Tous les médias algériens ne parlent que de lui. Même l’agence officielle, APS, qui fait l’impasse sur les millions d’Algériens qui battent le pavé tous les mardis et vendredis, n’a trouvé aucune gêne à citer dans une dépêche les marches du Hirak. Non pas pour relayer les slogans brandis par le peuple, ni rendre compte de la répression policière à l'encontre d’enfants, de femmes et de personnes âgées, particulièrement à Oran, mais pour parler d’un Marocain à Alger.
«Les services de la Sûreté de la wilaya d'Alger ont arrêté, vendredi, une personne de nationalité marocaine infiltrée parmi les participants, à la marche du Hirak, au niveau de la Place du 1er mai (Alger), a indiqué un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN)», écrit l’APS. Et d’ajouter : «Agé de 30 ans, ce ressortissant marocain séjourne illégalement en Algérie», a précisé la même source qui fait état de «l'ouverture d'une enquête par les services de la Sûreté de la wilaya d'Alger».
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Le régime algérien a enfin mis la main sur l’instigateur du Hirak: un Marocain, un seul, perdu dans la masse de centaines de milliers d’Algérois. Pourtant les services de la police l’ont repéré et l’ont arrêté. Qu’avait-il de si particulier ce Marocain? Portait-il une combinaison de cosmonaute? Etait-il drapé dans le drapeau marocain? Tenait-il deux baguettes pour montrer le bon tempo au peuple qui chantait «généraux à la poubelle»? L’enquête qui tient en haleine tout le régime et ses relais médiatiques nous le dira.
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L’hystérie médiatique faite autour de cette arrestation ubuesque (les principaux journaux algériens en font état) montre que le régime algérien cherche désespérément un bouc émissaire étranger, et de préférence marocain. Cela montre aussi que le régime algérien est sans tête et qu’il ne craint ni le ridicule, ni la déraison pour trouver une main étrangère, responsable de manifestations millionièmes qui ne peuvent émaner que du peuple.
Ce n’est pas la première tentative du régime pour inventer un ennemi extérieur au Hirak. Un soi-disant terroriste, dénommé Abou Dahdah, est devenu la risée des Algériens après son passage à la télévision publique où il accusait des activistes pacifiques, établis à l’étranger, d’être de connivence avec lui. Le peuple algérien saura également tourner en dérision l’arrestation du Marocain, âgé de 30 ans.
Tout cela aurait pu prêter à rire si ce n’était pas symptomatique d’un régime dépassé, en panne d’idées, et aux abois. Le régime algérien donne des signes d’une déliquescence inhabituelle dans un Etat. Le Royaume du Maroc devrait s’attendre à tout, y compris aux scénarios les plus improbables, de la part d’un régime qui a perdu la raison.