«Je suis heureuse que le chef du gouvernement s’exprime longuement, pour la première fois, sur les droits de la femme», a d’emblée déclaré Ouafa Hajji, coordinatrice du collectif «Parité maintenant», dans un entretien avec Le360, à la veille du Grand oral d’Aziz Akhannouch au Parlement. Et de rappeler que «depuis 2011, les militants des droits humains attendent la mise en oeuvre de certains textes de la Constitution, en particulier l’article 19. Et c’est dans cet esprit que notre collectif, composé de 75 personnalités, a travaillé sur la mise au point d’un projet de loi-cadre pour l’égalité, la parité et la lutte contre toutes les formes de discrimination».
Ont contribué à la rédaction de ce texte, remis au Chef du gouvernement et au Parlement, des leaders politiques et syndicalistes, ainsi que des représentants d’ONG et des personnalités du monde de la culture. «Nous considérons que l’article 19 mérite une loi-cadre qui puisse mettre en place des priorités et un délai pour la réalisation de l’égalité et la parité. C’est en mettant en place des délais et des priorités que l’on peut véritablement avancer», explique notre interlocutrice.
Cette dernière, également membre fondatrice de l’ONG Jossour, propose ainsi «de fixer la date à l’année 2030, en faisant coïncider la réalisation de la parité avec l’agenda des objectifs du développement durable». Choisir 2030 comme date butoir peut sembler un délai court, reconnaît-elle, mais «il est nécessaire de mettre en place des priorités, notamment au niveau de l’égalité et la parité dans le domaine institutionnel et politique, et dans le domaine de l’économie où la femme subit le plus d’inégalités en termes de salaire, de retraite et d’accès pour les enfants à la protection sociale», a expliqué cette membre du bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, opposition) et présidente de l’Internationale socialiste des femmes.
«Au moment où le Maroc a adopté un nouveau modèle de développement, il ne peut se passer de 50% de sa population.»
— Ouata Hajji, coordinatrice du collectif "Parité maintenant" et membre fondatrice de l'ONG Joussour.
Il s’agit, pour elle, d’établir «une relation plus directe et plus harmonieuse entre l’espace public et tout ce qui est institutionnel, politique, économique et culturel d’une part, et l’espace privé avec le Code de la famille de l’autre, parce qu’il faut véritablement libérer le potentiel des femmes». Une nécessité encore plus impérieuse «au moment où le Maroc a adopté un nouveau modèle de développement, dans le cadre duquel il ne peut se passer de 50% de sa population», ajoute-t-elle.
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Ce que le collectif dit attendre du Chef du gouvernement, c’est la mise en place d’une stratégie qui repose sur le principe de l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, et qu’il définisse les priorités pour l’atteindre. «Et la meilleure des priorités, c’est une loi-cadre qui permet d’établir une norme pour réformer le Code pénal, le Code de la famille et le Code du travail», insiste Ouafa Hajji. Et de rappeler que la révision du Code de la famille «a été citée comme une priorité par Sa Majesté dans le discours de Trône de 2022», et que le Souverain avait également appelé «à la mise en oeuvre l’article 19 de la Constitution, et aller de manière active vers la parité», conclut-elle.