Amnesty International est acculé au mur. Dans un long rapport, publié le 22 juin 2020 et qui a servi de base à une rafle d’articles dans 17 médias internationaux, Amnesty International (AI) affirme que le téléphone portable du journaliste Omar Radi a été infecté par Pegasus, un puissant système d’espionnage conçu par la société israélienne NSO Group. AI accuse dans ce rapport l’Etat marocain d’être l’auteur de cette opération d’espionnage. Pour étayer ces accusations, AI a affirmé que le téléphone de l’activiste Maati Monjib avait fait l’objet d’un acte de piratage similaire en 2018.
Après avoir réfuté catégoriquement les allégations d’AI dans un communiqué diffusé le 26 juin, en soulignant que le rapport n’a pas apporté les preuves tangibles sur le lien présumé du Maroc avec l’infiltration des téléphones des personnes citées dans le rapport d’Amnesty, le Maroc passe à une étape plus contraignante. Le gouvernement a publié, à l’issue de son conseil hebdomadaire de ce jeudi 2 juillet, un communiqué où il s’étonne du silence d’Amnesty à fournir des preuves, cinq jours après en avoir fait la demande formelle à directeur exécutif.
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Amnesty a le devoir de fournir les preuves de son assertion. Un double devoir: d’abord en direction du pays qu’elle accuse. Ensuite, envers le consortium de médias internationaux qui ont pris pour argent comptant le rapport d’AI, considérant sans doute qu’un organisme de défense des droits de l’homme, aussi réputé qu’Amnesty International, ne peut pas avancer une accusation aussi grave sans en détenir les preuves infaillibles.
Le Maroc dénonce la gêne d’Amnesty à étayer ses accusations. Il y voit la marque de la partialité de cet organisme qui a toujours fait preuve d’un préjugé coriace à l’égard du Maroc, quittant la sphère des droits de l’Homme pour intervenir dans la politique intérieure marocaine.
Omar Radi traite avec un super officier des renseignements britanniquesD’autre part, le communiqué du gouvernement dénonce l’exploitation par AI du journaliste-stagiaire Omar Radi, qui fait l’objet de poursuites pour atteinte à la sûreté de l’Etat, en raison de ses liens avec un officier d’une puissance étrangère. Le communiqué ne mentionne ni la nationalité, ni les services pour qui travaille cet officier, mais précise qu’il a fait l’objet de fuites en 2013.
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Selon des sources bien informées, l’agent traitant de Omar Radi est un officier de MI6, le service des renseignements extérieurs du Royaume-Uni. Dans les faits, il s’agit d’un officier dont l’identité a été révélée en 2013 par le lanceur d’alerte Edward Snowden. Cet espion de la couronne britannique a servi à Téhéran (Iran), Kabul (Afghanistan) et Moscou (Russie). Il a également occupé le poste de consultant politique à la haute commission britannique à Ottawa (Canada).
Membre du commandement militaire des forces britanniques en Ex-Yougoslavie, il a l’expérience d’un super-agent. Seuls des renseignements précieux peuvent justifier qu’un officier avec ce parcours puisse traiter avec Omar Radi. Faut-il rappeler que l’organisation qui accuse le Maroc de piratage électronique appartient au même pays que l’agent traitant de Omar Radi? Une coïncidence troublante qui ouvre la voie à toutes les hypothèses.