L’ampleur des dégâts du séisme qui a frappé cette chère région d’Al Haouz, d’une magnitude inégalée dans notre histoire récente, a rapidement convaincu les responsables de la nécessité de recourir aux aides internationales. Étant conscients qu’aucun pays au monde, quel que soit le niveau de sa richesse et de son développement, ne dispose de moyens techniques et humains «stockés» en quantité suffisante pour faire face à des catastrophes naturelles de très grande ampleur. Reste à déterminer le timing et les formes d’aides à demander en leur assurant les meilleures conditions d’un déploiement efficace.
Sur la base d’une expertise acquise au fil des épreuves qu’a connu notre pays dans le domaine des catastrophes naturelles (Agadir en 1960, Al Hoceima en 2004) et sanitaires (épidémie du Covid-19), il a été jugé préférable, dès le début des opérations, de privilégier l’utilisation des corps locaux (armée, Protection civile, gendarmerie, sûreté nationale, administration du territoire, système de santé…) au vu du haut niveau de formation de leurs ressources humaines et du bon équipement dont ils disposent.
Les premiers besoins en aides extérieures qui se sont manifestés, et auxquels l’offre locale ne pouvait apporter une réponse suffisante, ce sont des brigades cynotechniques en quantité, au vu de la dispersion des douars. Après identification des besoins et que la logistique des FAR a accompli un premier travail formidable de rétablissement des voies terrestres, le Maroc a fait appel à quatre pays amis pour remplir cette mission. Il pouvait appeler plus, au vu du nombre pléthorique de propositions d’amis. Mais à quoi bon?
Avec l’arrivée des brigades cynotechniques, à qui nous souhaitons plein succès, avons-nous en terminé avec l’aide extérieure? La réponse est bien évidemment négative. Car la phase suivante est aussi titanesque que la première. Après identification du nombre de sinistrés, il s’agira pour nous de planifier comment leur assurer le gîte, le couvert, le suivi médical et psychologique dans un premier temps, pour entamer tout de suite après la réflexion sur les formes que prendra la reconstruction, sur les moyens financiers à mobiliser et où les trouver, pour la réaliser dans les meilleures conditions. La Turquie, ayant connu un séisme au nombre de sinistrés plus élevé, tout en disposant de moyens économiques supérieurs aux nôtres, n’a pas hésité à utiliser l’aide internationale dans ses multiples facettes. Elle offre un bon exemple à suivre.
Il y a plusieurs organismes des Nations unies qui ont pour mission, et ils sont aussi formés pour ça, la fourniture d’aides spécifiques aux sinistrés, en complément de l’effort national quand il existe. Toujours pour rester dans le cas turc, Ankara s’est adressée à L’Unicef (protection de l’enfance), le HCR (Agence des Nations unies pour les réfugiés) et l’OMS (Organisation mondiale de la santé) en priorité pour ses besoins immédiats. Ainsi, ces organismes ont mis à disposition, chacun dans son domaine, des kits de maternité pour les nouvelles mères et leurs bébés, des soins de santé reproductive pour les femmes enceintes, des tentes (le Maroc en dispose en quantité suffisante), des bâches, des couvertures thermiques, des sacs de couchage, des matelas et vêtements d’hiver. Elles ont fourni aussi des colis alimentaires familiaux, des rations prêtes à consommer, des filtres à eau, des kits de «dignité» composés de produits d’hygiène. L’OMS a fourni des équipes médicales d’urgence (le Maroc n’a pas exprimé ce besoin), ainsi que des produits de traumatologie et de chirurgie.
À côté de ces besoins de survie, nécessaires pour affronter les prochains jours, semaines et mois, la reconstruction devra mobiliser des spécialistes en aménagement du territoire, des ingénieurs et des architectes, et prévoir probablement l’utilisation de nouveaux matériaux. Les derniers chiffres, non officiels, avancent le nombre de 30.000 logements à reconstruire avec les aménagements et des besoins financiers atteignant 5 milliards de dollars. Probablement, ça sera plus pour les logements. Le FMI et la Banque mondiale devraient être de la partie, ainsi que d’autres pays amis. Allons-nous abuser de la générosité d’autrui, comme d’autres l’ont fait? Ce n’est pas dans l’essence de la personnalité marocaine.
Les aides peuvent être variées et le Maroc a besoin de l’ensemble de ses amis maintenant et à l’avenir. Fallait-il «faire tout un plat» parce qu’un pays ami n’a pas été retenu pour participer aux premiers secours? Votre serviteur pense que non. Les domaines d’entraides dans le futur sont vastes (architecture, reconstruction, préservation du patrimoine…) et toutes les bonnes volontés seront accueillies à bras ouverts.
Le Maroc ne peut que se féliciter de l’extraordinaire élan de sympathie et de solidarité qu’il a suscité à travers le monde dans cette difficile épreuve. Le mérite revient au comportement digne et constant de sa diplomatie sous la conduite du roi Mohamed VI, à la fierté et au comportement solidaire de son peuple.
Gardons le cap, c’est notre devoir et il y va de notre honneur.