Dans cet entretien avec Le360, Ofir Akunis, ministre israélien de l’Innovation, des sciences et de la technologie, nous parle de sa première visite au Maroc, de sa rencontre avec Serge Berdugo, des projets en cours entre le Maroc et Israël, et du rôle que l’innovation et la technologie joueront dans le renforcement des relations bilatérales. Tout en soulignant les principaux objectifs de sa visite, il partage également ses réflexions sur l’état actuel des échanges entre les deux pays et sur les perspectives qu’un futur commun peut offrir.
Le360: C’est votre première visite au Maroc. Comment trouvez-vous le Royaume?
Ofir Akunis: Je perçois l’affection mutuelle entre le peuple marocain et nous. Je suis convaincu que cette affinité est un gage précieux pour l’avenir commun de nos deux nations. Au-delà de nos richesses historiques respectives, c’est surtout vers l’avenir que je souhaiterais orienter notre regard. Et cet avenir, je l’entrevois radieux.
Suite à la signature des Accords d’Abraham, nous avons pris l’engagement solennel de collaborer pour le bien de nos peuples. Cette coopération est d’ores et déjà en cours. Récemment, mon homologue des Transports a effectué une visite ici, tout comme le président de la Knesset et moi-même en ma qualité de ministre de la Science, de la Technologie et de l’Innovation. Il est évident que nous vivons un épisode exceptionnel dans nos relations bilatérales.
Pouvez-vous nous donner des détails sur votre rencontre avec Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc?
La réunion avec Serge Berdugo fut exceptionnellement productive. Il a, selon moi, joué un rôle incontestable dans l’élaboration des relations positives entre nos deux nations. Une mission qu’il poursuit avec ardeur depuis des décennies. Son dévouement à cette cause est réellement impressionnant. Je considère Serge comme l’une des figures de proue du traité qui unit nos deux nations, et ce rôle est essentiel à mes yeux.
Les accords d’Abraham ont véritablement métamorphosé la région, depuis le golfe Persique, en passant par Israël et le Moyen-Orient, jusqu’au Maroc. Par ailleurs, il convient de mentionner que d’autres pays et États rejoindront prochainement les Accords d’Abraham, car notre aspiration commune est la prospérité pour nos peuples. C’est notre priorité. Je crois que nos citoyens attendent de nous, en tant que dirigeants, des actions concrètes en leur faveur. Et cela fait justement partie des principaux objectifs de ma visite ici.
Une idée sur les projets en cours entre le Maroc et Israël?
Notre ambition première est de mettre en place des projets à travers l’ensemble du Maroc, y compris dans le Sahara marocain. Nous avons déjà lancé des initiatives dans le domaine de la technologie, de l’eau et de l’agritech, mais notre volonté est d’aller encore plus loin. Nous aspirons à étendre ces projets à l’ensemble du pays.
Comment qualifieriez-vous l’état actuel des relations entre le Maroc et Israël?
Les relations entre nos deux pays sont actuellement très positives. Néanmoins, je considère que ce n’est que le début et que notre entente peut se renforcer davantage. Simplement parce que nous avons tant à réaliser ensemble. De multiples domaines d’intérêt commun, tels que l’agriculture, l’eau et le changement climatique, nous rassemblent.
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Le changement climatique affecte tous les pays et nous avons la chance d’être proches l’un de l’autre pour travailler sur ce problème majeur. Je tiens aussi à souligner l’importance de la Foodtech pour Israël. Il s’agit en effet d’une priorité majeure pour nous, car la Foodtech représente l’une des solutions potentielles aux problématiques du changement climatique.
Que reste-t-il à faire à l’avenir pour renforcer davantage cette collaboration?
La première étape serait la signature d’un accord définissant nos objectifs communs et identifiant les domaines de collaboration possibles. Prenons l’exemple du dessalement de l’eau de mer. Vous êtes entourés d’abondantes ressources en eau de mer et nous possédons une expertise avancée dans ce domaine. Il serait donc bénéfique pour nous deux que des entreprises israéliennes viennent sur place pour développer une infrastructure de désalinisation.
Y a-t-il des initiatives en cours pour encourager les programmes d’échanges entre les étudiants marocains et israéliens ou pour favoriser des partenariats académiques?
C’est un sujet que nous avons abordé. Nous avons eu des discussions à ce sujet dans les universités ce matin. Je crois fermement en notre capacité à collaborer. L’Université de Rabat, que j’ai eu l’occasion de visiter, est un établissement qui m’a fortement impressionné, je dois le souligner.
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Le centre technologique, notamment, et toutes les activités innovantes qui y sont menées sont remarquables. Nous possédons de nombreuses universités et centres de recherche et développement, et nous souhaitons établir une coopération. Quant aux échanges d’étudiants, j’attends avec enthousiasme l’arrivée d’étudiants marocains dans nos villes - Jérusalem, Haïfa, Tel-Aviv, Beer-Sheva, et d’autres - tout comme je suis impatient de voir des étudiants israéliens au Maroc.
Envisagez-vous d’explorer d’autres villes marocaines durant votre séjour?
Hélas, ce ne sera pas pour cette fois. Nous arrivons tout juste de Casablanca, après avoir visité la synagogue Beth-El et la mosquée Hassan II. C’est sans doute l’un des édifices les plus remarquables que j’aie jamais contemplés. Casablanca est une ville magnifique. Cependant, notre emploi du temps est serré. Ce sera pour la prochaine fois. Même si le trajet n’est pas aussi court que vers Athènes ou Rome, il reste faisable. Sachez que j’ai déjà échangé avec le ministre des Transports. Nous devons augmenter la fréquence des vols entre Tel-Aviv et les villes marocaines comme Rabat, Fès et Casablanca, ainsi que d’autres destinations potentielles. Donc, d’autres visites seront programmées à l’avenir.
Un dernier mot?
Je tiens à exprimer mon optimisme. En collaborant sur des projets, en visant le bien-être de nos peuples et nations, nous pouvons réussir. Je prône toujours la signature de traités de paix avec tous nos voisins, et je les invite à dialoguer, à négocier. Si la région englobant la Méditerranée, le Moyen-Orient et jusqu’au golfe Persique connaît la paix, elle deviendra le cœur du monde, son centre. J’y crois fermement, car c’est ici que la civilisation a pris racine, tout autour de nous. Il ne s’agit donc pas seulement du passé, mais bien de l’avenir. Et je demeure très optimiste.
Pour conclure, je tiens simplement à exprimer ma joie d’être ici. Je suis très optimiste quant à nos relations et j’attends avec impatience de voir des Marocains visiter Israël, tout comme des Israéliens visitent le Maroc. Je les encourage à venir en Israël, à découvrir les splendides paysages israéliens et à visiter Jérusalem.