Importations de viandes rouges: voici comment les opérateurs espagnols répondent aux exigences du label halal

Des carcasses de viande rouge suspendues dans un abattoir. (photo d'illustration)

Des audits rigoureux, des certifications halal et une ambition affichée: les producteurs espagnols de viande rouge s’organisent pour répondre à la demande marocaine, sur fond de flambée des prix. Les détails.

Le 20/11/2024 à 10h43

La hausse incessante du prix des viandes rouges met à mal les budgets de plusieurs ménages marocains. Pour contrer cette inflation et réguler le marché, l’importation de viandes rouges fraîches et congelées de plusieurs pays, dont l’Espagne, a été autorisée. Parmi les conditions fixées: une certification sanitaire rigoureuse pour garantir la qualité et la sécurité des produits, et un label halal attestant de la conformité aux normes en vigueur.

Pour obtenir cette certification, les opérateurs doivent suivre un processus strict incluant une demande formelle auprès d’un organisme de certification halal, la réalisation d’audits approfondis de leurs installations et procédures, l’emploi de sacrificateurs musulmans qualifiés et la mise en place d’un système de gestion de la qualité conforme aux exigences religieuses et sanitaires. C’est ce que nous explique Saïd Ratbi Bali, General Manager de Halal Food & Quality, organisme de certification spécialisé dans le contrôle, la vérification et l’attribution de labels halal pour les produits alimentaires, basé en Espagne, et membre de l’Association nationale des producteurs de viande rouge dans ce pays ibérique.

«La certification halal est une étape clé pour accéder au marché marocain et plus largement au marché global halal», signale notre interlocuteur. Tout commence par une demande de certification formulée par l’entreprise. Une fois cette demande acceptée, un organisme de certification procède à un audit détaillé des installations et des processus d’abattage.

L’audit permet de vérifier que les infrastructures respectent les normes de propreté et d’hygiène. Les procédures d’abattage sont, par la suite, passées au crible. Chaque étape doit être conforme aux prescriptions religieuses, et l’intervention d’opérateurs musulmans qualifiés est obligatoire. «Seules des personnes de confession musulmane, dûment formées, peuvent effectuer l’abattage. Cela garantit que l’acte est accompli selon les principes religieux», assure Saïd Ratbi Bali.

«Un superviseur mandaté par l’organisme de certification est toujours présent lors de cette opération pour s’assurer que chaque animal est abattu conformément aux règles, notamment avec une invocation du nom de Dieu avant l’acte. Une seconde personne intervient lors de l’apposition du cachet, qui certifie que la viande est halal et apte à être commercialisée», détaille le General Manager de Halal Food & Quality.

«Chaque abattage est supervisé de près»

«Ce cachet n’est apposé qu’après une inspection minutieuse, garantissant ainsi aux consommateurs que le produit répond aux exigences religieuses et de qualité. Cette étape est essentielle, car elle scelle la conformité du produit et permet son entrée sur le marché marocain. Chaque abattage est supervisé de près», poursuit-il.

«L’Espagne, déjà un partenaire commercial de premier plan pour le Maroc, est bien positionnée pour répondre à la demande croissante en viandes rouges certifiées halal. Grâce à des certifications robustes et des standards élevés, les opérateurs offrent une solution crédible et fiable pour les importations marocaines», affirme notre interlocuteur.

Il rappelle d’ailleurs qu’une délégation espagnole, regroupant les principaux acteurs de la filière viande, s’est rendue la semaine dernière à Casablanca, Rabat et Tanger pour explorer les opportunités offertes par le marché marocain des viandes rouges. Elle était composée de représentants de 17 grandes entreprises, couvrant une large partie de la filière. Parmi eux, 90% des principaux producteurs de viande ovine et 70% des producteurs de viande bovine étaient présents.

Ces producteurs se distinguent par une approche intégrée de leur activité, maîtrisant toute la chaîne de production, depuis la culture des céréales pour l’alimentation animale jusqu’à la commercialisation de leurs produits finis, conclut Saïd Ratbi Bali.

Par Hajar Kharroubi
Le 20/11/2024 à 10h43