L’Université Abdelmalek Essaâdi (UAE) et l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) ont signé, mardi 4 février, une convention-cadre destinée à renforcer leur coopération scientifique dans le domaine du cannabis médical, pharmaceutique et industriel.
Cet accord vise à favoriser l’essor d’un secteur en pleine évolution, à travers la mise en place d’un projet de recherche. Il prévoit également d’encadrer les activités légales liées au cannabis, en assurant le respect des normes scientifiques et éthiques. Par cette initiative, l’UAE et l’ANRAC souhaitent non seulement approfondir la connaissance des usages thérapeutiques du cannabis, mais aussi contribuer à la création d’un écosystème de recherche solide et crédible, font savoir les deux entités dans un communiqué.
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Dans le cadre de cette coopération, un accord spécifique impliquant la Faculté de médecine et de pharmacie ainsi que le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Tanger est en cours de finalisation. Il détaillera ainsi les modalités de recherche appliquée sur les propriétés médicales des cannabinoïdes. Une approche qui permettra d’assurer un suivi rigoureux des études menées et de garantir des résultats scientifiques exploitables à des fins médicales et pharmaceutiques.
On apprend alors que l’un des axes majeurs de cette collaboration porte sur l’évaluation des effets des cannabinoïdes dans le traitement de diverses pathologies, notamment les maladies inflammatoires, les maladies neurodégénératives et la douleur chronique. De nombreuses études ont déjà mis en avant le potentiel thérapeutique du cannabis médical, mais la recherche reste encore insuffisante, notamment en ce qui concerne l’adaptation des traitements aux populations spécifiques et aux contextes médicaux locaux.
Les maladies inflammatoires pourraient être une indication majeure pour l’utilisation du cannabis médical. Des recherches récentes ont démontré que les cannabinoïdes, en particulier le cannabidiol (CBD) et le tétrahydrocannabinol (THC), possèdent des propriétés anti-inflammatoires significatives. Ces substances agissent en modulant la réponse immunitaire, ce qui pourrait s’avérer particulièrement bénéfique dans le traitement de maladies comme la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn ou encore certaines formes d’eczéma sévère, avait précédemment expliqué Jaâfar Haikal, médecin et chercheur, dans une déclaration pour Le360, en marge de sa participation à un atelier sur les vertus médicinales et pharmaceutiques du cannabis.
Les effets neuroprotecteurs des cannabinoïdes
Les maladies neurodégénératives constituent un autre axe de recherche prioritaire. La maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson et la sclérose en plaques figurent parmi les pathologies les plus préoccupantes en raison de leur caractère progressif et irréversible. Des études préliminaires suggèrent que les cannabinoïdes possèdent des propriétés neuroprotectrices qui pourraient ralentir l’évolution de ces maladies et améliorer la qualité de vie des patients. Dans le cas d’Alzheimer, le THC semble capable de réduire l’accumulation des plaques bêta-amyloïdes, l’une des principales causes de la dégénérescence neuronale. Pour les patients atteints de Parkinson, le CBD pourrait atténuer les tremblements et favoriser un meilleur sommeil. Quant à la sclérose en plaques, plusieurs essais cliniques ont déjà montré que les cannabinoïdes permettent de soulager la douleur musculaire et d’améliorer la mobilité des patients.
La douleur chronique représente un défi majeur pour le système de santé, en raison de son impact sur la qualité de vie des patients et des limites des traitements conventionnels. Les antalgiques classiques, notamment les opioïdes, sont souvent associés à des effets secondaires lourds et à un risque de dépendance. Le cannabis médical apparaît comme une alternative prometteuse, particulièrement pour les douleurs neuropathiques, les douleurs cancéreuses et les migraines sévères.
Des recherches menées à l’international indiquent que les cannabinoïdes interagissent avec le système endocannabinoïde du corps humain pour moduler la perception de la douleur. Les patients souffrant de douleurs résistantes aux traitements classiques pourraient ainsi bénéficier d’une approche thérapeutique innovante et mieux tolérée.
Tout ce que le cannabis médical peut générer au Maroc
Afin d’assurer un cadre rigoureux à ces recherches, l’UAE et l’ANRAC ont convenu que chaque projet fera l’objet d’une convention spécifique, validée par l’ANRAC avant son lancement. Cette approche garantira la conformité des études aux normes scientifiques et réglementaires en vigueur.
Au-delà de ces enjeux médicaux, cette convention revêt une dimension stratégique pour le Maroc, qui ambitionne de devenir un acteur majeur dans la recherche et le développement du cannabis médical. Un segment en plein essor qui pourrait, selon le président de la Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutique (FMIIP), Mohamed El Bouhmadi, «générer un flux de revenus annuel de 4,2 à 6,3 milliards de dirhams d’ici 2028, si le Maroc parvient à atteindre une part de marché européenne de 10-15%».
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