Saviez-vous que la tomate est un fruit, pas un légume. C’est un fruit parce qu’elle contient des graines et pousse de la fleur d’une plante. Ses bienfaits sont nombreux: elle contient de la vitamine E et C, attaque et élimine les mauvaises graisses; elle est riche en potassium et contribue à diminuer l’hypertension artérielle; elle est en plus un antioxydant.
Légume ou fruit, la tomate nous est chère. Pas une famille qui s’en passe. Elle est la reine de la cuisine marocaine. Durant le Ramadan, elle trône sur les étals des marchands, fière d’être indispensable quel qu’en soit le prix.
Justement, ces derniers temps, elle vaut cher. Ce n’est pas de son fait, mais plusieurs éléments –le climat, le marché européen, la guerre de l’Ukraine, la peur de la sécheresse– ont fait d’elle un fruit qui a atteint des prix au kilo jamais vus chez nous.
En France, dans le marché, je suis toujours à la recherche de notre tomate. Elle a bonne réputation. Elle se vend en ce moment entre quatre et cinq Euros le kilo.
La tomate a beaucoup d’amants, je veux parler de ces intermédiaires qui font leur beurre sur son dos et c’est le consommateur marocain qui paye ce surplus de frais. Mais la tomate nue, elle ne coûte pas cher, du moins tant qu’on ne l’exploite pas sans vergogne.
Sa couleur rouge est éternelle. Elle brille au soleil, elle fait rêver, elle fait saliver. Depuis quelque temps, la couleur rouge a été supplantée par du vert, du jaune et même du noir. On sert dans certains restaurants des salades de tomates de toutes les couleurs mélangées avec de la mozzarella.
Ah la fameuse Mozza! Elle est arrivée d’Italie, sans crier gare et s’est immiscée dans notre cuisine, mariée avec la tomate. A elles deux, elles forment un couple parfait si on y ajoute un peu de cette huile d’olive, ou mieux encore de cette huile d’argan devenue le must à la mode en Europe.
Le musée de l’arganier entre Agadir et Taghazout est une merveille. C’est une célébration de cette huile que la cuisine traditionnelle avait ignorée. A présent l’argan est aussi bien dans les salades que sur la peau des femmes qui veulent rajeunir.
Et la tomate? Elle est de plus en plus cultivée sous serre. Et ça, elle n’aime pas. Nous non plus, mais que faire pour satisfaire une demande si importante localement et internationalement?
Elle sort de là, propre, brillante, ferme, suivant la norme européenne, bien calibrée, prête à prendre le bateau pour les pays européens ou africains.
Nous autres, on l’aime en vrac, sans uniformité. Qu’importe qu’elle soit calibrée, l’essentiel est qu’elle soit bien juteuse et ayant le goût de la nature.
Notre belle tomate mérite bien un poème, un chant qu’on ferait apprendre aux élèves du primaire pour qu’ils sachent combien ce fruit, si banal, si quotidien est un bien très précieux aussi bien pour la santé physique que pour le moral.
Au café, au lieu de boire un de ces sodas pleins de sucre, demandez un jus de tomate assaisonnée et vous verrez combien cette boisson est bonne pour tout.
C’est pour toutes ces raisons qu’on prie nos agriculteurs de ne pas la maltraiter avec de la chimie, et de la laisser grandir à son rythme sous le merveilleux soleil du pays. Ils feront moins d’affaires, mais ils auront respecté et le fruit et l’environnement.
Cet éloge de la tomate arrive au moment où son prix effraie les citoyens. Il est temps de nous rendre notre tomate, beldia, de formes différentes, petite ou grosse, rouge ou encore verte, mais dont le goût est inimitable, bon, succulent.
Elle ne mérite pas la spéculation et le super profit. La tomate est populaire, elle est de condition modeste, fière et bonne. N’en faites pas une marchandise dont la valeur serait uniquement marchande.