Après le satellite Mohammed VI-A lancé le 8 novembre 2017, Mohammed VI-B, le deuxième exemplaire du programme spatial marocain, a été mis en orbite le 20 novembre dernier par Arianespace, à bord du lanceur léger Vega, à partir de la base de Kourou, en Guyane française.
Ce duo permettra d’assurer une couverture plus rapide des zones d’intérêt et de fournir plus de 500 images par jour en haute résolution sur des superficies plus réduites. Le programme Mohammed VI A & B, décidé par le roi en 2013, fait du Royaume le premier pays sur le continent africain à se doter d’une constellation de satellites.
Les deux satellites auront coûté la coquette somme de 600 millions d'euros. Certains parlent d'un financement émirati, avec l'aval de la France. Il n'en est strictement rien. Le financement de ce projet stratégique émane de fonds à 100% marocains, plus précisément… de l'Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie, au demeurant le premier contributeur, et de loin, au budget de l'Etat.
En dehors de son rôle de surveillance du territoire contre tout mouvement ennemi, ce programme servira aussi à appuyer les actions de secteurs clés du pays. Voici, dans les détails, ses principales utilisations.
Lire aussi : Hilale: ce que permet le satellite "Mohammed VI-A" contre les mouvements du Polisario
Surveillance du territoireL'utilité d'un tel dispositif en matière de défense et de renseignement n'est plus à démontrer et ce rôle est monitoré par la DGED (Direction générale des études et de la documentation). Aux manettes, près de 100 ingénieurs, tous Marocains, qui ont été formés dans la discrétion la plus totale. «Ces ingénieurs sont en mesure aujourd’hui d'exploiter de façon optimale les données enregistrées par le satellite», précise une source proche du dossier.
Ces satellites espions sont également à même d’obtenir des informations précises sur tout mouvement des éléments armés et des infrastructures militaires du front Polisario. On s'en souvient: le 4 avril 2018, c'est avec les photos du premier satellite, Mohammed VI-A, que le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s'était présenté devant le Secrétaire général des Nations Unies pour dénoncer un mouvement du front séparatiste à Bir Lahlou.
Une agriculture de pointeLe programme spatial marocain permet désormais d'identifier précisément les cultures et de prévoir les rendements potentiels et, par conséquent, d'améliorer la prévision des budgets en estimant les recettes des exportations et les dépenses relatives aux importations.
Ce programme permet aussi une agriculture de précision reposant sur un ciblage des zones agricoles à traiter. En prime, des économies d’eau et une application parcimonieuse des pesticides.
Lire aussi : Exclusif. Lancement, financement, usages: vous saurez tout sur le 2e satellite espion marocain
Un urbanisme mieux cadréLa télédétection permet d’avoir une vision complète et homogène de la totalité du tissu urbain (degré d’occupation des sols, développement spatial des villes, aux dépens des espaces agricoles ou forestiers, impact des réseaux routiers sur l’environnement, etc.). Une des autres applications possibles de la télédétection consiste au suivi de l’évolution de l’habitat insalubre. Le Maroc a lancé, entre 2005 et 2011, le programme "Villes sans Bidonvilles". Les images fournies par le duo de satellites marocains permettront d’évaluer les résultats de cette politique publique et de surveiller la propagation de l’habitat insalubre.
Un environnement mieux préservéLe programme marocain permet également de fournir des informations spatiales pré, pendant et post-catastrophes naturelles éventuelles. Les satellites permettent aussi de lutter contre désertification et d'alerter sur les risques de sécheresses. Mohammed VI-A et Mohammed VI-B permettent d’observer les formations sableuses des régions sèches, de les cartographier, d’identifier les tempêtes de sable et de mesurer leur étendue. La télédétection cartographie la végétation verte de façon régulière, détecte en effet les anomalies par rapport aux situations moyennes et permet, par là, de mettre en place des systèmes d’alertes précoces des sécheresses.
Grâce à leur haute résolution et leur très grande fréquence, les données satellitaires permettent de réaliser des inventaires forestiers et évaluer les ressources pastorales, de planifier les programmes de développement forestier et de gérer et contrôler les activités forestières. Elles permettent également de cartographier les systèmes sensibles et suivre leurs évolutions (zones humides, sites d'intérêts biologiques, aires protégées), et de mieux appréhender les phénomènes marins.