Dieu merci, la justice a triomphé dans le procès du viol de la petite Sanae

Soumaya Naâmane Guessous.

Soumaya Naâmane Guessous.

ChroniqueLe principal accusé, père biologique de l’enfant de la victime, a été condamné à 20 ans de prison et 60.000 dirhams de dommages et intérêts, tandis que les deux autres accusés écopent de 10 ans de prison chacun et de 40.000 dirhams de dommages et intérêts.

Le 14/04/2023 à 12h21

Je suis soulagée pour la pauvre fillette, devenue mère à 12 ans. Elle et sa famille vont pouvoir enfin panser leurs plaies.

Je suis fière de vivre dans un Maroc où la liberté d’expression m’a permis de publier cette lettre ouverte au ministre de la Justice pour dénoncer, en toute quiétude, une injustice. Cette même liberté a permis à la société civile et à l’opinion publique de se mobiliser intensément pour exprimer leur indignation et revendiquer des réformes.

Je rends hommage aux associations qui se sont fortement impliquées et à INSAF qui a soutenu la fillette dès son agression.

Je suis satisfaite de la réactivité et de la célérité des instances de la justice qui ont désigné un magistrat capable d’appliquer la loi en toute équité.

Ce verdict ne doit pas être considéré comme la victoire sur un scandale qui a tenu en haleine toute une population, mais comme la nécessité de renforcer la protection de l’enfance.

Outre l’application stricte des lois, la prise en charge institutionnelle efficace des enfants victimes de violences sexuelles doit être entièrement restructurée afin de garantir une réelle protection en toute confidentialité.

Les verdicts relatifs à ces violences doivent faire l’objet d’un contrôle régulier et être partagés en toute transparence avec le public sur la plateforme digitale du ministère de la Justice.

Tout le corps judiciaire doit considérer le viol comme un crime excluant toute circonstance atténuante.

Le cas de Sanae n’est pas unique. Les viols existent, mais ne constituent nullement un fléau.

La sortie des filles de leurs foyers et la mixité favorisent la hausse des agressions sexuelles. Quand les fillettes étaient enfermées, mariées enfants ou adolescentes, les viols étaient moins nombreux.

Les familles étouffaient ces drames, dont étaient victimes leurs filles et même leurs garçons, à cause de la peur de chouha, de lafdiha (scandale), de lahchouma (honte).

Les filles sont toujours considérées comme responsables: elles n’avaient pas à se trouver là, elles portaient des habits qui ont attisé le désir des hommes… La femme est une Ève potentielle qui empêche l’homme de maîtriser ses pulsions, et ce même dans les pays développés.

Une association américaine a exposé, sous le thème «Que portais-tu ce jour-là?», 18 tenues de femmes violées. Il n’y avait ni mini-jupe, ni short, ni tenue sexy. Donc l’habit ne fait pas le viol!

En 2007 fut lancée, par une travailleuse sociale afro-américaine, la campagne «Me Too», devenue un mouvement social universel en 2017 pour briser le silence et dénoncer les violeurs. Depuis, de nombreux scandales ont éclaboussé des personnalités.

En France, en 2017, naît la campagne «Balance ton porc» qui a encouragé des dizaines de femmes à dénoncer leurs violeurs.

Toujours en France, ce n’est que récemment que le scandale de la pédophilie dans les églises par des religieux a éclaté.

Au Maroc, les familles osent de plus en plus dénoncer les violeurs. Mais combien ne le font pas?

Souvent, les familles étouffent le scandale, même en cas d’inceste, pour préserver l’unité de la famille et éviter d’envoyer un des leurs en prison. C’est toujours l’intérêt de la famille qui prime, au détriment de l’intérêt suprême de l’enfant!

La peur du regard des autres est si forte que des parents peuvent prendre des décisions aux conséquences graves. En 2012, Amina, violée à 15 ans, s’est suicidée quand ses parents l’ont forcée à épouser son violeur. Sa mère m’a avoué: «Les dires des gens sont plus douloureux que la souffrance de notre fille!»

Le père de Sanae a dit: «Ils nous ont détruits. Je ne peux même plus voir ma famille!» Il parlait de sa grande famille. Quelle cruauté!

Les ruraux n’ont pas les moyens pour payer le transport pour aller en ville pour les procédures judiciaires. Ils ne comprennent pas les différentes étapes, ne peuvent payer les avocats… Souvent, ils laissent tomber.

Souvent, le violeur propose de l’argent à la famille de la victime pour ne pas déposer plainte. La famille peut être tentée ou obligée d’accepter quand la famille du coupable fait intervenir des personnes respectées de tous.

Il est fréquent que des filles victimes de violences sexuelles n’informent pas leurs parents. Ce sont surtout des filles de la campagne ou des villages, habitant loin de leur famille pour des raisons de scolarité ou de travail. Informés, les parents retiennent leurs filles à domicile. Il est difficile pour une jeune fille rurale de retourner vivre à la campagne, dans des conditions pénibles, isolée, sans loisirs, loin du confort citadin.

