L’effet des précipitations de mars est visible partout: remplissage des retenues, retour de l’humidité dans les sols et espoir dans les champs. Un regain bienvenu, attendu depuis des mois. Selon Younes Laabdi, chef de service de la gestion de l’eau à la direction générale de l’hydraulique, relevant du ministère de l’Équipement et de l’Eau, un tel niveau n’avait plus été atteint au Maroc depuis septembre 2021.
Le360: Quel bilan faites-vous de la situation hydrique au Maroc depuis le début de l’année hydrologique?
Younes Laabdi: Les précipitations moyennes enregistrées entre le premier septembre 2024 et le 31 mars 2025, pour l’ensemble du Royaume, ont varié de 5 millimètres à 379 mm avec un maximum ponctuel cumulé de 955 mm enregistré au niveau du poste Jbel Oudka, dans le bassin du Sebou. Cela s’est traduit par un excédent de 52% au niveau des bassins du Guir-Ziz-Rheris et de 17% pour les bassins du Draa-Oued Noun. Mais il y a eu pourtant un déficit de 12% à 24% au niveau des bassins de la Moulouya, du Sebou et de l’Oum Er-rbia, de 30% à 34% dans les bassins du Loukkous, du Tensift, du Bouregreg et la Chaouia, et du Souss Massa et de 81% au niveau du bassin de Sakia El Hamra-Oued Eddahab.
À combien s’élèvent les apports d’eau enregistrés?
Le volume global des apports d’eau enregistrés pour l’ensemble des grands barrages du Maroc, au cours de la période allant du 1er septembre 2024 au 10 avril 2025, est évalué à 3,51 milliards de m³. Comparés à la normale et à l’année précédente, ces apports sont déficitaires de 59% par rapport à l’apport moyen pendant la même période, mais ils sont excédentaires de 40% par rapport à l’année dernière.
Bassins | Apports du 1er septembre 2024 au 10 avril 2025 (en millions de m³) |
Apport moyen de la même période (en millions de m³) | Écart en % par rapport à la moyenne |
Apports de l'année dernière (en millions de m³) | Écart en % par rapport à l'année dernière |
---|---|---|---|---|---|
Loukkos | 441,0 | 1205,3 | -63,4 | 586,4 | -24,8 |
Moulouya | 436,7 | 732,6 | -40,4 | 236,9 | 84,4 |
Sebou | 1123,6 | 3440,7 | -67,3 | 899,7 | 24,9 |
Bouregreg Chaouïa | 267,0 | 592,5 | -54,9 | 109,2 | 144,6 |
Oum Rbiaa | 547,6 | 2188,5 | -75,0 | 522,2 | 4,8 |
Tensift | 79,8 | 275,5 | -71,0 | 85,8 | -6,9 |
Souss Massa | 130,9 | 431,5 | -69,7 | 54,6 | 139,7 |
Draa Oued Noun | 236,8 | 329,7 | -28,2 | 21,3 | 1011,8 |
Ziz Guir Rheriss | 246,4 | 123,4 | 99,8 | 32,1 | 667,8 |
Total | 3509,8 | 8694,1 | -59,6 | 2502,0 | 40,3 |
Quel a été le volume global des réserves enregistré depuis le début de l’épisode pluvieux?
Les précipitations enregistrées entre le premier février et le 2 avril 2024 ont permis de générer des apports d’eau qui s’élèvent à 2,12 milliards de m³ au niveau des barrages.
Le taux de remplissage des retenues de barrages du Royaume a connu une amélioration notable, passant de 28% le 6 mars 2025 à 38,34% le 2 avril 2025, soit un stock total de 6,42 milliards de m³. Plusieurs bassins versants enregistrent une hausse notable de leurs taux de remplissage, dépassant les 50%.
Grâce aux précipitations enregistrées en mars, le barrage Al Wahda, le plus grand du Maroc, a vu son taux de remplissage grimper à 58,2% au 11 avril 2025. (Y.Jaoual/Le360)
Des bassins comme ceux du Loukkos, Sebou, Moulouya, Bouregreg et Oum Er-Rbia affichent des progrès significatifs grâce aux pluies de mars. Actuellement, le taux de remplissage des retenues de barrages du Royaume à la date de 10 avril 2025 est de 38,32%, soit 6,42 milliards de m³.
Taux de remplissage par bassin. (Source: Direction de l’hydraulique)
Bassin hydraulique | Taux de remplissage (%) |
---|---|
Loukkos | 61,66 |
Bouregreg et Chaouia | 59,50 |
Tensift | 53,37 |
Ziz-Guir-Ghris | 51,71 |
Sebou | 52,41 |
Moulouya | 41,26 |
Oued Noun | 29,76 |
Souss-Massa | 21,85 |
Oum Er-Rbia | 10,57 |
Un tel niveau n’avait plus été atteint au Maroc depuis septembre 2021. Le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah retrouve, par exemple, un taux de 61,86%, inédit depuis juin 2021, tandis que celui d’Oued El Makhazine atteint pour la première fois depuis avril 2020 sa pleine capacité, avec un taux de 100%.
Plusieurs systèmes hydrauliques menacés par des déficits l’été prochain ou à la fin de l’année se retrouvent désormais dans une situation plus confortable, avec l’assurance d’un approvisionnement stable au moins jusqu’à la prochaine période pluvieuse.
Quelle est l’évolution générale de la situation piézométrique des nappes phréatiques suite aux dernières précipitations?
La situation piézométrique à l’échelle nationale demeure caractérisée par une stabilité relative de certaines nappes, et une tendance déficitaire pour d’autres.
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Bien que les récentes pluies aient permis une recharge partielle par endroit de certaines nappes superficielles, principalement grâce à l’arrêt des pompages et à la recharge directe par l’infiltration, la situation des nappes profondes reste plus au moins stable à déficitaire. En effet, en raison de leur profondeur, l’infiltration des eaux reste un processus long et lent, ce qui limite une éventuelle récupération rapide.
En quoi la reconstitution de l’humidité des sols peut-elle influencer les besoins en irrigation?
Les récentes précipitations auront un impact significatif sur la production agricole, aussi bien dans les zones d’agriculture pluviale (dites zones bour) que dans les périmètres irrigués de la grande agriculture. Grâce à l’infiltration des eaux de pluie, la réserve utile des sols agricoles a été reconstituée, notamment au niveau de la zone racinaire, ce qui permettra de réduire les besoins en irrigation des cultures et d’atténuer la pression sur les nappes phréatiques et les barrages.
À Moulay Yaacoub, les pluies de mars renforcent les chances de réussite de la saison agricole. (Y.Jaoual/Le360)
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