La sortie a au moins le mérite de tirer au clair le fond du propos de Staffan de Mistura, Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, lors de son briefing devant le Conseil de sécurité. Pour la deuxième fois, lors d’un point de presse tenu ce lundi 21 octobre à New York, Farhan Haq, porte-parole adjoint de l’ONU, a précisé que la piste de partition du Sahara évoquée par le responsable onusien n’était pas une proposition. Loin s’en faut.
Farhan Haq a de nouveau précisé que le message de l’Envoyé personnel pour le Sahara «était que le temps est venu pour le Maroc d’expliquer et de développer sa proposition d’autonomie», apprend-on. Pour lui, de Mistura a souligné dans son briefing au Conseil de sécurité la semaine dernière que les options restantes, et à l’exclusion de toute partition, étaient les documents présentés en 2007 respectivement par le Polisario et le Maroc. «Dans cet esprit, son message (de Mistura) au Conseil était que le moment était venu pour le Maroc d’expliquer et de développer sa proposition d’autonomie de 2007», a insisté le porte-parole adjoint de l’ONU.
La question d’une éventuelle partition du territoire a certes été évoquée dernièrement au cours des consultations régulières de l’Envoyé personnel avec toutes les parties concernées au sein du Conseil de sécurité. Le rôle que l’Algérie y a joué est évident. Farhan Haq est revenu, en long et en large dessus, en enfonçant davantage le régime voisin. «Cette idée, basée sur un accord entre le Maroc et la Mauritanie en 1975, a été évoquée par le président algérien de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, et présentée par l’Envoyé personnel, James Baker, au Conseil de sécurité en 2002», a-t-il précisé. L’Envoyé personnel a minutieusement scruté cette option, mais a fini par conclure que le Maroc et le front Polisario la rejettent.
Vendredi dernier, Farhan Haq n’avait pas dit autre chose. «Je ne qualifierais pas cela (partition) d’une proposition. Je dirais simplement que l’Envoyé personnel a essentiellement informé le Conseil de sécurité de son travail sur le dossier du Sahara occidental et qu’il se réjouit de collaborer avec toutes les parties concernées pour faire avancer le processus de manière constructive dans la période précédant les prochaines consultations étroites, qui devraient avoir lieu en avril 2025, et de rendre compte de tout éventuel progrès», a indiqué le porte-parole.
Circulez donc, il n’y a rien à voir. Et matériellement, il ne subsiste que l’option d’autonomie du Sahara comme unique base d’un règlement du conflit régional qui oppose le Maroc à l’Algérie, celle-ci lui contestant sa souveraineté sur ses provinces du Sud. S’agissant à ce titre de la demande de Staffan de Mistura voulant que le Maroc explique davantage son plan d’autonomie, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita a été on ne peut plus clair. C’était ce même lundi à Rabat lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de sa rencontre avec le chef de la diplomatie de l’Estonie, Margus Tsahkna.
«Nous sommes évidemment disposés à aller dans le détail de cette proposition, dans le respect des lignes rouges que nous nous sommes fixées et sans toucher aux bases qui en constituent le fondement, le jour où toutes les parties impliquées dans le conflit accepteront l’autonomie comme seule base d’une solution au différend. En l’absence de cette volonté, comme c’est le cas actuellement, une telle éventualité est prématurée. Pour l’heure, elle n’est pas à l’ordre du jour», a tranché Nasser Bourita.
Au préalable, «ce dont Staffan de Mistura devait nous informer, c’est la source qui lui a encore soufflé cette idée de partition», a noté Nasser Bourita. «Il aurait fallu nous préciser quelles parties se cachent derrière cette proposition et pourquoi elle a de nouveau été mise sur la table en avril dernier, suivant quelle logique et avec quelles arrière-pensées», a remarqué le ministre. Une chose est sûre pour lui, l’hypothèse est mort-née et elle est définitivement hors de propos.
«De la même manière que nous avons rejeté la proposition initiale, celle de James Baker en 2002, nous n’avons pas accordé d’intérêt à ce qui nous semble être du réchauffé. Le Maroc, comme l’a rappelé le roi Mohammed VI, ne négocie pas son Sahara ni son intégrité territoriale. Le Royaume négocie autour d’un conflit régional avec un pays voisin qui lui dispute sa souveraineté sur sa terre. Autrement, le Sahara marocain n’a jamais et ne sera jamais l’objet d’un quelconque compromis ou ne serait-ce que d’une discussion», a affirmé Nasser Bourita. L’autonomie, elle, est un point d’arrivée et non de départ. Fin de l’histoire.