Factuellement, et pour en assurer le bon déroulement, la cérémonie s’est déroulée en deux temps. Le lundi 2 octobre, le roi Mohammed VI recevait au Palais royal de Rabat un premier groupe d’ambassadeurs accrédités au Maroc, venu présenter leurs lettres de créance au Souverain. C’est ainsi que 14 ambassadeurs plénipotentiaires et extraordinaires de leurs pays ont été reçus par le Roi.
Un deuxième groupe de diplomates, dont celui des États-Unis et de la France, a suivi hier mercredi 4 octobre, jour où le Souverain a reçu 14 autres ambassadeurs. Purement protocolaire, la démarche a néanmoins servi de prétexte en or à des médias et des plumes ouvertement hostiles au Royaume pour y trouver matière à spéculations et autres fantasmes. N’ayant pas compris, ne voulant pas comprendre, ou n’étant pas au fait des arcanes de la diplomatie, certains se sont limités au premier groupe de diplomates reçus et ont, partant, donné libre cours à des interprétations totalement erronées. Des élucubrations.
Des inepties allègrement relayées, notamment par des médias, des autoproclamées éminences grises étrangères de la diplomatie marocaine et autres «grands spécialistes» du Maroc, qui ont lu dans l’absence du premier groupe, de Puneet Talwar, ambassadeur des États-Unis d’Amérique, et de Christophe Lecourtier, ambassadeur de la République française, matière à diriger leurs canons contre Rabat. Mais sans la force de frappe nécessaire.
Ainsi, peut-on lire, il s’agit, pour l’un, d’un coup de froid entre Washington et Rabat, à la veille de l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une nouvelle résolution sur le Sahara. Une résolution dont les États-Unis sont le Pen holder et qui serait, selon ces prophètes des temps modernes, défavorable au Maroc. Quant au cas de Christophe Lecourtier, les tensions actuelles entre le Royaume et la France suffisent à tout expliquer. Or, rien n’est moins vrai et nul besoin d’être un «spécialiste» en quoi que ce soit pour ne serait-ce que douter de l’existence de raisons objectives à ce qui ressort, à l’évidence, de simples règles diplomatiques.
La règle de préséance universelle en diplomatie veut, justement, que les premiers diplomates arrivés dans un pays soient les premiers à être reçus par le chef de l’État. Et le Maroc n’y échappe pas. «Le jour de la réception de l’agrément ordonné par le Souverain à un ambassadeur donné équivaut à son arrivée. Cette date est consignée au niveau des Affaires étrangères», explique Hassan Abdelkhalek, le dernier ambassadeur en date du Maroc en Algérie. L’ordre établi en matière de réception par le Roi est donc chronologique. «C’est à ce titre que, dans le monde comme au Maroc, le doyen des ambassadeurs n’est ni le diplomate le plus âgé, ni le plus important, mais le plus ancien à occuper ses fonctions dans le pays», ajoute l’ancien diplomate. À Rabat, par exemple, le doyen des diplomates accrédités est l’ambassadeur du Cameroun.
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Cette règle est par ailleurs basée sur le principe de l’égalité des États. Partant, précise notre interlocuteur, «un État, quel qu’il soit, ne choisit pas l’ordre de réception des ambassadeurs qui présentent leurs lettres de créance. Ceux qui critiquent le Maroc n’ont d’ailleurs qu’à voir comment de telles réceptions sont organisées dans leurs propres pays». Au Japon, le doyen des ambassadeurs est celui de l’Erythrée.
S’agissant du Maroc, et des deux récentes cérémonies, il fallait selon nos informations uniquement concilier deux éléments: les règles universelles connues en matière de présentation des lettres de créance et le nombre de diplomates accrédités qui devait être reçu. «Le Maroc est un pays vieux de 12 siècles, avec, au bas mot, 7 siècles de diplomatie et d’ambassadeurs envoyés et reçus par le Royaume au 15e, 16e et 17e siècle déjà. Nous sommes dans un pays responsable, qui connaît parfaitement les règles et qui les applique, n’en déplaise à ceux qui semblent l’ignorer», souligne Hassan Abdelkhalek. Le reste, ce sont ni plus ni moins que de faux calculs.