Greffe de rein: le cadeau de la vie au CHU Ibn Rochd de Casablanca

Une équipe pluridisciplinaire de l'hôpital Ibn Rochd, composée de médecins de néphrologie, d'urologie et de réanimation chirurgicale, a réalisé avec succès, le 9 octobre 2023, une greffe de rein sur un enfant âgé de 16 ans.

Le 04/11/2023 à 15h19

VidéoLe 9 octobre dernier, une équipe pluridisciplinaire du centre hospitalier universitaire Ibn Rochd a réalisé avec succès une greffe rénale sur un enfant âgé de 16 ans. Récit.

Les héros ne portent pas toujours des capes. Parfois, ils mènent de grands combats dans le silence. Pour cet adolescent tangérois, ce combat a pris forme dans une salle d’opération. Sa vie était suspendue aux aiguilles de la dialyse, mais il a trouvé son salut dans une greffe de rein réalisée avec succès, le 9 octobre dernier.

Pour lui, mais aussi pour sa famille, ce n’était pas seulement une intervention chirurgicale, c’était une course contre la montre, un combat contre l’épuisement et une quête pour une normalité perdue. «Il se sentait fatigué tout le temps», confie la mère de l’adolescent, interrogée par Le360.

Les analyses avaient révélé un taux de créatinine alarmant, présageant une lutte à venir contre l’insuffisance rénale. Il fallait donc se tourner vers la dialyse, douloureuse. Et quand l’espoir d’une greffe a germé, la compatibilité familiale a fait défaut, sauf pour un cœur battant de générosité, celui de sa grand-mère âgée de 63 ans.

«Mon fils a commencé à ressentir une fatigue persistante, une sensation inhabituelle qui ne semblait pas s’estomper. Après une série d’analyses de sang, le diagnostic est tombé: son taux de créatinine était anormalement élevé. Cette nouvelle nous a frappés de plein fouet, car nous ne nous y attendions pas du tout. La perspective de séances de dialyse régulières, à raison de quatre heures, trois fois par semaine, était difficile à accepter pour lui. Heureusement, il y avait un espoir: la possibilité d’une greffe de rein», raconte la mère.

«Malheureusement, je n’étais pas compatible pour être son donneur, les résultats des analyses ne le permettant pas», se souvient-elle. Mais le destin s’est révélé clément dans sa rétribution. C’est la grand-mère du jeune patient qui est devenue son ange gardien en lui offrant une partie d’elle-même.

Le CHU Ibn Rochd a orchestré cette symphonie de la vie. Et c’est sous la direction de Pr Ghislaine Medkouri, cheffe de l’unité de dialyse et de transplantation rénale, qu’une équipe pluridisciplinaire, composée de spécialistes de néphrologie, d’urologie et de réanimation chirurgicale, s’est attelée à l’œuvre.

«L’intervention s’est déroulée sans le moindre accroc. L’enfant a rapidement retrouvé une fonction rénale normale, et ce processus s’est effectué sans la moindre complication. Il est important de noter que cette pratique est courante et bien établie depuis les années 90 au sein de notre service», explique la spécialiste.

«Les greffes se réalisent à une fréquence d’environ une fois toutes les deux semaines, bien que nous aurions souhaité pouvoir en réaliser davantage. Outre son efficacité clinique, cette intervention représente une solution économiquement avantageuse par rapport à la dialyse, tout en garantissant une meilleure survie à nos patients. Pour vous donner un aperçu, sur une période de dix ans, neuf patients sur dix qui ont subi une greffe de rein sont toujours en vie, tandis que la moitié des patients sous dialyse ne survivent pas. En termes de qualité de vie et de survie, la greffe demeure le traitement de référence pour l’insuffisance rénale», poursuit-elle.

Un manque de traitements préventifs?

Cependant, le récit ne serait pas complet sans ses nuances. Le soulagement de la greffe réussie s’accompagne également de la lutte pour sécuriser les médicaments indispensables au maintien de la santé de cet adolescent. Selon sa mère, trouver ces traitements «est actuellement une préoccupation majeure, car leur disponibilité joue un rôle crucial dans la gestion de la baisse d’immunité qui survient à ce stade délicat du processus médical».

Face à cette réalité, Pr Ghislaine Medkouri apporte une perspective professionnelle et rassurante, tempérant les craintes avec une dose d’optimisme réaliste: «Il n’y a pas de difficulté à trouver des médicaments, mais il y a des manques.»

Sa précision est importante: les traitements immunosuppresseurs, qui préservent la greffe des assauts du système immunitaire, sont disponibles sur le marché. Cependant, c’est la disponibilité des traitements préventifs qui constitue une préoccupation centrale, notamment des antiviraux essentiels pour protéger contre les infections opportunistes.

Par Miloud Shelh et Khalil Essalak
Le 04/11/2023 à 15h19