«Grave» affaire de la station de dessalement de Casablanca: le PPS propose une loi contre les conflits d’intérêts

Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme, le 20 décembre 2024. (Y.Mannan/Le360)

Le 20/12/2024 à 15h58

VidéoLa sélection controversée d’une des sociétés appartenant au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, pour réaliser la future station de dessalement d’eau de Casablanca pour un montant de 6,5 milliards de dirhams n’en finit pas de provoquer des remous au sein des partis d’opposition. Le PPS vient d’annoncer, vendredi 20 décembre 2024, une initiative. Les détails.

Le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a annoncé sa décision de présenter prochainement au Parlement une proposition de loi qui interdit fermement le conflit d’intérêts. «Le PPS présentera une proposition de loi interdisant d’une manière ferme et stricte les conflits d’intérêts», pour corser davantage l’arsenal juridique existant, a affirmé dans une déclaration pour Le360 le secrétaire général de cette formation politique, Nabil Benabdallah.

Qualifiant de «grave» cette affaire, l’opposition se dit particulièrement indignée par deux éléments. Le premier, à tort ou à raison, est relatif à la charte des investissements qui indique que tout «projet à caractère stratégique nécessitant un investissement lourd (2 milliards de dirhams au moins) bénéficie d’un soutien financier de l’État de l’ordre de 30%».

Le second motif d’indignation des partis de l’opposition est lié aux avantages fiscaux dont devrait bénéficier une des sociétés adjudicataires. Ce taux d’imposition fiscale est passé de 35% à 20%. C’est «le manque de clarté et la confusion», indique-t-on dans les milieux de l’opposition, qui ont «caractérisé l’attribution de ce marché».

Bien qu’Aziz Akhannouch ait assuré, le 16 décembre devant les députés, que le projet de la station de dessalement d’eau de Casablanca dont l’investissement total est estimé à 6,5 millions de dirhams ne bénéficiera pas de soutien étatique, le parti du PJD vient de réclamer du chef du gouvernement, également président de la Commission nationale des investissements, la publication d’un communiqué officiel dans lequel «l’absence d’aide de l’État» serait clairement indiquée.

«Du point de vue éthique et politique, nous ne pouvons pas accepter ce fait d’autant que le chef de l’exécutif préside la commission des investissements et que l’une de ses sociétés remporte un marché controversé», a relevé Nabil Benabdallah.

Ailleurs dans le monde, ce type de conflit d’intérêts entraine des sanctions, voire des démissions de leurs auteurs, rappelle le SG du PPS en dénonçant «l’attitude arrogante et répétée du chef du gouvernement vis-à-vis des députés de l’opposition».

«Nous voulons une loi ferme relative au conflit d’intérêts», a-t-il conclu. Le Parti justice et développement (PJD) a réclamé quant à lui, jeudi 19 décembre, la démission du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.

Lancé le 17 novembre 2024, l’appel d’offres a été remporté par un consortium composé d’Afriquia Gaz, Acciona, et Green of Africa. Ce projet, initié par l’ONEE, vise à concevoir, financer, réaliser et exploiter, pendant une durée de 30 ans (dont 3 ans pour la réalisation et 27 ans pour l’exploitation), une station de dessalement d’eau de mer pour un investissement de 6,5 milliards de dirhams. À terme, la station devrait avoir une capacité de production de 548.000 m³ par jour (soit 200 millions de m³ par an), extensible à 822.000 m³ par jour (300 millions de m³).

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 20/12/2024 à 15h58