Chez lui, aux Etats-Unis, il est connu pour être un néoconservateur aux positions très dures à l'égard de pays comme l'Iran ou la Russie, et même va-t-en-guerre contre la Corée du Nord. Représentant «le pire de l'aventurisme américain en politique étrangère», selon le think tank américain Diplomacy Works, il a également été l'un des artisans de l'invasion de l'Irak en 2003.
Au Maroc, John Bolton aura marqué les esprits par ses positions ouvertement proches des thèses séparatistes. Le diplomate américain avait, en effet, affiché une partialité certaine dans la gestion du dossier du Sahara en soutenant la thèse des séparatistes. Et c’est sur lui que le choix du tempétueux président américain Donald Trump s’est porté pour en faire le nouveau conseiller à la sécurité nationale.
Chez le voisin de l’Est comme au sein du Polisario, l’annonce de sa nomination a rapidement fait réagir. «Le président américain Trump nomme John Bolton, ami du peuple sahraoui, conseiller à la sécurité nationale», titre ainsi le site séparatiste futurosahara. Et pour cause, Bolton n’est autre que l’architecte du tristement célèbre plan James Baker II (du nom de l’ancien envoyé spécial de secrétaire général de l’ONU au Sahara dont Bolton était membre de l’équipe). Ce plan défendait, entre autres, la thèse de l’impraticable référendum d’autodétermination et l’élargissement des attributions de la MINURSO aux questions de droits de l’Homme. Deux options intégralement rejetées par le Maroc. Nous sommes en 2003, et Bolton était alors une grande figure de la diplomatie américaine. Le plan a failli être imposé par le Conseil de sécurité mais depuis 2005, il a été définitivement jeté aux oubliettes.
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Depuis, cet avocat de formation, aujourd’hui âgé de 69 ans et ayant rempli plusieurs fonctions au sein des administrations Reagan et Bush, a occupé le poste d’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique aux Nations unies durant la période 2005-2006, sous l’ère de Kofi Annan. Le Sahara a ainsi cédé devant des thématiques jugées plus brûlantes.
Mais même sorti du dossier, Bolton a maintenu les mêmes positions. En 2011, il a d’ailleurs dénoncé au Congrès américain l'absence de progrès pour la tenue d'un référendum au Sahara. C’était lors d'une rencontre organisée par la fondation américaine «Defense Forum Foundation» avec les membres du staff du Congrès américain pour discuter des questions de sécurité des Etats-Unis.
En 2017, son nom avait même été évoqué pour succéder à l’ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara marocain, Christopher Ross. Mais il n’en fut rien. La question est de savoir si son arrivée dans l’équipe de Trump va peser sur le dossier. «Il est surtout attendu sur de grands dossiers où il a acquis une grande expérience, comme l’Iran et la Corée du Nord», nuance cet observateur. Le tweet posté par Bolton en réaction à sa nomination prouve que ses priorités sont ailleurs.
Reste également le fait que Bolton est la troisième personne à avoir été nommée à ce poste depuis l’investiture du nouveau président américain et qu’il n’est pas exclu qu’il fasse, lui aussi, l’objet d’un limogeage…sur Twitter.