Adoptée jeudi 31 octobre par le Conseil de sécurité, par 12 pour, 2 abstentions et un pays, l’Algérie, qui n’a pas voté, la résolution 2756 enracine la voie du compromis et du réalisme comme solution au différend du Sahara occidental. Sur les 5 pays membres permanents du Conseil de sécurité, 4 se sont exprimés en faveur du texte: États-Unis, Chine, Royaume-Uni et France. Idem pour 8 pays membres sur 10, élus par l’Assemblée générale, pour un mandat de deux ans. Comptons la Sierra Leone, la Corée, le Japon, Guyana, l’Équateur, Malte, la Suisse et la Slovénie.
Comme attendu, seuls la Russie (membre permanent) et le Mozambique (membre non permanent) se sont abstenus. La tentative, notamment de la Russie, d’apporter des modifications au projet présenté au Conseil de sécurité, dont le porte-plume n’est autre que les États-Unis, n’a pas abouti. L’Algérie a de son côté essayé de jouer des coudes, lundi 28 octobre, en tentant un appel à une réunion à huis clos pour poursuivre les débats sur la mouture et en proposant deux amendements voulant, d’un côté, un élargissement de la mission de la MINURSO aux droits de l’Homme au Sahara et, d’un autre côté, la suppression de l’appel à son retour, avec les autres parties au conflit, au processus des tables rondes. C’est à peine si le régime d’Alger a été audible. Le projet mis «en bleu» et soumis au vote est resté inchangé. La réaction du représentant de l’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, a été pour le moins puérile. D’après lui, si l’Algérie n’a pas voté la résolution, c’est à cause des Etats-Unis.
La Russie n’a pas soutenu les amendements de l’Algérie
En réaction, et préalablement au vote de la résolution dans son ensemble, le Conseil de sécurité a eu à voter les deux amendements proposés par l’Algérie et ce, conformément à l’article 33 du règlement intérieur provisoire du Conseil, qui stipule que les amendements «prennent priorité dans l’ordre indiqué sur toutes les motions principales et les projets de résolution». Les amendements du régime ont été rejetés par le vote de la majorité des membres du Conseil de sécurité. Le fait que le régime d’Alger demande un vote relatif à ses amendements avant le vote de la résolution en dit long sur les desseins de ce pays d’instrumentaliser le Conseil de sécurité pour porter des coups contre le Maroc. La manœuvre a été vaine! La Russie n’a pas soutenu les amendements de l’Algérie.
Du texte adopté, on retiendra que l’année de référence pour le Conseil de sécurité afin de parvenir à une solution au conflit est désormais 2007. C’est pour rappel l’année où le Maroc a mis sur la table le plan d’autonomie qui constitue pour le Royaume l’unique solution. D’ailleurs, le projet de la résolution du Conseil de sécurité de 2024 «prend note de la proposition marocaine présentée au secrétaire général le 11 avril 2007 et salue les efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire progresser le processus vers une résolution». Aucune résolution antérieure à 2007 n’est retenue. De la même manière, aucune allusion à un quelconque référendum d’autodétermination n’y est faite.
Lire aussi : Résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara: l’année de référence est 2007
La résolution s’inscrit dans la droite ligne de celles adoptées en 2021, en 2022 et en 2023, enracinant la voie du compromis et du réalisme comme solution au différend du Sahara occidental, bien loin des slogans creux sur un impossible «référendum d’indépendance» que le régime d’Alger ressasse. Aucune mention n’est faite du ballon d’essai, probablement le dernier, de Staffan de Mistura quant à une partition du Sahara marocain entre le Royaume et le front Polisario. Une piste catégoriquement rejetée par le Maroc, en 2002 déjà, année où l’ancien Envoyé personnel James Baker, poussé par l’Algérie de Abdelaziz Bouteflika, l’a posée sur la table comme aujourd’hui.
Si le régime d’Alger continue de se dire hors champ et nullement concerné par le conflit, il est, pour la énième fois, rappelé à ses responsabilités par le Conseil de sécurité. La résolution cite en effet l’Algérie au moins 5 fois comme partie prenante au conflit, et donc à sa solution. Ceci, contre 7 fois pour le Maroc et autant pour le front Polisario. C’est dire.
L’Algérie est de nouveau sommée de revenir au processus des tables rondes qu’elle a quitté. Le projet de résolution du Conseil de sécurité insiste sur les tables rondes. Ceci, notamment en convoquant à cette fin des consultations informelles à travers lesquelles le Maroc, le front Polisario, la Mauritanie et, là encore, l’Algérie doivent dialoguer «dans un esprit de réalisme et de compromis».
