L’opération est, de loin, la plus importante du genre en termes de coopération militaire à l’échelle du continent africain. Cristallisant la parfaite entente entre les Forces Armées Royales et l’armée américaine, et prévue du 7 au 18 juin prochain au Maroc, en Tunisie et au Sénégal, African Lion se déroulera, et c’est une première, en partie dans les Provinces du Sud. Elle verra la participation de pas moins de 10 pays, en plus de ses initiateurs que sont le Maroc et les Etats-Unis. Outre les pays d’accueil, y participeront également le Royaume-Uni, le Brésil, l’Italie et les Pays-Bas. Mais alors qu’elle y figurait chaque année jusqu’ici, l’Espagne ne sera pas de la partie.
Officiellement, Madrid invoque des considérations budgétaires (l’opération coûte quelque 24 millions de dollars). Mais selon des médias espagnols comme El Pais, c’est le déroulement d’une partie des exercices dans le Sahara marocain qui justifierait une telle absence, l’Espagne ne voulant pas ainsi cautionner, de facto, la marocanité de ce territoire en participant à ces manœuvres. Au Maroc, les manœuvres auront lieu à Agadir, Tan-Tan et, pour la première fois, El Mehbès, localité située à proximité du mur de défense que le Royaume avait érigé dans les années 1980, pour pallier toute éventuelle attaque du Polisario sur le territoire national.
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Renseignement pris, ni l’une ni l’autre des thèses avancées par l’Espagne ne tiennent la route. Si l’Espagne ne fait pas partie des pays participant à African Lion, c’est que le Maroc s’y est opposé. C’est ce que relate la bien informée page Far-Maroc sur Facebook, indiquant que l’Espagne ne figurait pas sur la liste des pays invités à ces manœuvres.
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L’absence de l’Espagne est d’autant plus remarquée que les exercices militaires, programmés cette année, sont les plus importants jamais organisés sur le continent africain. Cette non-participation est due, on s’en doute, aux manœuvres hostiles au Maroc, conduites, en catimini, par l’Espagne qui a déroulé le tapis rouge à Brahim Ghali, le chef du Polisario ayant appelé à prendre les armes contre les Marocains.
Contactée par Le360, une source sûre confirme à demi-mot la thèse d’un refus marocain. «Cette opération est le fruit d’une coopération militaire entre le Maroc et les Etats-Unis. Les autres pays y participent en tant qu’observateurs seulement», précisent nos sources, laissant entendre que les pays organisateurs sont maîtres du choix de la liste des invités.
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Selon Far-Maroc, la décision aurait été prise suite à des réunions du haut commandement mixte de cette opération. «En affirmant que c’est l’Espagne qui a décidé de se retirer, les autorités de ce pays ne font que désinformer, là-encore, leur opinion. D’autant que la participation espagnole devait être limitée à des manœuvres terrestres prévue à Tan-Tan et Tifnit (soit loin des Provinces du Sud, Ndlr)», précise Far-Maroc.
Cela étant, les forces armées espagnoles ont l’habitude de participer à ces exercices (suspendus en 2020 en raison de la pandémie), dont l'objectif est d'améliorer l'interopérabilité des troupes occidentales avec les troupes africaines dans la lutte contre la menace djihadiste, une question qui revêt une importance cruciale pour l'Espagne.
Autant dire que le voisin ibérique commence à payer les frais de son obstination contre le Maroc, toute forme de coopération, y compris sécuritaire, pourrait de facto être suspendue dans l’attente d’une issue à la crise née sur fond de transfert, d’hébergement et d’hospitalisation d’un supposé criminel de guerre, en toute illégalité, sous une fausse identité et suivant un mode opératoire, cyniquement déloyal à l’égard du Maroc.
Pendant ce temps, la tenue d'African Lion au Sahara entérine la reconnaissance de la marocanité du Sahara par l’administration américaine. Ces exercices militaires laissent, d’ailleurs, sans voix les relais médiatiques algériens et polisariens qui avaient gambergé sur un hypothétique changement de position de l’administration Biden quant à cette reconnaissance.