«Nous condamnons cet acte d’hostilité qui va à l’encontre de la fraternité et de l’amitié» qui lient les deux peuples, ont affirmé des responsables du Rassemblement national des indépendants (RNI), parti que dirige Aziz Akhannouch, par ailleurs chef du gouvernement. «On ne peut que dénoncer cet acte hostile et incompréhensible du président tunisien quant à l’intégrité territoriale du Maroc», a déclaré Anis Birou, membre du bureau politique du RNI. Dans une déclaration pour Le360, Anis Birou estime qu’«il s’agit d’une attitude provocatrice qui heurte les sentiments de 40 millions de Marocains, et elle est condamnable, car elle dénote d’une grave étroitesse d’esprit».
Dans les milieux politiques à Rabat, on indique qu’une réaction «unanime et commune» de l’ensemble des partis politiques marocains devrait être prise incessamment. L’Istiqlal, autre important parti de la majorité, a lui aussi dénoncé l’accueil sur le territoire tunisien du chef des séparatistes, homme de paille d’une république fantoche. Un des membres du comité exécutif du parti de la balance, Aziz Hilali, a fustigé le comportement du président tunisien qui, selon lui, «constitue une attaque à l’encontre du peuple marocain». «Aujourd’hui, le président tunisien a montré une grande frivolité dans la gestion de la Tunisie et de ses intérêts. Ce pays est dirigé par un homme qui n’est plus maître de ses décisions», a indiqué le responsable istiqlalien, contacté par Le360.
Lire aussi : Quand le président tunisien Kaïs Saïed déroule le tapis rouge au chef du Polisario
La même indignation est exprimée du côté de l’opposition marocaine, composée notamment du Mouvement populaire (MP), de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), du Parti du progrès et du socialisme (PPS), du Parti justice et développement (PJD) et du Parti social unifié (PSU). Mohand Laenser, secrétaire général du MP, a qualifié l'acte de Kaïs Saïed d’«inadmissible et gratuit». Il s’agit, a-t-il affirmé, d’une «provocation au moment où presque la totalité des Etats africains et asiatiques ne reconnaissent par l’entité séparatiste». «C’est aussi un geste inamical envers le peuple marocain. Le rappel de l'ambassadeur du Maroc à Tunis est un bon début», a-t-il conclu, interrogé par Le360.
Le PPS, ex-parti communiste, a exprimé, par la voix de son secrétaire général, Nabil Benabdellah, son indignation face à cet «acte belliqueux de ce président à l’égard du Maroc et de son peuple». «Les prémices de cette hostilité ont commencé il y a quelque temps déjà sous la pression du voisin de l’est», a affirmé Nabil Benabdellah dans une déclaration pour Le360. «Ce que vient de commettre la Tunisie de Kaïs Saïed constitue un acte qui va profondément à rebours des relations d’amitié entre les deux peuples», a-t-il ajouté. «Alors que le Printemps arabe en Tunisie était porteur d’espoir, ce président vient de changer une Constitution avec des taux dignes d’une République bananière», a conclu le patron du PPS. Et il a raison.
Lire aussi : Le Maroc rappelle son ambassadeur en Tunisie
Le PJD, que préside Abdelillah Benkirane, a qualifié «d’acte hostile et sans précédent» celui qu'a commis le président tunisien à l’égard du Maroc. «Mais cette attitude ne vaut rien. C'est du show. Le Sahara EST marocain», a indiqué, dans un communiqué, le département des relations internationales du parti islamiste. «Cette attitude est en contradiction flagrante avec l’acte constitutif de l’Union du Maghreb arabe», a-t-il conclu.
Quant à Nabila Mounib, secrétaire général du PSU, elle a estimé que l’acte «incompréhensible» du président tunisien «a été dicté par le régime algérien». Cette attitude est «d’autant plus surprenante que le dossier du Sahara est entre les mains de l’ONU». «Ce qui s’est passé est grave, car il constitue un réel risque de balkanisation de la région, y compris en Algérie. Regardez ce qui se passe en Libye et ailleurs», a martelé Nabila Mounib.
Il faut rappeler qu’après l’acte inamical du président tunisien, le Maroc a décidé de rappeler, ce vendredi 26 août 2022, son ambassadeur à Tunis et de ne pas participer au 8e sommet de la TICAD (Forum de coopération Japon-Afrique) qui se tiendra en Tunisie les 27 et 28 août courant. Dans un communiqué, le ministère marocain des Affaires étrangères a indiqué qu’après «avoir multiplié récemment les positions et actes négatifs à l'égard du Maroc et de ses intérêts supérieurs, l'attitude de la Tunisie dans le cadre du processus de la TICAD vient confirmer de manière flagrante son hostilité».
Lire aussi : Un chef de parti tunisien condamne l'affront inédit de Kaïs Saïed
Le document ajoute: «En effet, la Tunisie, contre l'avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, a décidé unilatéralement d'inviter l'entité séparatiste». Et de poursuivre que «l’accueil réservé par le chef de l'Etat tunisien au chef de la milice séparatiste est un acte grave et inédit, qui heurte profondément les sentiments du peuple marocain et de ses forces vives».
Le communiqué du ministère des Affaires étrangères précise: «Face à cette attitude hostile et préjudiciable aux relations fraternelles que les deux pays ont toujours entretenues, le Royaume du Maroc a décidé de ne pas participer au 8e sommet de la TICAD (Forum de coopération Japon-Afrique) qui se tient en Tunisie les 27 et 28 août courant et de rappeler immédiatement en consultation l'ambassadeur de Sa Majesté le Roi à Tunis». Cette décision «n'affecte en rien les liens forts et intacts entre les peuples marocain et tunisien, qui sont liés par une histoire commune et un destin partagé.»
Enfin, selon le communiqué, cette décision «ne remet pas en cause non plus l'attachement du Royaume du Maroc aux intérêts de l'Afrique et à son action au sein de l'Union africaine, ni ne remet en cause l'engagement du Royaume au sein de la TICAD».