L’Europe, continent proche de nous, figure parmi les ensembles économiques majeurs, c’est la deuxième puissance économique mondiale, engagées dans la relocalisation. Fortement impactée par une crise sanitaire sans précédent: la Covid-19 et des bouleversements géopolitiques: conflit en Ukraine, elle est plus que jamais décidée à reconquérir sa souveraineté industrielle à travers un accroissement des investissements et un vaste mouvement de relocalisation.
Une question se pose: ce mouvement va-t-il s’astreindre à l’aire géographique européenne ou englober les autres pays limitrophes ayant la capacité d’accueillir des investissements?
Les chiffres disponibles pour 2021 font ressortir que c’est la France qui est la première bénéficiaire des investissements industriels nouveaux/relocalisés en Europe, suivie de la Grande Bretagne et L’Allemagne. Ces trois pays ont été récipiendaires des investissements les plus capitalistiques (coût en capital d’un emploi crée). Pour les activités les moins capitalistiques, le choix s’est porté sur le Portugal, l’Italie et… la Turquie.
La présence de la Turquie exclut une préférence exclusivement européenne, car elle a été choisie au détriment de l’Espagne et des pays de l’Est. Le fait qu’elle ne soit pas plus proche de l’Europe géographiquement, juridiquement (ALE), ni politiquement que d’autres pays voisins, alimente l’optimisme d’autres éventuels candidats.
L’interrogation sur les critères de sélection se pose. Le choix de l’Italie pour certaines activités éloigne l’option coûts salariaux, ce pays a des salaires relativement élevés. Certaines analyses mettent en avant le niveau de développement industriel du pays, la qualité de ses ressources humaines. Pourquoi alors choisir le Portugal et non l’Espagne?
Les relocalisations ont concerné des secteurs où le Maroc est présent (aéronautique, automobile et textile) ou d’autres où il affiche des ambitions (chimie). Bien que revendiquant des capacités compétitives appréciables dans les trois métiers mondiaux, beaucoup d’investisseurs ont privilégié d’autres destinations. Le Maroc n’a pas bénéficié de manière significative des investissements en aéronautique à titre d’exemple.
Sachant que ce mouvement de relocalisation va s’étaler de 2021 à 2025, n’est-il pas pertinent de s’interroger, encore et encore, sur les moyens d’améliorer rapidement l’attractivité de notre territoire à l’investissement industriel. Pourquoi encore et encore? Tout simplement parce ce que la notion d’attractivité est évolutive et doit accompagner en permanence les exigences de l’investisseur. Pourquoi focaliser sur l’investissement industriel? Parce que notre pays a besoin de l’organisation de l’industrie, de sa quête d’une meilleure productivité du travail à travers le recours à de nouvelles technologies, afin de faire évoluer notre société plus rapidement vers la modernité. L’industrie est aussi une affaire culturelle.
Il ne suffit plus aujourd’hui pour rendre son territoire plus attractif aux Investissements Directs Etrangers (IDE) pour un pays de suivre une politique de stabilisation macroéconomique, de signer des Accords de Libre Echanges, d’opérer des privatisations et d’améliorer le climat des affaires. Il faut une véritable ouverture commerciale, engager des dépenses d’infrastructures de taille, encourager la montée en gamme des compétences à travers la formation professionnelle et un enseignement de qualité, disposer d’un système financier moderne, une fiscalité attractive et s’engager dans la transition énergétique. Cela peut sembler beaucoup. Du tout. Le Maroc a pris plusieurs longueurs d’avance comparativement à d’autres pays et ce dans plusieurs domaines. Toutefois pour être parmi les «mieux disant», il y a encore du travail à fournir. Heureusement pas énormément.