Est-il éthiquement correct de profiter du contexte actuel de propagation mondiale d’une pandémie pour distiller la propagande insidieuse du séparatisme? C’est en tout cas la question que doit se poser légitimement le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la lecture d’une missive kafkaïenne que vient lui adresser le chef du Polisario.
Ce dernier a en effet cru bon de se faire gonfler les voiles avec le puissant vent de panique qui souffle actuellement sur la planète tout entière, consécutivement à la pandémie du Covid-19, pour tenter de se sortir de la mauvaise passe dans laquelle le Polisario ne cesse de s’enliser depuis quelque temps déjà.
A travers cette missive, relayée bien évidemment par l’agence de presse algérienne (APS) le dimanche 22 mars, Brahim Ghali affirme vouloir attirer l’attention du secrétaire général de l’ONU, «à la lumière de la propagation du nouveau coronavirus», sur ce qu’il appelle «la situation dangereuse dans laquelle se trouvent les prisonniers civils sahraouis dans les prisons marocaines»!
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Le geôlier en chef du tristement célèbre bagne-mouroir de Dheybia, dans les camps de Lahmada, où des milliers de Sahraouis ont été embastillés et tués, a aussi eu l’outrecuidance de parler d’une prétendue «absence de conditions sanitaires» dans les prisons marocaines, qui constitueraient un danger pour les «prisonniers sahraouis».
Et qui sont ces prisonniers en «situation dangereuse» sur lesquels Brahim Ghali dit «attirer l’attention» du secrétaire général de l’ONU? Rien d’autre que les 23 détenus marocains condamnés par la cour d’appel de Rabat en juillet 2017 pour crimes d’assassinats de 14 agents des forces de l’ordre en novembre 2010, au cours des évènements de Gdim Izik. L’on se rappelle que lors de ce procès, ouvert à de nombreux avocats et observateurs internationaux, ces derniers ont conclu à une affaire strictement marocco-marocaine, jugée dans le respect du droit et de la loi, voire à un procès qui a davantage confirmé la marocanité du Sahara.
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Ce verdict sans appel a constitué un échec cuisant pour le Polisario qui avait tout misé sur ce procès, mais qui commence ces derniers temps à sentir, en bien pire encore, que le contrôle des populations des camps, qui ne croient plus à sa propagande, risque de lui échapper à tout moment. En effet, ces populations ne se font plus d’illusions, surtout en voyant le nouveau positionnement de l’Union africaine qui s’est radicalement auto-dessaisie du dossier du Sahara au profit de la seule ONU, mais aussi la cascade d’ouvertures récentes de consulats africains dans les grandes villes du Sahara marocain, qui constituent autant de revers fatals pour le Polisario.
Il faut croire donc que la récente lettre du chef du Polisario à Antonio Guterres est, a contrario des futilités qu’elle distille, une façon de détourner l’attention sur les récentes mesures d’emprisonnement collectif et total imposées aux habitants sahraouis des camps de Lahmada, sous prétexte de coronavirus, encore inexistant dans le sud algérien.
Sur la foi des informations rapportées par les sites mêmes proches du Polisario, il est désormais interdit aux Sahraouis des camps de se rendre dans la ville voisine de Tindouf, ou de quitter les camps sous quelque prétexte que ce soit. Une autre manière de surfer sur la pandémie de coronavirus, non pas pour la prévenir, mais pour retarder l’échéance de l’inéluctable révolte des camps sahraouis en Algérie. La propagande et les répétitifs «J’ai écrit au secrétaire général de l’ONU, donc j’existe» de Brahim Ghali n’y pourront rien.