue de l'inscription sur les registres de l'état civil doit présenter un caractère marocain et ne doit être ni un nom de famille, ni un nom composé de plus de deux prénoms, ni un nom de ville, de village ou de tribu, comme il ne doit pas être de nature à porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l'ordre public(…)».
S’agissant du nom de famille, l’article 20 stipule, quant à lui, que «(…) le nom choisi ne doit pas être différent de celui du père, ni porter atteinte aux bonnes mœurs ou à l'ordre public, ni être un nom ridicule, un prénom ou un nom étranger ne présentant pas un caractère marocain, un nom d'une ville, de village ou de tribu, ni un nom composé sauf s'il s'agit d'un nom composé déjà porté notoirement par la famille paternelle de l'intéressé(…)».
Qu’est-ce qu’un prénom français?Deux articles de loi que l’ancien polémiste français applaudit, car ceux-ci ne sont pas sans rappeler, à première vue, sa position et quelques-unes de ses propositions qui ont suscité un véritable tollé en France. Dans son dernier ouvrage, La France n'a pas dit son dernier mot (Rubempré, 2021), le candidat à la présidentielle annonçait ainsi vouloir «rétablir les lois dures de l'assimilation» et notamment l'obligation «de donner des prénoms français» aux enfants à naître.
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En septembre, alors en tournée médiatique pour la présentation de son livre, celui-ci assurait sur le plateau de RTL, s’inspirer «d'une loi établie en 1803 et qui a fonctionné parfaitement pendant un siècle et demi», en permettant «d'assimiler tous les gens qui venaient des régions qui étaient fort éloignées et qui parlaient mal le français».
Celui-ci était allé encore plus loin le 11 septembre 2021, sur le plateau de «On est en direct», animé par Laurent Ruquier et Léa Salamé, en déclarant qu’«on peut demander aux musulmans de limiter leur religion à la foi et à la pratique et de ne pas appliquer leur code juridico-politique, ce qu’ils font généralement dans tous les endroits où ils sont majoritaires. C'est exactement comme la Révolution française et Napoléon ont fait avec les juifs». Et de conclure, «un Français n'aura pas le droit d'appeler son fils Mohamed». Des propos qui avaient entraîné une vive polémique.
Le Maroc, un exemple de métissage culturel et non d’assimilationLa loi de 1803 à laquelle Zemmour fait référence, adoptée pendant le Consulat (1799-1804) sous l'impulsion de Napoléon Bonaparte, prévoyait un encadrement strict du choix des prénoms, les seuls autorisés étant «les noms en usage dans les différents calendriers» et «ceux des personnages connus de l'histoire ancienne». Celle-ci a été abrogée en 1993 et l'article 57 du Code civil consacre désormais un principe de liberté dans le choix du prénom.
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Mais en réalité, ce que semble ignorer Eric Zemmour, c’est qu’au Maroc, les prénoms dits «à caractère marocain» tiennent également compte des différentes composantes du Royaume, à savoir marocains amazighs, arabes, hassanis ou hébraïques.
Enfin, contrairement aux dispositions de la loi 37-99, le projet de loi 36-21 adopté en Conseil de gouvernement le 17 juin 2021 et soumis à l’examen de la commission de l’intérieur de la Chambre des représentants le 29 juin, ne fait plus état du caractère marocain des prénoms. Par ailleurs, le projet de loi prévoit également une retranscription du prénom, au moment de l’inscription, en caractère arabe, tifinagh et latin.