Un matin pluvieux à Hay Hassani. Le bitume se fend, se creuse, puis disparaît peu à peu sous les eaux. Une voiture freine brutalement. Trop tard. Une roue s’enfonce dans un trou d’une trentaine de centimètres, rempli d’eau boueuse. Le conducteur sort, inspecte les dégâts. C’est la troisième fois en un mois. Le décor est planté: bienvenue à Casablanca, ville aux chaussées défoncées.
Les pluies ne sont pas nouvelles. Les hivers humides, encore moins. Et pourtant, à chaque épisode pluvieux, les mêmes scènes se répètent. Des rues éventrées, des flaques stagnantes qui masquent des crevasses, des motos renversées, des piétons éclaboussés, des pare-chocs arrachés. «C’est devenu un cauchemar», souffle Abderrahim.
«C’est toujours le même problème. Chaque année, dès qu’il pleut, c’est la même galère. Même quand ils réhabilitent les routes, quelques semaines plus tard, ça recommence. Les trous reviennent, parfois au même endroit! On fait des signalements, mais on a l’impression que ça ne sert à rien. C’est comme parler dans le vide», déplore-t-il.
Et pendant que certains subissent en silence, d’autres paient le prix fort. Les motards et les piétons sont les premières victimes de ces dangers invisibles. Des flaques d’eau profondes, parfois dissimulant des trous de plusieurs dizaines de centimètres, transforment chaque déplacement en prise de risque.
Un nid-de-poule à Casablanca. (S.Kadry/Le360). سعيد بوشريط
Ahmed, livreur à deux-roues depuis plusieurs années, en sait quelque chose, puisque son quotidien se résume désormais à slalomer entre les trous, éviter les flots d’eau, et prier pour ne pas tomber. «Un jour, en descendant vers Aïn Sebaâ, j’ai glissé à cause d’un trou dissimulé sous une flaque. Je me suis retrouvé au sol, mon colis abîmé, ma jambe en sang. C’est dangereux. Mais personne ne réagit», raconte-t-il.
Ce constat d’échec n’épargne personne. Même les autorités locales reconnaissent l’ampleur du problème. Mustapha El Haya, membre du Conseil communal de Casablanca, admet que la situation est critique: «Les dernières pluies ont causé de nombreux dégâts. Beaucoup de trous se sont creusés. Nous avons des équipes dédiées à la réparation, mais avec plus de 5.000 kilomètres de routes à entretenir, les moyens sont très insuffisants.»
Les réparations, lorsqu’elles ont lieu, sont souvent sommaires: un peu d’asphalte jeté à la va-vite, sans traitement de fond. Des solutions qualifiées de «rustines» par les riverains, qui estiment que cela ne fait qu’aggraver la situation à long terme.
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