Marocains résidant à l’étranger: les contours d’un re-engineering royal

Le Roi Mohammed VI.

Le roi Mohammed VI.

Dans son discours, prononcé à l’occasion du 49ème anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a annoncé une refonte des structures dédiées aux Marocains résidant à l’étranger. Une nouvelle architecture institutionnelle qui a pour objectif de renforcer l’efficacité de l’action publique en faveur de la diaspora et d’accroître son rôle dans le développement national.

Le 06/11/2024 à 21h38

Stratégique, structurant et inclusif. Tel est le «re-engineering royal» des organes dédiés aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) annoncé par le Souverain dans son discours prononcé à l’occasion du 49ème anniversaire de la Marche verte.

Cette refonte stratégique s’inscrit dans la continuité du discours royal d’août 2022, au cours duquel le Souverain avait dressé un diagnostic lucide et sans appel de la gouvernance des affaires de la diaspora. Le Roi y appelait à une révision fondamentale de l’action de l’État en direction de cette communauté. En réponse, une préparation rigoureuse a été entreprise au sein des ministères concernés, coordonnée par une commission interministérielle sous la présidence du chef du gouvernement.

Une réforme qui vise non seulement à renforcer les liens de la diaspora avec sa mère-patrie, mais également à rationaliser les structures en charge des MRE pour une meilleure efficacité. «Les institutions concernées seront ainsi restructurées, de manière à prévenir le chevauchement de leurs attributions respectives et l’éparpillement des intervenants et afin d’assurer leur adaptation aux nouveaux besoins de cette communauté», a souligné le Roi dans son discours.

Le roi Mohammed VI fixe aussi un cap stratégique: coordonner les efforts dispersés pour que les multiples acteurs agissent en synergie, mettant fin aux doublons et à l’inertie qui freinent souvent l’efficacité de l’administration. Une restructuration qui veut en effet instaurer une interface unifiée pour les MRE, pour que chaque demande, chaque initiative de la diaspora soit traitée rapidement et efficacement, sans les circuits bureaucratiques qui complexifient leurs démarches.

À nouvelles réalités, nouvelle ambition

Pour atteindre ces objectifs, le gouvernement est appelé à restructurer le cadre institutionnel autour de deux entités principales. La première est le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), qui, en tant qu’institution constitutionnelle autonome, doit, selon le roi Mohammed VI «assumer pleinement son rôle de cadre de réflexion et de force de proposition et refléter la représentativité des différentes composantes de cette communauté. À cet égard, Nous appelons à diligenter l’adoption de la nouvelle loi relative au Conseil, dans la perspective de son installation dans les meilleurs délais». L’objectif est que cette instance soit plus représentative et à en faire un espace de débat et d’échanges, une véritable force de proposition.

La seconde entité est la Fondation Mohammedia des Marocains résidant à l’étranger, dont la création est annoncée. Cette institution deviendra le bras opérationnel de la politique publique concernant les MRE. Elle aura pour mission d’agréger les attributions actuellement dispersées entre une multitude d’acteurs, et de coordonner l’élaboration et la mise en œuvre de la Stratégie nationale dédiée aux Marocains résidant à l’étranger.

Cette nouvelle Fondation sera également chargée de gérer le Mécanisme national de mobilisation des compétences des Marocains résidant à l’étranger, un dispositif que le Roi a placé au cœur des missions de l’institution. L’objectif est clair: ouvrir la voie aux compétences et expertises marocaines installées à l’étranger, et accompagner les porteurs d’initiatives et de projets souhaitant contribuer au développement du Maroc.

Parallèlement, le Souverain attend de cette institution qu’elle donne une forte impulsion à l’encadrement linguistique, culturel et religieux des membres de la communauté, toutes générations confondues. Pour ce faire, l’implication des départements ministériels concernés et des différents acteurs est jugée essentielle. «À ce propos, la simplification et la numérisation des procédures administratives et judiciaires à l’intention de Nos fils établis à l’étranger figurent parmi les défis majeurs que cette instance devra relever», a déclaré le Roi.

