Dans un communiqué rendu public ce vendredi 27 octobre, le CPS endosse de nouveau ses décisions antérieures sur les actions humanitaires, en particulier le communiqué adopté lors de la 1.083e réunion, tenue le 9 mai 2022. Celui-ci est on ne peut plus clair, le CPS y réitérant «la responsabilité des pays d’accueil des camps de réfugiés de collaborer avec les organes et agences internationaux pertinents dans la documentation des réfugiés afin de protéger leurs droits fondamentaux, d’éviter le détournement de l’aide humanitaire, de garantir un accès approprié à la nourriture, d’éviter leur exploitation à des fins politiques, leur militarisation et leur transformation en agents du terrorisme et de la criminalité organisée».
La décision est valable pour tous les pays d’Afrique et s’applique donc forcément à l’Algérie, qui fait allègrement fi d’appels similaires émanant du Conseil de sécurité (CS) de l’ONU. Dans son projet de résolution, dont l’adoption est prévue incessamment, ledit conseil stipule que le recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, une requête constante du Maroc, est plus que jamais un impératif. L’organe exécutif onusien réitère «avec force sa demande d’enregistrement des réfugiés dans les camps de réfugiés de Tindouf» et souligne «l’importance des efforts déployés à cet égard». Tout comme il épingle le duo Algérie-Polisario sur la nécessaire «protection des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf, y compris les libertés d’expression et d’association».
Mais alors que l’Algérie et le front séparatiste s’y opposent farouchement et qu’ils peuvent «négliger» le CS, tout est de savoir quelle sera leur réaction vis-à-vis d’une décision émanant cette fois d’une Union africaine derrière laquelle ils ne cessent de se cacher, appelant même à ce qu’elle se saisisse du dossier du Sahara.
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Le régime algérien va-t-il enfin laisser les agences onusiennes s’acquitter d’une de leurs missions premières, à savoir recenser les populations des camps de Tindouf? Va-t-il «protéger leurs droits fondamentaux», le cadet des soucis de la junte et de ses protégés? Permettra-t-il «d’éviter le détournement de l’aide humanitaire», alors que les dirigeants du Polisario et les généraux algériens érigent celle-ci en monnaie d’échange et en moyen d’enrichissement personnel? Luttera-t-il contre l’exploitation des populations des camps «à des fins politiques, leur militarisation et leur transformation en agents du terrorisme et de la criminalité organisée», alors qu’il s’en sert volontiers comme un moyen de rançonner la communauté internationale et que les liens entre terrorisme, notamment dans la région du Sahel, et séparatisme sont évidents? Rien n’est moins sûr.
Le nombre de réfugiés dans les camps de Tindouf est l’un des secrets les mieux gardés par le régime algérien, qui cherche à hypertrophier leur nombre, avançant le chiffre fantaisiste de 170.000 personnes, alors que selon plusieurs sources fiables, il ne dépasserait pas 40.000. L’on sait très bien ce qu’impliquerait en termes d’aide humanitaire, et partant, d’enrichissement personnel pour les généraux de la junte et leurs protégés polisariens, un recensement qui établirait le nombre exact de réfugiés dans les camps de Tindouf. D’où l’opposition farouche du régime d’Alger à ce recensement.
On retiendra néanmoins que même au sein de l’UA, dont il faisait, un temps, la pluie et le beau temps, le pouvoir algérien est mis devant ses responsabilités. L’Algérie, qui passe son temps à se réclamer de l’UA par rapport à la question du Sahara osera-t-elle lui tourner le dos maintenant que le CPS, l’organe le plus important de l’organisation panafricaine, la somme d’autoriser le recensement des réfugiés de Tindouf? Suspense.