Ils ont été six chefs de la diplomatie à se succéder les uns aux autres lors d’une conférence de presse, organisée ce lundi 28 mars 2022 en marge du sommet du Néguev et réunissant depuis hier, dimanche 27 mars 2022, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, d’Israël, du Maroc, de l’Egypte, des Emirats arabes unis et de Bahreïn. Les thèmes choisis n’ont été autre que «l’ennemi commun», soit le nucléaire iranien, et la paix au Moyen-Orient.
L’intervention de Nasser Bourita a été cependant très attendue. Le ministre marocain a entamé sa déclaration en condamnant, au même titre que les chefs de diplomatie présents à cet événement, l’attaque terroriste survenue la veille, revendiquée par l’organisation Etat islamique, et qui a coûté la vie à deux policiers israéliens à Hadera, dans le nord israélien. «Notre présence ici est la meilleure réponse à apporter à cette attaque», a dit le chef de la diplomatie marocaine, qualifiant cette rencontre d’évènement historique et évoquant un «premier» sommet qui sera, à l’entendre, suivi d’autres.
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Pour le ministre marocain des Affaires étrangères, la présence marocaine au sommet du Néguev, sur instructions du roi Mohammed VI, se veut un moyen de livrer deux messages essentiels. Le premier est dirigé à Israël et son peuple. «Le rétablissement de nos relations n’est pas un coup opportuniste. C’est une action traduisant une conviction et une décision naturelle», a affirmé Nasser Bourita. Et de prendre comme boussole la longue histoire des relations entre les deux pays mais aussi celle unissant les Rois du Maroc à la communauté juive marocaine.
Représentation diplomatique renforcéePrenant à témoin le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, Bourita a tenu à rappeler un fait de taille: «vous m’avez dit qu’il n’y a pas un citoyen israélien qui ne compte pas dans sa famille un proche ayant du sang marocain dans les veines. Laissez-moi vous dire que ce n’est pas une blague, mais une réalité», a-t-il indiqué. Et de rappeler, à titre indicatif, que les maires des deux principales villes de ce même Néguev, Daymona et Yeruha, sont d’origine marocaine.
Depuis la signature de la déclaration tripartite (Maroc, Israël, Etats-Unis) suite à laquelle le Royaume et l’Etat hébreu ont normalisé leurs relations, bien du chemin a été parcouru, a ensuite résumé Nasser Bourita: échanges de visites, vols directs, accords de coopération… «Et nous comptons poursuivre sur cette voie en relevant davantage le niveau de nos relations bilatérales officielles», a-t-il annoncé, évoquant notamment le renforcement du niveau de représentation diplomatique du Maroc à Tel Aviv.
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Le second message de Nasser Bourita a été un message de paix: «je ne vous parle pas de cette paix où on se tourne passivement le dos, en s’ignorant. Je parle d’une paix agissante, génératrice d’une dynamique positive et créatrice de valeurs. C’est la seule bataille qui mérite d’être livrée», dit-il.
Le chef de la diplomatie marocaine a usé de la première personne du singulier pour relater la coexistence, dans le Royaume, entre juifs et musulmans: «je viens d’un pays avec une longue histoire de coexistence. Et si cette coexistence marche depuis des siècles au Maroc, elle devrait également être possible dans cette région (le Moyen-Orient, Ndlr)».
Une solution: deux EtatsPour Nasser Bourita, cette dynamique de paix ne doit pas se limiter à la seule diplomatie, mais se traduire par des actions concrètes, aux effets tangibles et à même d’améliorer la vie des citoyens de la région et notamment de ses jeunes. Elle passe également par une solution au conflit israélo-palestinien.
Le ministre des Affaires étrangères a, à cette occasion, réitéré la position constante du Royaume à cet égard: «une solution à deux Etats avec un Etat palestinien viable avec pour marqueurs les frontières d’avant 1967 et Jérusalem-Est (Al Qods) pour capitale». Ce serait, a souligné le chef de la diplomatie marocaine, une garantie de sécurité pour Israël et de paix dans toute la région.
Saluant en conclusion ce qu’il a qualifié d’«esprit du Néguev», Nasser Bourita a émis le souhait que cette nouvelle dynamique se poursuive. Et le ministre marocain de suggérer que le rendez-vous soit renouvelé, «dans un autre désert, mais avec le même esprit». Soit le Sahara marocain, bien entendu.