Dans les rues de Berrechid, la scène est devenue familière: sous un soleil de plomb, des vendeurs ambulants, équipés de réservoirs ou de bidons d’eau empilés sur des charrettes ou des voitures, sillonnent la ville en quête d’acheteurs. Et pour cause, les coupures d’eau, mais aussi la qualité parfois contestée de celle desservie via le réseau de distribution, ont poussé de nombreux habitants à chercher des alternatives. Une situation qui s’est vite transformée en opportunité pour certains.
Ainsi, ces commerçants improvisés n’ont pas de mal à trouver des clients prêts à payer pour éviter de boire l’eau du robinet, que de nombreux habitants interrogés par Le360 jugent impropre à la consommation ou d’un désagréable goût salé. Toutefois, lorsqu’on les questionne sur la provenance de l’eau ainsi commercialisée, les marchands se limitent à des réponses évasives: la plupart disent ainsi l’acheter, pour 150 dirhams les 500 litres, auprès d’exploitants de puits ou de sources à la périphérie de la ville… sans jamais préciser lesquels.
On s’en doute, pour les ménages de Berrechid, cette alternative est un poids supplémentaire pesant sur leur budget. En effet, vendue à des prix pouvant atteindre les 6 dirhams pour un bidon de 5 litres, l’eau des marchands ambulants n’est pas vraiment bon marché. Résultat, ne pouvant se permettre une telle dépense, nombre d’habitants se résignent à boire l’eau du robinet.
Questionnés à ce propos, ils ne cachent pas leur grande frustration face à cette situation, qui semble s’éterniser malgré leurs plaintes répétées auprès des autorités locales.
Des vendeurs ambulants d'eau potable dans les rues de Berrechid. (S.Bouchrit/Le360). DR
Ces derniers mois, la ville de Berrechid a fait l’objet de plusieurs coupures d’eau. La dernière en date a été observée le 15 août dernier, en raison des travaux de raccordement de la station de dessalement de Jorf Lasfar à la station de traitement du barrage Daourat, principal fournisseur d’eau potable de la ville.
Pour rappel, lors d’une session extraordinaire du Conseil de la ville de Casablanca, tenue le mercredi 7 août, la maire Nabila Rmili avait déjà signalé une situation hydrique «critique et préoccupante» dans la région de Casablanca-Settat, en dépit de l’interconnexion avec le bassin du Bouregreg.
Lire aussi : Stress hydrique. Pourquoi Berrechid a été temporairement privée d’eau
Cependant, la quantité d’eau acheminée de ce bassin reste insuffisante pour répondre aux besoins croissants en eau potable de la région, notamment en raison de la capacité de transit limitée entre Rabat et Casablanca. Dans ce contexte, des mesures d’urgence ont été prises, notamment la réduction de 10% du débit dans le réseau de distribution de Casablanca, et des initiatives sont en cours pour transférer de l’eau dessalée à partir de Jorf Lasfar vers la métropole.
Pour Berrechid, ces mêmes enjeux se traduisent par la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement en eau. Le projet en cours de raccordement de la station de dessalement de Jorf Lasfar au barrage Daourat constitue une étape cruciale pour garantir un accès stable à l’eau potable, en attendant la mise en service de la grande station de dessalement de Casablanca, qui devrait répondre de manière plus durable aux besoins en eau de la région.