Dans une déclaration à l’agence de presse officielle algérienne, APS, Tewfiq Hakkar, PDG de la Sonatrach, société étatique des hydrocarbures, a affirmé le vendredi 1er avril dernier, que malgré la crise ukrainienne et la flambée des prix du pétrole et du gaz, «l'Algérie a décidé de maintenir, pour l'ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n'est pas exclu de procéder à un “recalcul“ des prix avec notre client espagnol». Cela signifie clairement que si révision à la hausse des prix du gaz algérien il y aura, cette mesure va uniquement cibler l’Espagne.
Une telle déclaration est à elle seule suffisante pour mesurer le degré de la rage impuissante du régime algérien, suite au tournant historique que le gouvernement espagnol, dirigé par le socialiste Pedro Sanchez, vient d’opérer, en soutenant ouvertement la proposition marocaine d’autonomie comme la base sérieuse et crédible pour la résolution du différend créé autour du Sahara.
Depuis la prise de cette décision souveraine par l’Espagne, l’Algérie ne cesse de brandir des menaces à son encontre. Ainsi, en début de cette semaine, le secrétaire général du ministère algérien des Affaires étrangères déclarait qu’«il est clair que l’Algérie va revoir tous les accords avec l’Espagne, dans tous les domaines, pour voir comment la relation évolue à l’avenir». En d’autres termes, l’Algérie croit pouvoir mettre la pression sur le gouvernement espagnol pour le faire plier et revenir sur sa décision prise au sujet du Sahara marocain.
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C’est dans ce sens que, selon de nombreux médias algériens et espagnols, l’Algérie vient de prendre quelques mesures, insignifiantes certes, mais qui tiennent lieu de sanctions contre Madrid. Il s’agit par exemple de la décision de suspendre tous les rapatriements d’immigrés algériens entrés illégalement en Espagne, ou celle de ne pas programmer des vols d’Air Algérie vers l’Espagne, suspendus depuis deux années à cause de la pandémie de Covid-19, et qui viennent de reprendre vers l’Europe, la France en particulier. La compagnie espagnole Iberia n’a pas non plus été autorisée à desservir des destinations en Algérie. Ces mesures, relayées par des sources médiatiques, n’ont toutefois pas été confirmées par une source officielle.
De même, Alger laisse entendre que son ambassadeur à Madrid, rappelé le 19 mars dernier pour consultations, risque de ne plus revenir à son poste, ce qui s’apparente à une autre menace, celle d'une rupture unilatérale des relations diplomatiques, comme elle l’avait fait l’été dernier avec son voisin marocain.
Pour que le régime algérien, qui se réfugiait derrière une position «de principe» sur le dossier du Sahara sorte, pour non seulement jouer à découvert, mais pour assumer son statut de véritable partie au conflit du Sahara atlantique, c’est que la décision espagnole fait office de game changer. La junte algérienne a compris qu’elle a bel et bien perdu la partie engagée depuis 47 ans pour contrer l’intégrité territoriale du Maroc. Le rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid, ainsi que l’escalade diplomatique et médiatique opérées, n’ont pas ébranlé d’un iota la détermination du gouvernement espagnole à ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux Royaumes. Les lettres d’or de cette nouvelle page seront inscrites lors de la visite, pendant ce mois de Ramadan, du président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, au Maroc, suite à l’invitation que lui a adressée le roi Mohammed VI.
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En réalité, l’Algérie s’est privée toute seule du levier de pression par le gaz sur l’Espagne. En fermant le GME, les gérontes qui dirigent l’Algérie ont accepté de voir leur part d’approvisionnement du marché espagnol passer de 40 à 23%. Mieux: aujourd’hui l’Algérie a perdu son statut de premier fournisseur de l’Espagne en gaz en faveur des Etats-Unis. La haine du Maroc a conduit le régime algérien droit au mur.
Au-delà du gaz, le régime algérien devrait changer son logiciel, antérieur à la chute du mur de Berlin, s’il veut peser sur les relations internationales. Il devrait aussi regarder du côté de la Russie, qui tient dans la dépendance au gaz nombre de pays européens, qui n’ont pas pourtant choisi le camp du gaz lors de l’invasion de l’Ukraine.
Avec cette menace, le régime algérien montre qu’il est à bout de souffle, et surtout qu’il est dépourvu de leviers pour peser sur les relations internationales. Il n’a que le chantage au gaz. Une arme qui n’impressionne personne et qui n’arrêtera pas le nouvel élan inexorable dans les relations entre Madrid et Rabat, lesquelles seront bénéfique pour les peuples espagnol et marocain.