Alors que les Marocains se trouvent encore à un an et demi des prochaines élections, certains notables et futurs candidats ont déjà commencé à se positionner, et ce en utilisant une méthode qui semble désormais bien rodée: la distribution des paniers du mois sacré de Ramadan.
Dans plusieurs régions du Royaume, notamment celles touchées par le séisme d’Al Haouz ou celles abritant des populations démunies, des aides alimentaires sont distribuées sous couvert de bienfaisance, mais avec un objectif bien précis: s’assurer le soutien des électeurs.
Selon Assabah de ce lundi 3 février, ce sont là les agissements de certains notables et potentiels candidats aux prochaines élections, plusieurs d’entre eux ayant déjà commencé à établir des listes de bénéficiaires des paniers du mois sacré de Ramadan à prochainement distribuer, «dans le but de séduire les électeurs», précise le quotidien.
Cette stratégie est particulièrement visible dans les provinces défavorisées comme Azilal, et dans des zones sinistrées par le tremblement de terre, relaie le quotidien.
Loin d’être un simple acte de générosité, cette initiative s’inscrit dans une logique électoraliste bien établie: renforcer la popularité des candidats et fidéliser des électeurs en vue des prochaines échéances.
Pour mener à bien cette opération, ajoute le quotidien, certains ont recours à des associations caritatives déjà actives sur le terrain.
Ces ONG, qui sillonnent les zones vulnérables pour distribuer de l’aide, deviennent ainsi des intermédiaires entre les bienfaiteurs et les populations locales, un mécanisme qui permet aux candidats potentiels de masquer leurs ambitions politiques derrière une façade humanitaire, tout en capitalisant sur la «gratitude» que leur montrent les bénéficiaires.
Selon Assabah, ce stratagème n’est pas nouveau car, lors de précédentes échéances électorales, il a déjà été constaté un recours accru aux associations et à des figures locales influentes, pour la distribution de ces aides alimentaires, «afin d’en faire des leviers efficaces pour la campagne électorale».
En s’appuyant sur des acteurs bien implantés dans les communautés, les futurs candidats s’assurent ainsi une connexion directe avec les électeurs, exploitant leur proximité et leur connaissance des attentes de la population.
Certaines associations ont donc commencé à établir leurs listes de bénéficiaires des paniers alimentaires distribués lors du mois sacré de Ramadan.
Assabah précise qu’officiellement, ces ONG collectent des aliments, des couvertures et autres produits de première nécessité auprès «des riches et des bienfaiteurs, afin de les redistribuer aux plus nécessiteux».
Et officieusement, ajoute le quotidien, «la distribution des paniers se fait souvent selon des critères de fidélité électorale, favorisant ceux qui soutiendront plus tard le «bienfaiteur» lors des élections».
Alors que les élections législatives, prévues en 2026, approchent, «cette instrumentalisation de la charité à des fins politiques» conduit à se demander «si la distribution d’aides reste indispensable pour de nombreuses familles démunies», et bien que ce soit là «une tradition noble pour laquelle sont connus les Marocains», écrit le quotidien, son «détournement à des fins électorales pose une question éthique» et «soulève un débat sur la nécessité d’un encadrement plus strict de ces pratiques».
À défaut de cette régulation, écrit le quotidien, les paniers du mois sacré de Ramadan pourraient en effet devenir, une fois de plus, «la monnaie d’échange électorale déguisée en acte de générosité».
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