Ces derniers mois, les relations algéro-iraniennes ont connu un réchauffement sans précédent, et ce à au moment où les régimes des deux pays sont de plus en plus isolés, tant dans leur région respective que sur le plan international.
Ainsi, l’agence de presse officielle iranienne (IRNA) a rapporté, le 11 novembre 2021, que le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et son homologue iranien, Hossein Amir Abdollahian, ont eu un nouvel entretien téléphonique jeudi dernier.
Après leur rencontre à New York, en septembre dernier, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, les deux chefs de diplomatie ont surtout affiché, selon IRNA, leur opposition totale à la percée diplomatique que vient de réaliser l’Etat d’Israël en Afrique. Hossein Amir Abdollahian aurait ainsi qualifié de «position louable», le «vote du gouvernement algérien contre l'adhésion de l'entité sioniste à l'Union africaine».
Ramtane Lamamra, à son tour, a exprimé son soutien à l’Iran dans le bras de fer qui l’oppose à certains pays occidentaux, Etats-Unis en tête, et souhaité le «succès des pourparlers sur la relance de l'accord nucléaire iranien».
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Il est cependant étonnant de remarquer que cette activité officielle du ministre algérien des Affaires étrangères, que Ramtane Lamamra a lui-même relayée sur son compte Twitter, n’a pas eu le moindre écho dans les médias officiels algériens. Une façon peut-être pour le régime algérien d’éviter de confirmer les «inquiétudes» exprimées par le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, le 13 août dernier à Casablanca, à l’issue de sa première visite officielle au Maroc.
Yaïr Lapid avait clairement fait part de son «inquiétude quant au rôle de l’Etat algérien dans la région, qui s’est rapproché de l’Iran et mène actuellement une campagne contre l’admission d’Israël à l’Union africaine en tant qu’observateur». On se souvient que les propos du chef de la diplomatie avaient fait réagir officiellement le régime algérien dans un communiqué de protestation. Mieux: le 24 août quand Ramtane Lamamra a récité son laïus supposé justifier la décision du régime algérien de rompre unilatéralement ses relations avec le Royaume, il avait longuement commenté les propos de Yaïr Lapid, qu’il a considérés comme «une première depuis 1948».
Or, les propos de Hossein Amir Abdollahian confirment parfaitement les déclarations et craintes du ministre israélien sur l’existence et les dangers de l’axe Alger-Téhéran.
De même, les échanges irano-algériens de jeudi dernier interviennent à l’issue de la grand-messe des ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques algériens qui s’est tenue cette semaine Alger, et au cours de laquelle le président algérien, lui-même, n’a pas manqué de cibler le Maroc, accusé d’avoir tissé des relations avec «l’Etat sioniste».
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Par ce nouvel activisme à destination de l’Iran, Ramtane Lamamra, qui avait déjà lamentablement échoué à entraîner les Etats africains dans sa haine contre Israël, tente ainsi de renforcer la connivence entre Alger et Téhéran. D’ailleurs devant le conclave des diplomates algériens, il n’a pas hésité à affirmer, mercredi dernier, que «tous les pays arabes et africains membres de la Ligue arabe et de l’UA, de la Mauritanie jusqu’à l'Egypte, ont été contre l’octroi du statut d’observateur à Israël à l’exception du Royaume du Maroc qui a mené campagne en faveur de ce statut». Ramtane Lamamra n’hésite plus à attaquer le Maroc au motif que le Royaume soutient la présence d’Israël sur le continent africain.
Le chef de la diplomatie algérienne s’est également lancé dans une violente diatribe contre le président de la Commission africaine, Moussa Faki Mahamat, qui, malgré une écrasante majorité de pays africains favorable au statut de membre observateur accordé à Israël au sein de l’UA, n’avait pas, selon Ramtane Lamamra «le droit de mettre en péril l’unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables». Reste à savoir quelle sera l’attitude de l’Algérie quand, en février prochain, le sommet des chefs d’Etat africains avalisera la décision du statut d’observateur accordé à Israël.
Et ce n’est pas tout. Le régime militaro-politique, qui espère organiser, au mois de mars 2022, le sommet extraordinaire de la Ligue arabe, défend ardemment le retour de la Syrie au sein de l’instance qui réunit les Etats arabes. Quand on sait que la Syrie a fait allégeance au régime des mollahs, cela ne fait que renforcer les soupçons liés aux dessins funestes de l’axe Alger-Téhéran.