Il s’agit là d’une mission fondamentale et prometteuse dans le cadre de la nouvelle impulsion donnée aux relations multidimensionnelles des MRE avec leur pays d’origine. Les compétences et talents de la diaspora auront ainsi une plateforme d’interlocuteur unique et désigné, doté d’attributions et de moyens. Une cheville ouvrière d’une offre culturelle moderne et plurielle à destination des différentes générations des MRE.

Par cette réforme, le Royaume entend également stimuler les investissements des MRE, dont la participation actuelle ne dépasse pas 10% du total des investissements privés au Maroc. Une faible participation qui invite à une révision des dispositifs d’incitation et à une meilleure coordination avec les Centres régionaux d’investissement (CRI) et les établissements bancaires marocains. L’objectif est de créer un environnement favorable aux investissements de la diaspora, pour permettre aux MRE de jouer pleinement leur rôle dans la croissance économique du Maroc.

Par Hajar Kharroubi
Le 06/11/2024 à 21h38

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VOS RÉACTIONS

Il faut absolument installer la confiance et le pragmatisme pourquoi ne pas installer une structure solide, compétant, efficace dans chaque consulat qui aura pour mission de prendre en charge certaines difficultés administratives au pays

Il faut une représentativité qui est une très bonne nouvelle. Toutefois, celle ci doit également rassurer les MRE en s'attaquant à quelques problèmes qui suscitent chez eux beaucoup d'angoisses , à commencer par : La protection des biens des MRE dans le pays , mais aussi leurs intérêts en général pouvant les mettre en difficulté à l'étranger . -La facilitation numérique concernant les actes de naissance ou autres ne fonctionne pas , il suffit de voir les plaintes des MRE, Certains services consulaires ne sont pas très actifs sans oublier le problème d'accueil . Donc si on veut du bien pour notre pays et investir afin de générer de la prospérité pour notre patrie , nous devons tous sans exception écouter sa Majesté ( responsables ou citoyens ) et agir ensemble pour aller de l'avant .

@Cobra, Entièrement d'accord avec ce que vous dites. J'habite en France, je n'ai pas réussi à faire mon carnet d'Etat civil tellement l'incompétence et le non respect du personnel consulaire est flagrant. De ce fait j'ai laissé tomber. Mes 3 enfants ne sont toujours pas connus au Maroc. Il y a un gros travail de formation et de briefing à mener. Le manque de confiance envers ces interlocuteurs me refroidit et ne m'encourage pas à investir au Maroc. C'est dommage.

Vive le maroc vivre les marocain et surtout vive le roi et sa famille

Le discours du roi est à mon sens un tourant à plusieurs égards. La main tendue aux "houkistes" fait dorénavant du passé et la réalité du terrain impose une vision limpide et pragmatique. Il ne s'agit plus de fermer les yeux sur les attaques répétées et quotidiennes d'un régime militaire belliqueux et hargneux. Cela vise aussi la Tunisie, la Mauritanie et même la Lybie qui ont été embarquées dans une fuite en avant sans issue. Pour ce qui est des MRE, cela me réjouit personnellement, car faisant partie de cette diaspora et ayant une envie de retourner au Maroc. Le manque de structures marocaines compétentes à l'étranger nous freine et nous dissuade de franchir le pas. Le Maroc perd ainsi d'énormes opportunités. Ce discours est salutaire et à bon entendeur salut !

Excellente nouvelle! La représentativité est en effet nécessaire pour crédibiliser ces instances auprès de la diaspora. Ainsi, il serait judicieux de commencer par offrir des sièges dans les deux chambres à des représentants de la diaspora; selon une répartition régionale (le sud de l’Europe, le nord de l’Europe et RU, l’Amérique du Nord, le Moyen Orient, l’Asie et Océanie). Le but serait de l’inclure dans les décisions portant sur les politiques publiques, et lui permettre de défendre ses intérêts face à des politiciens et bureaucrates d’une certaine «réputation»! Il est inconcevable qu’une organisation patronale (CGEM) et des syndicats soient (sur)représentés, et pas la diaspora. Alors que celle-ci, pour ne citer que cela, effectue des transferts annuels en devises dépassant 10% du PIB!

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