Je viens de faire passer l’examen de fin de trimestre à mes étudiants du programme ‘The Maghreb : Nature, Culture and Society’. Il s’agit d’un ensemble de cours ouvert à tous les étudiants de l’université d’Amsterdam, ce qui fait qu’il y a parmi ceux qui le suivent des futurs sociologues, politologues, linguistes, économistes, etc. La cinquième et dernière question de l’examen était la suivante : «Donnez un exposé objectif du conflit du Sahara occidental en tenant compte des positions de toutes les parties. Concluez en donnant votre avis sur une solution possible de ce conflit.»
Le résultat est très intéressant. Tous les étudiants ont conclu que la seule solution était de donner une large autonomie au territoire dans le cadre d’un Maroc décentralisé. Au début du programme (le 1er septembre donc), ces jeunes gens ne savaient rien du problème. Vu que les cours sont donnés en anglais, ils venaient du monde entier, dans le cadre du programme Erasmus ou à la suite d’accords entre universités. Et c’est ainsi qu’une Chinoise de Hong-Kong, une Sud-Africaine, un Anglais de père chypriote, deux Espagnoles (dont je n’arrive jamais à me souvenir des prénoms), une Américaine de la côte Est et quelques Néerlandais, après deux mois de cours où l’Histoire du Maghreb, ses cultures, sa géographie, etc., étaient traitées en détail, sont arrivés à cette conclusion somme toute raisonnable qui correspond en tout point au plan marocain de règlement du conflit. Rien ne les y obligeait. Ils ont simplement eu toutes les informations, toutes les données objectives, tous les points de vue.
C’est presqu’une expérience scientifique. On peut en conclure que quiconque, dans le monde, qui disposerait de toutes les informations, les données, les points de vue, devrait arriver à la même conclusion – en supposant que tout le monde a la même intelligence et la même capacité de déduction que mes élèves, ce qui n’est pas acquis, mais bon…
A contrario, on peut en déduire que ceux qui, dans le vaste monde, continuent de soutenir l’étrange nécessité de créer un énième pays dans le désert, un pays dont la viabilité et l’indépendance seraient à peu près nulles, sont tout simplement mal informés. Une solution serait de les inscrire à mon cours, mais comme l’université d’Amsterdam ne dispose pas d’une salle pouvant contenir un million d’étudiants, c’est malheureusement impossible. L’alternative, c’est de transformer tous les ambassadeurs marocains en autant de pédagogues qui donnerait inlassablement, dans les pays où ils sont en poste, ce même cours qui convainc les têtes bien faites du monde entier. Je tiens à la disposition de nos Excellences tous mes cours en présentation Powerpoint.
Hélas, il est à craindre que cela ne serve à rien. Ce n’est pas par manque d’information que la plupart des commentateurs et des activistes prennent des positions erronées. C’est le plus souvent par mauvaise foi ou par intérêt sonnant et trébuchant. Et contre la mauvaise foi et la vénalité, l’université, qui dispense un savoir désintéressé, ne peut rien…