L’atmosphère, d’habitude électrique à l’approche du ftour, se trouve aujourd’hui livrée à une quiétude inédite en cette fin de Ramadan. Seuls quelques groupes isolés arpentent la mer, dont une poignée de lycéens en sortie pédagogique, accompagnés par leur professeur. Chacun a apporté un plat à partager: des quiches dorées, des parts de pizza encore tièdes, des brownies moelleux, quelques cakes maison, et même un grand plat de couscous qui trône au centre de leur table improvisée. Ils rient, déballent les plats et arrangent les assiettes en attendant l’adhan. Les retardataires arrivent à la dernière minute, les bras chargés de paniers et de thermos.
Mais à peine les plateaux de dattes et de harira rangés, la magie opère: un adolescent extirpe une darbouka cabossée de son sac. Les rythmes entraînants de l’instrument réveillent la plage assoupie. En chœur, les voix s’élèvent, mêlant chants traditionnels et refrains populaires, tandis que d’autres défiaient les vagues dans des sprints improvisés, leurs ombres s’étirant sur le sable doré. Plus loin, un groupe s’éclabousse en riant, pieds nus dans l’écume phosphorescente.
Pourtant, la véritable grâce réside dans leur geste final: avant de quitter la plage, ils ont méthodiquement ratissé le sable, collectant mégots et papiers froissés dans un sac récupéré. Aucune trace de leur fête éphémère – pas un élastique oublié, pas d’empreinte de plastique sur la dune. Un soin presque ritualisé.
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