J’ai le cas d’une adolescente de 16 ans, dont les parents habitent à la campagne: «Ma tante chez qui j’habite n’a qu’une chambre. La nuit, son mari me caresse les seins». Elle refuse mon aide: «Si mon père le savait, il me ramènerait au bled et mes études seraient interrompues». Elle refuse que j’en parle à son bourreau: «Il va me chasser et mon rêve de devenir gendarme se brisera!»

S’il nous semble que les viols augmentent, c’est aussi parce que le tabou et en train de se briser: les médias en parlent et les réseaux sociaux informent la population, y compris celle qui est analphabète ou à peine lettrée, grâce aux vidéos.

Malheureusement, à travers le monde, il a fallu des sacrifices de victimes pour que les lois changent. C’est grâce au suicide d’Amina que l’article 475 du Code pénal, qui permettait au violeur d’épouser sa victime pour éviter la prison, a été abrogé.

La souffrance de Sanae ne sera certainement pas inutile. Grâce à elle, la protection de nos enfants sera consolidée.

Pareille injustice ne se reproduira plus. J’ai confiance en la justice de mon pays.

Par Soumaya Naamane Guessous
Le 14/04/2023 à 12h21

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Je reprends les termes de cette femme '' Je suis fière de vivre dans un Maroc où la liberté d’expression m’a permis de publier cette lettre ouverte au ministre de la Justice pour dénoncer, en toute quiétude, une injustice'' Si vous appelez ceci la liberté, je vous confirme que vous avez la liberté de respirer. La liberté serait quand cette fille puise faire ce qu'elle veut sans être violée.

Je reste confiance. Voici la déclaration du Ministre de la Justice : Abdellatif Ouahbi a été ferme : "Nous avons décider d'abolir les circonstances atténuantes au viol sur mineur. Ceci n'a aucun sens et aucune raison d'être. Donc, aucune possibilité de réduire les peines contre les violeurs", insiste M. Ouahbi. Il a également évoqué le cas de compromis décidé par le tuteur que ce soit les parents ou autres. "Les enfants victimes de viols n’ont pas l’éligibilité de recourir à un compromis et leurs parents n’ont pas le droit de lâcher l’affaire lorsqu’il s’agit du droit de leurs enfants", a-t-il noté. Linformation.ma, 17/04/23 Aid Moubararak said

Venant de ce ministre … après ses nombreuses sorties cavalières médiatiques, en voilà une de plus. Mais quel compromis ? il s’agit d’un crime, l’accusé est poursuivi par le public, la société. Voyez-vous, on n’a besoin ni d’une justice de vengeance ni de complaisance, mais ferme avec des garantie des droits de la défense. Quand les preuves sont irréfutables, il n’y a pas de compromis. D’ailleurs, pourquoi les contribuables payent les entretiens de ce type de détenu? La réinsertion se mérite. Quant à l’enfant et la jeune maman, en situation de vulnérabilité extrême, l’État en connaissance de cause est responsable.

Merci pour vos émouvants témoignages. Vous avez été nombreuses et nombreux à exprimer votre indignation et je m'en réjouis. L'opinion publique s'est fortement mobilisée, ainsi que la société civile. C'est cette belle synergie qui fait avancer les choses. Maintenant, il faut rester vigilant afin que pareil aberration ne se reproduise plus jamais. Je suis certaine que des actions seront mises en œuvre par l'Etat dans ce sens. Je remercie et vous souhaite une bonne fin de ramadan.

Mme Guessous, malheureusement d'autres cas ont eu lieu dont le cas d'un père qui a violé sa propre fille et qui écopé d'une peine légère. Il y a eu aussi un viol d'un petit dans un hammam récemment. Les affaires pullulent et je doute que l'affaire de Tiflet change quelque chose. Il faut une sanction plus sévère et castrer ces malades.

suite Chapeau Soumaya, vous avez fzit trembler le ministère de la justice. Tout le Maroc a été secoué. Et même l'international.

Bravo professeur. Ppetmettez moi de vous nommer Soumaya tout court. Grâce 2vous,la petite fille va devenir une icône.

Bonjour Madame Soumaya Naamane Guessous. Vous avez gagné une bataille, bravo! Allons-y maintenant pour gagner la guerre! Cordialement.

Il aurait fallut la castration pour ces criminels. Une association pour la défense des femmes et enfants au Maroc demande à ce que cela soit implanté dans la loi comme dans d'autres pays (Norvège etc.)

une castration pour ces criminels sera comparable à couper la main au voleur!!

c est la prison a vie qu ils méritent Et aujourd'hui le père qui a violé sa fille de 12 ans ..8 ans seulement. La fête continue

BRAVO MADAME. CHAPEAU BAS. Même si je suis d'accord avec les réserves de Rachadl

On ne peut certainement pas dire que la justice a triomphé dans cette histoire sordide. Le premier jugement avait malheureusement disqualifié cette justice. Le viol en réunion de la gamine est un acte criminel. Il s’agit bien d’un crime selon les standards internationaux. Il a été commis avec circonstance aggravante. Il devrait donc se traduire par une décision à la hauteur de cet acte ignoble. La petite va rester traumatiser toute sa vie et ce ne sont pas les quelques dirhams qui changeront son destin. La justice a du revoir son jugement car le peuple marocain a été très choqué par le premier jugement (Merci à Internet). S’il n’y avait pas cette réaction l’affaire serait close.