Lire aussi : Le message, c’est l’autonomie du Sahara: le porte-parole adjoint de l’ONU défend de Mistura… et enfonce Alger
À préciser, à ce titre, que Staffan de Mistura fixe le mois d’avril 2025 comme date du retour au processus des tables rondes et des consultations sur le Sahara, selon le format précédemment convenu et en présence de toutes les parties. Y compris l’Algérie. Si aucune avancée significative n’est obtenue dans ce délai, qui marquera le 50ème anniversaire du déclenchement du conflit, Staffan de Mistura menace de jeter l’éponge.
D’ici là, la résolution du Conseil de sécurité décide la reconduction du mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire, soit jusqu’au 31 octobre 2025. L’organe exécutif de l’ONU exprime à cette occasion sa «profonde préoccupation de la rupture du cessez-le-feu (par le Polisario, NDLR), rappelant la proposition de la MINURSO en février 2024 de cesser les hostilités et d’éviter tout acte mettant en danger la paix et la sécurité». Là encore, le front séparatiste, auteur d’actes criminels de faible intensité à l’est du Mur de défense marocain, est rappelé à l’ordre. Le Conseil de sécurité insiste à cet égard sur l’importance du respect total et renouvelé du cessez-le-feu et «prend note des engagements fournis par le front Polisario à l’ancien Envoyé personnel».
Autre rappel à l’ordre, celui du nécessaire recensement de la population dans les camps de Tindouf. Le Conseil de sécurité «réitère avec force sa demande d’enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf et souligne l’importance des efforts déployés à cet égard», lit-on.
Lire aussi : Le plan d’autonomie s’impose internationalement comme la solution au conflit du Sahara dit «occidental»
La résolution exhorte à maintes reprises les parties à privilégier une «solution politique» consubstantielle «à l’esprit de compromis et de réalisme». Cette solution politique apportera sécurité et développement au Maghreb et dans le Sahel. «Reconnaissant que la réalisation d’une solution politique à ce différend de longue date et le renforcement de la coopération entre les États membres de l’Union du Maghreb arabe contribueraient à la stabilité et à la sécurité, menant ainsi à des emplois, à la croissance et à des opportunités pour tous les peuples de la région du Sahel», lit-on dans le texte de la résolution.
L’Algérie, membre non permanent de ce Conseil de sécurité qui la somme de prendre ses responsabilités, est très embarrassée non seulement d’avoir zéro influence sur le texte de la résolution, mais de s’y voir montrée en tant que protagoniste du conflit. En 2021 et 2022, amer et dépité, le régime voisin avait sorti la grosse artillerie pour dénoncer les résolutions du Conseil de sécurité de ces années-là. En 2021, l’Algérie avait ouvertement rejeté la résolution 2602 sur le Sahara, au prétexte qu’elle était «déséquilibrée» et «partiale». En 2022, et dans une déclaration écrite, le chef de la diplomatie algérienne a estimé que «la résolution 2654 adoptée le 27 octobre 2022 résulte, comme ses devancières… d’un exercice laborieux de rédaction dépourvu de la volonté d’orienter et de stimuler des efforts destinés à préserver la nature de la question du Sahara occidental et à lui appliquer scrupuleusement la doctrine et les bonnes pratiques des Nations unies en matière de décolonisation». Il est à ce propos amusant de noter que le régime algérien qualifie de «laborieuse» ce qui était l’une des plus fluides résolutions du Conseil de sécurité sur le Sahara.
S’étant abstenu de commenter la résolution de 2023 pour ne pas polluer son entrée au Conseil de sécurité et marquer sa posture officielle d’«observateur inquiet», le régime d’Alger donne d’ores et déjà le ton pour cette année. Véritable porte-parole du régime, le quotidien El Moudjahid anticipe. Dans un éditorial publié le 29 octobre, le journal s’en prend à tout «l’édifice», entendez les Nations unies, allant jusqu’à demander «des réformes profondes de l’ONU, à commencer par celle concernant la composante du Conseil de sécurité». Réformer l’ONU et le Conseil de sécurité à seule fin de contrer l’intégrité territoriale du Maroc, tel est vœu impuissant du régime d’Alger. Ce vœu donne à la fois la mesure de l’échec du régime d’Alger et de son isolement.