Dimanche 21 avril, l’Union marocaine du travail (UMT) a publié un communiqué pour faire part de son mécontentement vis-à-vis du gouvernement qui «n’a pas convoqué la commission thématique consacrée à l’amélioration des revenus», ce qui amène à s’interroger sur «le sérieux du gouvernement dans la mise en œuvre des engagements» annoncés lors de la première séance du dialogue social, tenue en présence du Chef du gouvernement le 26 mars 2024.
«Dans ce contexte, le secrétariat national affirme son rejet de tout arbitrage liant le dossier de l’amélioration des revenus et des salaires au reste des grands dossiers sociaux», insiste la centrale dirigée par Miloudi Moukharik.
Augmentation des salaires: deux pistes en vue
Le gouvernement devait exposer son offre concernant l’amélioration des revenus avant la fin de la semaine passée. Concernant ce volet, deux pistes ont été explorées pour renforcer le pouvoir d’achat des salariés du public et du privé. D’une part, la réforme de l’impôt sur le revenu (IR), via un allégement de la pression fiscale sur les bas salaires, et de l’autre, une hausse générale des salaires dans le public, laquelle complétera celle induite par la réforme de l’IR.
Selon nos informations, cette hausse concernera uniquement les fonctionnaires qui n’ont pas bénéficié des hausses décrétées dans le cadre des précédents rounds de dialogue social. Pour l’heure, si le principe d’une augmentation des salaires est déjà acquis, les syndicats en ignorent encore le montant, tous comme les détails précis des ajustements prévus du barème de l’IR.
Lire aussi : Nouveau round de dialogue social: où en sont les négociations?
Toujours dans le cadre du dialogue social, le gouvernement devrait enchaîner ce lundi 22 avril deux réunions consacrées à la réforme des retraites avec la CDT et la CGEM, après celles tenues la semaine dernière avec l’UGTM et l’UMT. «L’ambition, d’ici le 1er mai, n’est pas d’acter la réforme définitive des retraites avec tous les détails, mais au moins de fixer l’ossature, les orientations stratégiques et l’horizon de cette réforme», nous a expliqué une source proche des négociations.
Le niet de l’UMT
Cependant, cela ne semble pas convenir à l’UMT qui, dans son communiqué dominical, a estimé que «les bases présentées par la ministre des Finances concernant les principes généraux encadrant la réforme des retraites ne répondent pas aux aspirations de la classe ouvrière marocaine».
Aux yeux de la centrale syndicale, les principes généraux exposés par le gouvernement contiennent des contradictions et ne confirment pas, comme cela a été souligné lors de la réunion de la commission thématique, la responsabilité de l’État dans la situation actuelle des caisses de retraite.
«Le secrétariat national souligne que toute approche de réforme globale du dossier des retraites nécessite d’adopter une approche purement sociale, dans laquelle l’État assume sa responsabilité dans la couverture du déficit des caisses et de reconsidérer la gouvernance des systèmes de retraites», ajoute l’UMT dans son communiqué.
Droit de grève, autre point d’achoppement
S’agissant du volet relatif à la loi organique définissant les conditions d’exercice du droit de grève, l’UMT affirme n’avoir pas reçu ledit projet de loi, tout en réitérant son opposition ferme à «toute manœuvre visant à restreindre le recours à ce droit constitutionnel».
Lire aussi : Dialogue social: le gouvernement cherche à conclure un accord avec les partenaires sociaux avant le 1er mai
Rappelons qu’en relançant le débat sur le droit de grève lors de ce nouveau round de dialogue social, le gouvernement espérait pouvoir clôturer ce sujet en parvenant à un consensus sur les amendements qui seront apportés au projet de loi, avant d’entamer les discussions législatives au cours de la session du printemps au Parlement.
Du côté du gouvernement, l’optimisme reste de mise. Les arbitrages qui émaneront des travaux des commissions thématiques ne tarderont pas à être soumis au chef du gouvernement dans l’espoir de pouvoir signer un accord social avant le 1er mai. «Il ne s’agit pas d’un accord nouveau. C’est un accord qui rend opérationnel celui du 30 avril 2022 définissant le montant de la hausse générale des salaires, le droit de grève et l’ossature de la réforme des retraites», précise une source proche des négociations.