Et le juge de première instance ? J'aimerais bien qu'il soit condamné également ou suspendu le temps qu'une enquête soit réalisée pour comprendre les 2 misérables années qu'ils voulaient donner à ces monstres. Je trouve personnellement que les peines ne sont pas assez sévères, d'autant plus qu'il s'agit de viols qui ont été répétés plusieurs fois sur cette victime. Il aurait aussi fallut une castration de ces bêtes et il faut que ce soit systématique. Qui sait s'ils ne feront pas d'autres victimes à leur sorties.

Bonjour Madame Guessous ; Vous devez être fière d’avoir été à l’origine de la levée de cette injustice qui a frappé cette pauvre fillette et sa famille ! Toutefois, ce redressement des choses n’a pas à être mis à l’actif de notre justice, car s’il n’y avait pas votre « cri » ,personne n’aurait dit :اللهم ان هذا منكر ,surtout que les faits se sont produits dans cette partie du Maroc où l’on ne se souvient de l’existence des citoyens que lors des élections ! La correction a été donc faite sous la pression. Par ailleurs, ce drame a mis en relief la défaillance notoire de bcp de services de l’Etat. Tant que la gestion de la chose publique est confiée à des commis(du ministre au mokaddem) et non à des compétences, nous continuerons à ‘’bricoler’’et à faire semblant de travailler! Cordialement

Les pédophiles occidentaux qui vont abuser des enfants dans un certain pays d'Asie et d'autres régions du monde viendront assouvir leur perversité au Maroc si par malheur les relations sexuels hors mariages ne sont plus hors la loi .En effet, la justice sera débordé par ce déferlement de prédateurs sexuels et autres détraqués sexuels qui penseront alors que tout est permis au Maroc.

Ce nouveau jugement pour ces violeurs est correct aux yeux de tout le monde. Ce qui est inconcevable c’est que le premier juge qui avait trouvé des circonstances atténuantes à des violeurs d’une enfant est toujours en exercice. Il n’est plus à sa place dans un tribunal, il doit dégager. Dans toutes les affaires de viol, il doit y avoir une instance nationale pour avoir un regard sur tous les jugements rendus. Sans ça, il y aura toujours des erreurs ou des jugements complaisants de juges véreux.

10 ans chacun, tandis que le père biologique, 20 ans. Si je comprends bien, s’il n’y avait pas d’enfant, il aurait lui aussi écopé de 10 ans. Ce double de la peine vient du fait que son chromosome Y a réussi de féconder un embryon. Ce chef d’accusation génétique qui vaut 10 ans au fait, s’ajoute à celui du viol collectif, c’est ça? et cela donne 20 ans ? Et puis les 60.000 dirhams de dommages et intérêts, à peine 6000 $USA. Est-ce avec ça qu’elle va panser ses plaies ? avec un enfant dans ses bras ? حاول تفهم تسطا Non, on n’est pas satisfait du verdict expéditif rendu sous la pression de la rue.

Bien dit ! Bravo ! S'il n'y avait pas eu grossesse quel aurait été le jugement ?! ... Chacun des 3 violeurs aurait pu être le père de l'enfant ! Les 3 auraient dû être condamnés à la même peine maximale !!! ... Étrange et Merci

Personne ne pourra rendre à cette petite fille , ce qui lui a été volé mais cette peine de prison qui a été largement médiatisée va faire réfléchir plus d'un potentiel .pédophile. Espérons que la justice sera au moins aussi sévère avec les nombreux touristes étrangers qui viennent abuser des jeunes enfants car ils pensent qu'ils sont sur de s'en tirer un bon compte avec leur argent et du fait qu'ils sont occidentaux.

On tente de rectifier le résultat du premier procès; qu’on sait déjà avoir enfreint, de façon flagrante, les droits des victimes - la petite maman et son bébé. C’est aussi un procès tenu à la hâte, et bizarrement «à l’aube», grâce uniquement à la pression exercée par l’opinion publique. Bref, il s’agit tout simplement d’un «mea culpa» déguisé en «volonté» de revisiter les éléments pris en considération par le panel de juges qui avaient rendu le premier verdict. Autrement dit, on reconnaît l’erreur judiciaire comme un problème de «technicité», mais sans pour autant avouer l’interprétation catastrophique que ces juges ont fait des textes juridiques. Au fond, ce que ce dossier a pu dévoiler, c’est qu’ils sont ou incompétents, ou corrompus, ou les deux. Bref, ils doivent être virés.

Justice for One, Justice for All. And power to the People.

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