Un projet resté longtemps en stand-by. La relocalisation des marchés de gros de Casablanca, à savoir le marché de gros des fruits et légumes (Moulay Rachid), celui des poissons (Lahraouyine), celui de la vente d’œufs (La Gironde) et celui des volailles (Hay Mohammadi), est une revendication de longue date des habitants de la métropole qui a longtemps été sur la table des élus locaux. Mais la réalisation du projet est restée en suspens faute d’un foncier approprié.
Le problème est désormais résolu, à en croire Moulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil communal de Casablanca, contacté par Le360. «Nous avons trouvé un terrain à Lakhyayta qui répond aux critères nécessaires pour la mise en place des nouveaux marchés de gros, et qui est surtout près de l’autoroute», a-t-il fait savoir.
«Le projet sera présenté dans le cadre du Plan d’action communal (PAC) lors d’une session extraordinaire au mois de mars», a également ajouté l’élu local, soulignant que le projet s’inspire du marché international de Rungis, sis à 15 kilomètres de la capitale française.
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Dans une récente interview pour Le360, Afilal avait déjà partagé la conception du Conseil quant à ce projet. «Nous voulons justement construire une petite ville et y rassembler tous les marchés de gros de la métropole. On pense aussi y construire des cafés et restaurants, ainsi que tous les services indispensables pour les professionnels qui vont s’y rendre pour acheter leurs marchandises en gros, et ceux qui y travaillent», avait-il précisé.
Un projet «prématuré»?
La relocalisation des marchés de gros constitue, certes, un projet ambitieux qui permettra de désencombrer et décongestionner la ville de Casablanca, mais il ne fait pas l’unanimité du côté des grossistes de la ville. Joint par Le360, Abderrazak Chabi, secrétaire général de l’Association du marché de gros des fruits et légumes de Casablanca (AMGFLC), a souligné que «c’est un projet prématuré qui va porter atteinte aux intérêts des professionnels». Et d’ajouter: «Il faut d’abord qu’une étude soit réalisée sur les problèmes auxquels sont confrontés les commerçants et qui perdurent depuis une vingtaine d’années.»
Pour Chabi, la relocalisation des marchés de gros dans des zones éloignées de la ville pourrait nuire aux activités commerciales des grossistes. «Comment pourrions-nous, en tant que commerçants, concurrencer le secteur informel si on nous éloigne davantage du centre de la ville, alors qu’actuellement, plusieurs produits sont acheminés directement au marché sans passer par le marché de gros?» s’interroge-t-il. «Si on nous déplace à l’extérieur de la ville, cela va davantage nuire à nos activités. Nous serons enterrés là-bas!»
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Cette décision pourrait également avoir des répercussions sur les prix des produits alimentaires, selon le président de l’AMGFLC: «Sortis du marché de gros, les prix des produits continuent d’augmenter avant d’arriver chez le consommateur final. Cela va se répercuter sur les citoyens, qui devront payer plus cher, car c’est généralement le coût du transport qui influe sur le prix final».
Il insiste, par ailleurs, sur le fait que la relocalisation des marchés de gros constitue une dernière étape qui doit être précédée par une restructuration profonde de ceux-ci. «Il faut revoir tous les aspects organisationnels et réglementaires. Sinon, même avec de nouveaux marchés, on se retrouvera confrontés aux mêmes problèmes», met-il en garde.
Et de conclure: «Nous ne sommes pas contre le déplacement du marché hors de la ville de Casablanca, mais cela doit se faire selon une approche participative qui tient compte des exigences des marchés de gros ainsi que de nos propositions à cet égard».