Hassan Abdelkhalek a été ambassadeur du Maroc en Algérie de 2016 à 2021, date à laquelle la junte militaire a décidé de rompre ses relations avec le Royaume. Sa longue carrière de journaliste, de député, puis de diplomate en fait l’un des grands connaisseurs des relations entre les deux pays voisins. Le360 est allé à sa rencontre pour un éclairage sur les derniers développements dans ces relations avec la décision du régime algérien d’ouvrir une représentation, à Alger, du prétendu «Parti national rifain».
Pourquoi jouer la carte du séparatisme dans le Rif, là et maintenant?
Pour Hassan Abdelkhalek, rien de nouveau nous le ciel de la junte militaire algérienne sur ce dossier-là. «La doctrine du régime algérien, depuis l’indépendance de ce pays en 1962 jusqu’à nos jours, est fondée sur la haine du Maroc et les tentatives de porter atteinte à son intégrité territoriale et à ses intérêts nationaux. Il n’est donc pas étrange que ce régime revienne à la charge par le biais d’une tentative vouée à l’échec en créant le prétendu “Parti national rifain”, sous la supervision de ses services de renseignement étranger, et en le dotant d’une représentation dans la capitale Alger», répond notre interlocuteur, qui rappelle d’autres précédents épisodes où la junte a tenté de détourner les manifestations à caractère social dans le Rif pour les mêmes fins.
Il rappelle comment, au cours des dernières années, les services du renseignement étranger algériens ont instigué et financé des manifestations dans plusieurs capitales européennes, et notamment à Bruxelles, pour induire l’option publique internationale en erreur au sujet de la région du Rif. «Cette dernière basse manœuvre, consistant en la création du “Parti national rifain” en le dotant d’une représentation à Alger, s’inscrit dans la continuité de l’inimitié du régime algérien envers le Maroc et son intégrité territoriale», ajoute-t-il.
Pour résumer, selon Hassan Abdelkhalek, le régime algérien ne fait que changer de fusil d’épaule: la carte du Polisario grillée, il sort celle du Rif en tordant le cou aux vérités historiques, dont l’attachement des Rifains au Maroc et à ses institutions.
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«Une carte grillée et sans valeur grâce à la résistance du Maroc, à la sagesse et à la légitimité de ses positions, aux victoires successives remportées par notre pays pour défendre son intégrité territoriale, comme cela s’est concrétisé avec la reconnaissance internationale de la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud», explique notre interlocuteur.
Hassan Abdelkhalek explique aussi comment une telle démarche est condamnable à tous les niveaux, au Maroc comme en vertu des lois internationales: «Réunie autour d’un trafiquant de drogues avec la bénédiction des services du renseignement étranger, cette bande a officiellement demandé au régime algérien de lui fournir des centres d’entraînement au maniement des armes pour mener des attaques contre le Maroc.»
L’ancien diplomate ajoute: «Cette décision du régime algérien est par ailleurs condamnable d’abord chez les Marocains, forts de leur unité et jaloux de l’intégrité de leur territoire, puis au niveau international. L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies a fait adopter, en 1981, une résolution qui met au ban de la communauté internationale tout pays membre qui encourage le séparatisme dans n’importe quel autre état».
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Et de revenir sur cette énième contradiction du régime algérien, qui classe le Mouvement d’autodétermination de la Kabylie en tant que mouvement terroriste et, en même temps, abrite une bande qui revendique une partie du territoire marocain en lui donnant la qualité de mouvement de libération. «Ce régime est descendu très bas, il a touché le fond et ses attitudes sont condamnables chez tout esprit sain dans ce monde», conclut-il sur ce volet, en rappelant la sagesse du Maroc face à ces actes d’une extrême hostilité.
«Le Maroc a une position constante dans ses relations avec l’Algérie, et elle consiste à toujours tendre la main à ce pays voisin. N’oublions pas que le Roi, lors de plusieurs discours et initiatives, a officiellement déclaré que le Maroc tend la main à l’Algérie et a appelé le régime algérien à ce que les deux pays ouvrent tous les dossiers à travers un dialogue direct autour de toutes les affaires irrésolues», rappelle l’ex-ambassadeur du Maroc à Alger.
Hassan Abdelkhalek revient aussi sur la tentative du pays voisin de mettre en place un groupement régional en Afrique du Nord mais sans le Maroc et sur comment le régime algérien a été le fossoyeur d’un rêve qui s’appelle l’Union du Maghreb arabe. «Ce qui est sûr, c’est qu’il ne pourrait y avoir de Maghreb arabe sans le Maroc», tranche-t-il, rappelant que «celui qui a sapé l’UMA est bien le régime algérien car elle (l’UMA, ndlr) ne l’a pas suivi dans ses visées hégémoniques et son agenda dans la région».
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Il explique aussi comment l’Algérie, isolée au niveau régional, a fini par devenir l’ennemie de tous ses pays voisins: le Mali, le Niger, l’Espagne, l’Est de la Libye ou encore la République démocratique du Congo (RDC). Après avoir été le fossoyeur de l’UMA, le régime militaire cherche aujourd’hui à saper les fondements de la solidarité africaine.