Dans son avis sur le lien intergénérationnel entre les Marocains résidant à l'étranger (MRE) et le Maroc, dévoilé mercredi 21 décembre à Rabat, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) indique que cette communauté constitue près de 15% de la population totale du Royaume et contribue à plus de 7% au produit intérieur brut. En avril 2021, ils étaient 5,1 millions à être officiellement enregistrés auprès des consulats du Royaume.
Une population estimée à 6,5 millions
A ce chiffre peuvent s’ajouter les Marocains vivant à l’étranger et non immatriculées dans les consulats, les Marocains nés au Maroc et expatriés, ainsi que les nationaux ou binationaux nés et résidant à l’étranger dont au moins un parent est marocain. Dès lors, la communauté des MRE peut être estimée de 6 à 6,5 millions de personnes, indique le CESE.
Selon le Conseil, le poids des transferts financiers des MRE, présents dans plus de 100 pays, avec une majorité en Europe, se chiffre à un montant qui pourrait avoisiner les 100 milliards de dirhams en 2022.
S’agissant des raisons qui les ont motivés à quitter leur pays d’origine, la moitié des MRE citent des raisons économiques et sociales. En outre, un sur cinq d'entre eux explique son émigration par un choix de regroupement familial ou de mariage.
Des flux qui se féminisentSelon une enquête récente du Haut-Commissariat au plan (HCP), près de 78% des MRE ont quitté le Maroc durant la période 2000-2018 et 24% depuis l’année 2015. Ils sont majoritairement jeunes, près de 60% ayant entre 15 et 39 ans. De plus, la population marocaine à l’étranger est désormais composée à 44% de femmes via, dans un premier temps, des dispositifs de regroupement familial, puis une migration féminine autonome.
Les Marocains du monde ont un niveau d’instruction plus élevé que la moyenne de la population du Maroc. Plus du tiers (33,5%) ont atteint le niveau d’enseignement supérieur, dont une proportion de femmes (44,7%) supérieure à celle des hommes (28,4%), plus du tiers encore (33,7%) a un niveau d’étude secondaire et environ 16% le niveau primaire.
Des liens forts avec le Maroc
Selon la consultation en ligne réalisée par le CESE, plus des deux tiers des répondants (65,22%) ont qualifié leurs liens avec le Maroc de «forts». Ceux-ci se manifestent sous forme de relations personnelles et familiales, notamment via la régularité des visites aux parents et à la famille (94,3%), la célébration des fêtes religieuses et familiales (37,3%) ou dans le cadre de séjours au niveau d’une résidence secondaire ou alternée (24,4%).
Ces liens se manifestent également dans le cadre professionnel, de l’investissement (34% des répondants), du commerce (19,32%) et des interventions auprès d’entreprises ou dans le cadre de projets de coopération (11,69%). Les autres types de liens ont trait à la culture, au tourisme et aux actions de solidarité.
Ce que propose le CESE pour renforcer davantage ces liens
Le CESE plaide pour la mise en place d’une architecture institutionnelle renouvelée, en attribuant à un ministre délégué chargé des Affaires des Marocains du monde la mission et la responsabilité de concevoir et de veiller à la bonne mise en œuvre de la stratégie MDM.
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Il recommande aussi de hisser la commission ministérielle chargée des MRE et des affaires de la migration au rang d’une haute commission stratégique, de mettre en place une plateforme digitale unique (guichet unique) qui assure l’interopérabilité entre tous les intervenants de l’écosystème destiné aux MDM, et de renforcer les ressources humaines des consulats.
Le CESE propose d’œuvrer, en collaboration avec les ambassades, à la modernisation de l'offre culturelle destinée aux MDM, d’améliorer l’accès des MRE à la protection sociale, et de prévoir dans l’arsenal législatif et réglementaire des dispositions facilitant la mobilité des compétences marocaines exerçant à l’étranger.
Il est enfin question d’encourager les acteurs du secteur financier marocain à développer des produits d’épargne et de retraite complémentaires et attractifs dédiés aux MDM, et de développer la participation et la représentation des MDM dans les institutions consultatives, de régulation et de bonne gouvernance.