À peine achevées, certaines routes sont déjà cabossées: Casablanca, capitale mondiale des chaussées défoncées

Un nid-de-poule à Casablanca. (S.Bouchrit/Le360)

Le 26/03/2025 à 11h38

VidéoQuelques gouttes de pluie et Casablanca perd pied. Les chaussées cèdent, les nids-de-poule prolifèrent, et chaque déplacement devient un exercice de survie. Habitants et usagers dénoncent une situation qui dure et s’aggrave.

Un matin pluvieux à Hay Hassani. Le bitume se fend, se creuse, puis disparaît peu à peu sous les eaux. Une voiture freine brutalement. Trop tard. Une roue s’enfonce dans un trou d’une trentaine de centimètres, rempli d’eau boueuse. Le conducteur sort, inspecte les dégâts. C’est la troisième fois en un mois. Le décor est planté: bienvenue à Casablanca, ville aux chaussées défoncées.

Les pluies ne sont pas nouvelles. Les hivers humides, encore moins. Et pourtant, à chaque épisode pluvieux, les mêmes scènes se répètent. Des rues éventrées, des flaques stagnantes qui masquent des crevasses, des motos renversées, des piétons éclaboussés, des pare-chocs arrachés. «C’est devenu un cauchemar», souffle Abderrahim.

«C’est toujours le même problème. Chaque année, dès qu’il pleut, c’est la même galère. Même quand ils réhabilitent les routes, quelques semaines plus tard, ça recommence. Les trous reviennent, parfois au même endroit! On fait des signalements, mais on a l’impression que ça ne sert à rien. C’est comme parler dans le vide», déplore-t-il.

Et pendant que certains subissent en silence, d’autres paient le prix fort. Les motards et les piétons sont les premières victimes de ces dangers invisibles. Des flaques d’eau profondes, parfois dissimulant des trous de plusieurs dizaines de centimètres, transforment chaque déplacement en prise de risque.

Ahmed, livreur à deux-roues depuis plusieurs années, en sait quelque chose, puisque son quotidien se résume désormais à slalomer entre les trous, éviter les flots d’eau, et prier pour ne pas tomber. «Un jour, en descendant vers Aïn Sebaâ, j’ai glissé à cause d’un trou dissimulé sous une flaque. Je me suis retrouvé au sol, mon colis abîmé, ma jambe en sang. C’est dangereux. Mais personne ne réagit», raconte-t-il.

Ce constat d’échec n’épargne personne. Même les autorités locales reconnaissent l’ampleur du problème. Mustapha El Haya, membre du Conseil communal de Casablanca, admet que la situation est critique: «Les dernières pluies ont causé de nombreux dégâts. Beaucoup de trous se sont creusés. Nous avons des équipes dédiées à la réparation, mais avec plus de 5.000 kilomètres de routes à entretenir, les moyens sont très insuffisants.»

Les réparations, lorsqu’elles ont lieu, sont souvent sommaires: un peu d’asphalte jeté à la va-vite, sans traitement de fond. Des solutions qualifiées de «rustines» par les riverains, qui estiment que cela ne fait qu’aggraver la situation à long terme.

Par Hafida Ouajmane et Said Bouchrit
Le 26/03/2025 à 11h38

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Ce problème des routes cabossées se retrouve dans beaucoup de villes au Maroc. Une véritable catastrophe. Ça vient en grande partie, voire exclusivement, de la qualité de l'asphalte utilisé dans les réparations. Les proportions des matériaux ne sont pas respectées car chacun cherche à grappiller quelque chose pour gagner plus d'argent. On constate le même problème avec les finitions dans les hôtels par exemple (salle de bains, douche, robinetterie...). Il n'y a pas réellement la volonté de bien faire, il n'y a que celle consistant à gagner plus en faisant moins bien. C'en est dramatique.

A casablanca je roule en moto tout terrain, c'est parfait pour passer sur les bosses et les trous.

Serieusement ces entreprises de Btp rackettent les finances de l'Etat en toute impunité pour se permettre de livrer des travaux aussi baclés que cherement facturés qui nous mettent en danger. Il n y a que la corruption pour expliquer cette impunité et manque de controle du cahier des charges pour les travaux. C'est comme cela qu' on se prepare pour 2030 et la coupe du monde?. CELA FAIT PEUR car il peut y avoir des morts si la malfaçons touchent les infrastructures.

Je ne peux que vous donner raison. Par ailleurs, on voit les responsables publiques très vite se délester de leur responsabilité. On se demande s'ils sont vraiment qualifiés et ont les compétences techniques pour ce genre de travail. La moindre des choses que tout projet de ce genre implique, c'est un cahier des charges sérieusement et correctement établi et un contrôle qualité independant de l'exécuteur tout au long de la réalisation des travaux pour s'assurer que les deniers publiques ne sont pas dilapidés. Le Maroc n'a pas besoin de pleurnicheurs qui s'essuient très vite les mains sur un temps pluvieux ou je ne sais quoi et qui au premier coup de tonnerre qui dévoile leur incompétence ne veulent prendre aucune responsabilité.

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