Abderrazak Soumah à son ancien acolyte Ali Aarrass: «Rends les armes et sauve des vies avant de prétendre être un militant»

Ali Aarass et Abderrazak Soumah. (M. Bifiss/Le360).

Ali Aarass et Abderrazak Soumah. (M.Bifisse/Le360)

Jihadiste repenti et ancien compagnon d’armes d’Ali Aarrass, un Belgo-marocain condamné au Maroc pour terrorisme et libéré en 2020, Abderrazak Soumah réagit à un livre «truffé de contre-vérités» que vient de publier celui qui se dit désormais «défenseur des droits de l’Homme». Le passé terroriste d’Aarass, ses mensonges à répétition pour se refaire une virginité, les armes qu’il cache encore aujourd’hui… voici, point par point, les révélations explosives d’Abderrazak Soumah.

Le 17/09/2024 à 17h24

Le livre, paru il y a deux semaines, a pour titre «Le ciel est un carré bleu», en référence à la vie en prison. Particularité: son auteur, Ali Aarrass, est un ressortissant belgo-marocain arrêté en Espagne en 2008 et condamné au Maroc pour terrorisme, dans le cadre de l’affaire Belliraj, à 12 ans de prison (dont il a purgé une dizaine). Une affaire dans laquelle plusieurs personnes ont été jugées coupables d’avoir formé une cellule terroriste oeuvrant dans la contrebande d’armes et ayant commis des braquages pour financer des actions visant à renverser le gouvernement.

Libéré en 2020, Ali Aarrass s’est mué, comme par miracle, en «défenseur des droits de l’Homme» et en «victime de torture», espérant occulter son passé sanguinaire de leader, financier et logisticien du mouvement terroriste «Al Moujahidine du Maroc», dont il armait aussi les membres.

Son récit fantasmé, qui se veut un résumé de propos déjà tenus dans le passé, a probablement trouvé écho auprès de certains. Sauf que pour ceux-là mêmes qui ont été ses compagnons, aussi bien dans sa vie de terroriste que celle de détenu, il n’est qu’un amas de mensonges, de fausses allégations et d’accusations infondées. Le livre.

Parmi les nombreux contradicteurs d’Ali Aarrass, et c’est peu dire, figure Abderrazak Soumah, ancien compagnon d’armes du concerné. Dans une vidéo publiée sur YouTube, ce dernier démonte, point par point, toutes les contre-vérités que contient le livre, et elles sont nombreuses. À commencer par son titre. «Personnellement, j’aurais titré ce livre: Les mensonges d’Ali Aarrass n’atteindront jamais le ciel. Les deux seules vérités qu’il contient sont le nom de l’auteur et sa durée de détention», ironise Abderrazak Soumah, lui-même ancien leader repenti du mouvement terroriste -il était l’émir d’Aarrass.

Dans son écrit, Aarass nie toute appartenance à un quelconque mouvement ou parti islamiste, et se dit uniquement «militant des droits de l’Homme». «Soit, mais tout militant, ancien ou actuel, a normalement des traces qui attestent de son passé de militantisme. Où sont-elles dans le cas de Ali Aarass?», oppose Abderrazak Soumah. «Elles n’existent nulle part, ni au Maroc, ni en Europe, en France, en Espagne ou en Belgique. C’est l’artifice sur lequel il construit tout son ouvrage, mais il est archifaux», assène-t-il.

Il ajoute que si le concerné a un passé de «militant», c’est bien au sein de groupes terroristes, et ce, depuis 1981. «Il le dit lui-même. Et d’ailleurs, c’est à ce titre qu’il se sentait menacé par les services de sécurité dès 2003, année des attentats du 16 mai à Casablanca, bien avant son arrestation en Espagne en 2008», précise-t-il.

««Où sont les armes que tu caches encore? Rends-les avant qu’elles ne tombent entre des mains criminelles!»»

—  Abderrazak Soumah, ancien jihadiste repenti, à l’adresse de Ali Aarrass.

Justement, l’année des attentats de Casablanca, Abderrazak Soumah raconte que Ali Aarrass avait pris attache avec les membres du groupe terroriste «Moujahidine du Maroc»… pour leur proposer des armes. Proposition que le groupe avait déclinée, n’étant pas convaincu par l’idée d’une «lutte armée». Aarrass n’en est pas moins resté le logisticien des «Moujahidine du Maroc», et c’est à ce titre que les services de sécurité marocains se sont lancés sur ses traces, relate Soumah. Ce dernier rappelle d’ailleurs que, devant la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), Ali Aarrass avait avoué qui il était et l’agenda qu’il servait. «Le tout figure dans un procès-verbal accessible et dans lequel il n’a d’ailleurs pas manqué de me dénoncer», souligne-t-il.

«Avant de revendiquer un quelconque militantisme, il y a une question: où sont les armes que tu caches encore? Rends-les avant qu’elles ne tombent entre des mains criminelles, et sauve ainsi des vies!», lance ensuite Abderrazak Soumah à l’adresse de Ali Aarrass. Au passage, il n’oublie pas de l’interpeller sur ses velléités séparatistes, Aarrass ayant notamment participé à une récente marche organisée et financée par le régime d’Alger contre le Maroc. Une manifestation où les barbouzes du pays voisin ont réussi la prouesse de réunir aussi bien des mercenaires du Polisario que des supposés militants rifains. «Est-ce bien cela le militantisme? Devenir un outil aux mains de groupuscules séparatistes contre les intérêts de son propre pays?», s’interroge Soumah. «Faute d’être honnête, ne sois pas dupe», conseille-t-il à son ancien compagnon d’armes.

Par Tarik Qattab
Le 17/09/2024 à 17h24