Élections partielles dans les conseils communaux: des scrutins où ressurgissent de vieilles pratiques mafieuses

Un électeur glisse son bulletin de vote dans une urne. (Photo d'illustration)

Revue de presseLa révocation avec effet immédiat de plusieurs présidents de communes, qui a été à l’origine de la dissolution des bureaux en place et de la convocation de leurs membres pour l’élection de nouveaux présidents, a permis à des politiciens véreux d’exhumer de vieilles pratiques mafieuses. Candidats à ces scrutins, ils kidnappent des élus afin que le vote qui a lieu dans leur Conseil communal leur permette de remporter la majorité requise pour le siège de président. Une revue de presse d’Assabah.

Le 23/09/2024 à 20h36

Très ancienne, cette pratique mafieuse a ressurgi lors des dernières décisions prises par la justice administrative, où des présidents de communes ou d’autres collectivités territoriales ont été révoqués pour différentes raisons.

Dans diverses collectivités territoriales du Royaume, des élus, qui parfois consentent à cette curieuse pratique, se retrouvent à être enlevés, séquestrés, et placés sous surveillance dans des lieux éloignés des locaux du Conseil communal où ils siègent, jusqu’au moment du vote devant mener à l’élection d’un nouveau président.

Les candidats qui se livrent à cette pratique peuvent de cette façon remporter la majorité des voix à ce scrutin, ce qui leur permet par la suite d’obtenir le siège de président de cette instance communale, explique Assabah de ce mardi 24 septembre.

Selon des sources informées interrogées par le quotidien, «un candidat à la présidence du conseil d’une commune dans la région de Rabat-Salé-Kénitra a procédé, la fin de la semaine dernière, à l’enlèvement de trois élus pour faire pencher le scrutin en sa faveur et donc remporter la présidence du conseil».

Ces mêmes interlocuteurs ont précisé à Assabah que «c’est dans cette même région que la justice administrative avait ordonné la révocation du président de la commune urbaine de Kénitra, Anas Bouaanani, et d’autres grands élus, en plus du président du conseil municipal de Sidi Yahia El Gharb».

C’est aussi dans cette même région, ajoutent ces sources, qu’«un candidat à la présidence d’une commune s’est précipité pour céder un lot de terrain en contrepartie d’une somme d’un million de dirhams, afin de financer l’achat des voix de grands électeurs qu’il a réussi à enlever pour les emmener dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma».

Assabah ajoute qu’«un autre [candidat véreux] a réservé des chambres pour ses adversaires dans un hôtel à Moulay Yacoub, alors qu’un troisième a loué une luxueuse villa à Moulay Bousselham, en vue de loger ceux qui [n’allaient pas voter en sa faveur], pour remporter la présidence [de ce conseil communal] avec le soutien d’un grand leader d’un parti politique [formant] la majorité gouvernementale».

Le quotidien précise que cette tendance, pas du tout inédite, pour la réélection des présidents de communes révoqués, est actuellement fortement exploitée par ces trafiquants de scrutins électoraux, qui n’hésitent pas à enlever des dizaines de conseillers communaux.

Embarqués de gré ou de force vers des destinations inconnues, ils se retrouvent ainsi «neutralisés» par leurs adversaires politiques, qui entendent de cette manière se garantir un nombre de voix majoritaire leur permettant de remporter ce scrutin.

Par Mohamed Younsi
Le 23/09/2024 à 20h36